Parler d’un sujet aussi complexe que la mort cérébrale et le don d’organe semble tout sauf facile. Il faut de la nuance et de la retenue pour aborder cette transmission de façon honnête sans mettre les deux pieds dans un pathos mal venu et pénible.

Comment parler de la mort d’un jeune de 19 ans, une mort brutale, à laquelle personne ne s’attend et pour laquelle la famille n’a pas le mode d’emploi. Une mort qui pourrait aboutir au don d’un cœur, faire que tout ceci ne soit pas vain, que change le destin d’une vie en suspend. Au-delà de la douleur des proches, dans l’enceinte de l’hôpital, quels sont les acteurs de ce drame qui pourrait apporter paradoxalement autant d’espoir ?

Et là, c’est l’autre drame...

Car si les aspects techniques sont plutôt très bien décrits, pathologies et pratiques (vérification faite avec une professionnelle), les acteurs de cette pièce – le roman fait très souvent penser à une pièce de théâtre- sont dignes des pires téléfilms, tous des caricatures ambulantes. Chargés de leurs valises de stéréotypes vous croiserez à la lecture :
- L’infirmière, sexy et un peu paumée mais brave quand vient l’heure du devoir
- Le chef de service, un con imbu de lui-même que tout le monde admire, il sauve des vies !
- L’infirmier coordinateur, un peu poète, un peu rêveur qui s’évade dans la pratique du chant (sur son lieu de travail également) pour tenir le coup face à la douleur des familles
- L’interne, futur crack de la chirurgie qui ne pense qu’à détailler l’externe (le quartier de viande) qui l’accompagne, ferait-elle une partenaire sexuelle convenable ?
- Si je n’en donne pas les détails, les différents « civils » sont tout aussi caricaturaux

Donnez le meilleur des scénario aux plus mauvais acteurs et le film sera raté. Cela aura été mon reproche principal lors de la lecture. Quel dommage pour un roman qui malgré un style auquel je n’adhère pas, un peu ampoulé, un peu pédant dans l’amoncellement de termes et d’adjectifs, trouve la distance nécessaire et transmet des sentiments et des sensations palpables par certains moments.

Le roman se lit aisément et si son grand succès d’édition peut donner un aperçu de la pratique et des questions posées par le don d'organe et ainsi faire évoluer l'opinion publique, c’est déjà un grand bien. N’en attendez pas plus. 6/10
Nanash
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le 26 nov. 2014

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Nanash

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