American Horror Story par LuluCiné

Le nom de Ryan Murphy vous dis quelque chose ? Les accrocs à Nip Tuck savent de quoi il en retourne avec le papa de la série, mais au premier abord je n'étais pas tenté par l'expérience du macabre jumelé avec les problèmes d'une famille américaine.
Ce qui m'a fait flancher reste cette mise en scène attirante et ce côté Burtonien de maison hantée.
Pour une première saison je dirais pas si mal. Il est clair que vous aimez en crescendo.
En même temps quand on commence une série par une maison hantée et un meurtre d'enfant, moi je saute à pieds joints.
Pas facile pourtant de croire que l'angoisse prendra dans tout les épisodes, d'ailleurs la série met plus l'accent sur l'histoire horrifique de la maison que sur le suspense infligé aux spectateurs, il vous arrivera rarement de sursauter. En revanche pour ceux qui aiment les histoires hantées c'est la série idéale car la maison révèlera son passé épisode par épisode.
Oui mais la famille que vient-elle faire la dedans, me direz vous. Le fait est qu'on ne peut pas aborder la saga d'une maison sans passer par des personnages récurrents qui rassurent le spectateur. C'est pourquoi vous apprendrez à aimer cette famille pour qu'elle prenne possession des lieux.
J'ai adoré cette maison abritant des histoires toutes aussi horribles les unes que les autres, l'évolution des personnages est plutôt osée et chaque fantôme a sa part d'ombre ou de bonté.
Mais j'y ai surtout vu une série typiquement américaine avec des valeurs républicaines, parti pris ou dénonciation, de l'histoire de l'Amérique.
Entre l'avortement diabolique, les meurtres en tout genre qui ont défrayés la chronique, le racisme, l'homophobie ou le côté carrément mormon difficile de ne pas y voir un état des lieux de l'Amérique.
Le tout psychanalysé à la sauce Hollywood et son star-system autour de la déconstruction de la famille.
Rare sont les allusions au diable ou à dieu et heureusement, on se cantonne à cette maison qui couve en son sein bonnes et mauvaises âmes.
Pour la mise en scène le style film d'horreur est bien présent, sans oublier l'épisode spécial Halloween, et quand on aime ce style autant être servie. Je ne m'y suis jamais ennuyée et attendais avec impatience que la maison nous révèle ses secrets.
On aborde bien sur tout les thèmes chers au mythe, que ce soit dans la folie, le fantôme errant, ou encore la vengeance.
Le rythme du montage sait donner un sens aux séquences effrayantes et la réalisation de chaque massacre reste dans la lignée du genre.
La série ose parier sur la singularité, il n'est pas forcément question d'une suite, ce qui donne à la saison l'audace de son ambition d'aller jusqu'au bout de son histoire.
J'adhère d'ailleurs à l'épisode finale en forme d'épilogue, trop rare, pour nous permettre d'explorer plus le devenir des habitants.
J'ajoute que Jessica Lange m'a bien scotché dans ce rôle de femme au passé intriguant mais qui ne se laisse pas abattre bien qu'elle soit tordue nous somme d'accord.
N'en reste pas moins une série innovante, qui se devait bien d'avoir une fin mais qui a réussi à ne pas s'engouffrer dans l'appétit du succès, et de respecter ses douze épisodes en créant une histoire de fantômes, de maison hantée plantée dans une sociologie américaine.