Harry, c’est fini ! Eh oui, après vingt ans au service d’un univers extraordinaire sorti tout droit de son imagination, JK Rowling décide de tourner la page avec comme premier roman post Potter un pavé de 700 pages qui sont une fois encore le parfait reflet de son esprit traumatisé.

Nous sommes à Pagford, une petite ville anglaise charmante où le conseiller paroissial meurt prématurément d’une rupture d’anévrisme. S’en suit alors une lutte pour reprendre le flambeau.

Avant d’être riche comme Crésus, JK Rowling a connu les pires galères qui ont tout d’une chienne de vie. On retrouve toutes les cicatrices de cette existence à travers les Harry Potter. En effet, le jeune Harry est orphelin, il vie chez un oncle indigne et se retrouve au centre d’une prophétie pas cool dont la Mort en personne aimerait se débarrasser. Un beau destin de merde bien lourd à porter.

L’univers fantastique de Poudlard n’existant plus, Pagford est le seul théâtre du livre. Comme chez les Dursley, la réalité est moche et les gens plus détestables que jamais. Tout ce qui fait le mauvais de l’être humain se retrouve dans les personnages qui sont amateurs de ragots, immatures, égocentriques, racistes, psychologiquement instables ou « simplement » drogués. Une fourchette impressionnante qui ferait passer la race humaine pour irrécupérable si des extraterrestres se mettaient à nous analyser à travers le roman.

Quelques adolescents tentent de se faire une place dans ce monde glauque mais cela n’est pas sans conséquence sur eux. Ils sont le fruit de leurs parents et même s’ils essaient d’échapper à tout cela, leurs instincts profonds les rattrapent.

L’histoire n’a pas de quoi donner le sourire non plus, la mort tragique du conseiller Barry Fairbrother a lieu dès les premières pages. Derrière, il se passe les pires immondices tels que du taillage de veines, des enfants battus et même un viol. Rowling se lâche également avec pas mal de détails douteux sur les réactions/actions intimes des personnages.

Cette ode à la déprime s’avère par contre très aisée à lire. Le style de l’auteur est toujours là, extrêmement lisible et coulant de source. Peut être pas autant accrocheur que sur les Potter mais le sujet est ici tout autre. Même remarque sur l’univers qui profite aussi d’un niveau de détails stupéfiant. La ville imaginaire de Pagford est très précise dans l’esprit de Rowling à la rue près, pareil pour les personnages qui sont tout à fait identifiables et suffisamment détaillés pour s’y attacher (ou pas du tout !!). Quelques paragraphes auraient même pu être retirés tant ces détails sont nombreux.

La catharsis de JK Rowling n’est visiblement pas terminée. Une Place à Prendre est déprimant, la faute à ses personnages terriblement écœurants d’hypocrisie, de méchanceté et de non dits. Pour autant, le style est fluide pour narrer une histoire tout à fait claire dans un univers reconnaissable. En utilisant l’alibi du roman pour adultes, l’auteur s’abandonne encore plus sur les méfaits de notre société et les intrigues minables qui structurent la vie et la pensée de certaines personnes. Une sacrée tarte dans la gueule des optimistes et des gens qui croient un tant soit peu en l’humanité.
ZéroZéroCed
6
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le 28 oct. 2013

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ZéroZéroCed

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