Certains romans vous accompagnent tout au long de votre vie. Pour moi, les Trois Mousquetaires fait partie de ces indispensables, qu'on relit régulièrement, qui nous font toujours autant palpiter et dont on regarde le dos avec amour lorsque l'on passe devant eux dans la bibliothèque. Ma première édition est en lambeaux tellement elle a été lue, relue, re-re-relue. C'était une édition bon marché, une « maxilivre » à 10FF à l'époque, elle a servi de bloc-notes, de cahier de brouillon, de support... elle a vécu entre les mains d'une gamine, puisque je n'étais pas bien vieille lors de ma première lecture, je me souviens que c'était en colonie de vacances. Je faisais du cheval toute la journée, et le soir après la veillée je retrouvais Athos, Porthos, Aramis, d'Artagnan ... A cette époque j'étais d'ailleurs amoureuse du Béarnais si impulsif, si droit, si juste... Les goûts évoluent, depuis une dizaine d'années je ne jure plus que par Athos, dans le genre beau brun ténébreux. Toute ça pour dire que ce roman a réellement fait partie de mon imaginaire, d'ailleurs l'un de mes chats aujourd'hui s'appelle Aramis (parce qu'il est fourbe).

Essayons de reprendre les choses dans l'ordre. Tout d'abord, qu'est-ce que ça raconte ? On commence dans une ville de province, Meung. Déjà, l'incipit donne envie de plonger dans le roman :

Le premier lundi du mois d'avril 1625, le bourg de Meung, où naquit l'auteur du Roman de la Rose, semblait être dans une révolution aussi entière que si les huguenots en fussent venus faire une seconde Rochelle. Plusieurs bourgeois, voyant s'enfuir les femmes du côté de la Grande-Rue, entendant les enfants crier sur le seuil des portes, se hâtaient d'endosser la cuirasse et, appuyant leur contenance quelque peu incertaine d'un mousquet ou d'une pertuisane, se dirigeaient vers l'hôtellerie du Franc Meunier, devant laquelle s'empressait, en grossissant de minute en minute, un groupe compact, bruyant et plein de curiosité.

Comment résister ? Comment ne pas avoir envie d'accompagner ces bons bourgeois vers l'hôtellerie du Franc Meunier pour voir ce qui s'y passe ? Et ce qui s'y passe, c'est d'Artagnan quittant son père et sa mère pour monter à Paris s'engager dans les Mousquetaires du Roy, ce n'est pas rien ! En chemin il se heurte à un homme fort désagréable et c'est le début des aventures pour lui : le roman ne s'arrête plus de courir jusqu'à la fin, voire même jusqu'à la fin du Vicomte de Bragelonne, 7 tomes plus tard (bon, ça dépend des éditions bien sûr, mais 7 est un joli chiffre).

De ce roman j'aime tout : les personnages, l'intrigue, les dialogues à rallonge parce que Dumas était payé à la ligne, la grandiloquence, la malice ... On y apprend des bribes d'histoire de France, on y observe la plus belle des amitiés ... Leur rencontre en elle-même est un miracle de littérature : en quelques pages on y découvre tout du caractère des quatre larrons : Athos noble et muet dans la douleur, Porthos vaniteux et entretenu par une femme, Aramis jusqu'au cou dans des histoires galantes. Et d'Artagnan ? Jeune, plein d'allant, courageux et probablement un peu téméraire ! Comment ne pas s'attacher immédiatement à ces personnages si différentes et à la fois si passionnants ?

Je ne peux que conseiller la lecture de ce roman, voire même de la série complète (Les Trois Mousquetaires, Vingt ans après, le Vicomte de Bragelonne). J'ai lu ici ou là que c'était fort mal écrit. Il est certain que Dumas ne cherche pas l'effet de style, mais bien plutôt le plaisir de ses lecteurs. Et, franchement, si tous les auteurs contemporains pouvaient écrire aussi mal que lui ...
Ninaintherain
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le 26 mars 2012

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