Les zombies. Le thème a été si souvent traité au cinéma, en littérature et dans les jeux vidéos qu'il en est devenu un véritable mythe. En la matière, on aura donc tout vu et tout lu : du très gore, du très angoissant, de l'épique, du tragique, du dérangeant. Beaucoup de navets, il faut le dire.
Là où réside l'intérêt de "World War Z" c'est de renverser la perspective. Les zombies en eux même ont peu d'intérêt : toujours aussi décérébrés, lents et dangereux. Du classique. La fin du monde n'est pas non plus l'enjeu : c'est un simple point de départ et à vrai dire, ce n'est pas le plus important. Non, le vrai intérêt c'est la façon dont les êtres humains réagissent à cette catastrophe, les êtres humains dans toute leur diversité.
Pour une fois en effet, on échappe à la vision américano-centrée du genre "je prend les armes dans mon placard à sous vêtements et je me rends au centre commercial le plus proche à bord de mon pick-up" et on se pose des questions plus intéressantes : quels ravages feraient les zombies dans un township d'Afrique du Sud ? Dans des îles du Pacifique ? Dans le métro parisien ? L'auteur décrit ainsi comment la Chine étouffe l'information, comment Israël s'abrite derrière ses murs, comment la Corée du Nord s'enferme dans des bunkers...etc. La forme choisie, celle de témoignages, multiplie les angles d'attaque. Elle permet aussi un va et vient intéressant dans le temps, entre souvenirs des personnages et situation d'après-guerre. Bref, un roman qui mérite le détour, même si ce n'est pas (seulement) pour ses zombies.