The Heroic Legend of Arslan
6.9
The Heroic Legend of Arslan

Anime (mangas) MBS (2015)

J’aurais aimé vous accueillir sur cette critique par un petit synopsis. Vous auriez lu qu’il s’agit de l’histoire d’un prince héritier qui doit reconquérir son trône après la cuisante défaite de son père. Par chance, ça vous aurait peut-être intrigué. Vous auriez eu envie d'en savoir davantage, vous délectant de ces péripéties exotiques dans un Proche-Orient fantastique. Mais franchement, je n’en ai plus la force. Le véritable synopsis d’Arslan, c'est une surenchère permanente de conneries dans un plot absurde par des personnages complètement abrutis.


Tout avait bien commencé sur le papier, pourtant. L’anime est adapté d’un manga d’Hiromu Arakawa (Full Metal Alchemist), lui-même adapté d’une série de romans de Yoshiki Tanaka (les Héros de la Galaxie) : la combinaison du travail de deux maîtres du genre. Une valeur sûre, quoi. C’est donc pétri d'une indolence soignée que j’avais lancé le premier épisode d’Arslan, sans imaginer un instant qu'il s'agissait du début d'un cycle de souffrances et de hate watching qui ne devait prendre fin que des années plus tard.


L’épisode 1 accueille le spectateur sur une scène de bataille représentative de la cohérence générale de l’œuvre. On admire cette armée mal animée où s’alignent des rangées de cavalerie, derrière des rangées d’infanterie, derrière des rangées de cavalerie, derrière des… attendez, comment ils sortent les cavaliers ? On assiste circonspect à la téléportation d’un canyon entier après deux heures de brume, qui provoque la débâcle de l’armée des gentils parce que ses soldats sont magnétiquement attirés par ce trou - sorte de pulsion de mort collective. On finit par observer avec horreur une charge de cavalerie contre les palissades d’un fort, anéantissant un régiment complet dans un déni fanatique de la réalité. Le coup fatal provient du narrateur, qui ne manque pas de nous rappeler qu’il s’agit de la meilleure armée au monde, plongeant le spectateur dans un abîme de relativisme dont il ne ressortira jamais.


À partir de là, une sorte de routine de la médiocrité s’installe. Les mecs parviennent à créer des éboulements avec une précision chirurgicale, mais sont infoutus d’envoyer des éclaireurs vérifier s’il n'y aurait pas, par hasard, une embuscade dans un canyon. Le faucon d’Arslan, sorte de gros pigeon glorifié, décide de se barrer sur un coup de tête pendant 15 épisodes vivre sa vie #yolo. Les méchants monothéistes capturent la capitale du royaume en demandant gentiment aux esclaves de se rebeller de l’autre côté des murailles (ce qu’ils font, parce qu’ils sont super sympas). Lord Étoile, qui n’a absolument aucun intérêt, foire toujours son déguisement en garçon parce que cette cruche n’a jamais pensé à se couper ses putains de cheveux longs.


Mais même dans cette routine crasse, on assiste à des instants de grâce. Comment ne pas parler de cet arc avec les Indiens ? Ce chef qui trahit 15 fois Arslan, qui le pardonne constamment parce qu’il est au moins aussi sympa que ces vendus d’esclaves. Son assassin super badass qui rate invariablement ses tentatives d’étriper le prince ; et qui finit même par devenir son pote, plus par pitié qu’autre chose. Enfin, ce point culminant où l'on contemple, l’air hagard, un duel à cheval sur le dos d'un éléphant. Non, vraiment. À cheval. Sur un éléphant. La logique ne s'en est jamais totalement remise. On peut le lire dans les yeux des personnages : eux-mêmes savent qu’ils sont allés trop loin.


Et parlons-en de ces personnages. Comment en est-on arrivé à ce paquet de relations malsaines sans aucun sens ? Le serviteur de Narsus passe pour un esclave sexuel, et boude carrément quand son maître ramène une gamine qui prétend être sa femme. Tous les personnages masculins du groupe gravitent autour d’un Arslan efféminé au possible, chacun y allant de sa petite proposition à double-sens pour faire tourner l’économie du yaoi. Je n’évoquerais même pas l’épéiste borgne, surdoué, chef de cavalerie, avec une arme géante, qui s’habille en noir, mais qui n’est pas du tout Guts, hein.


Arslan est moche, mal animé, et sans aucun sens. Le grand méchant utilise ses pouvoirs de téléportation à base de magie noire aux pires moments possibles, et oublie de tuer ses ennemis quand il les a vaincus. Le héros se rend compte au 22ème épisode qu’entraîner ses troupes les rend meilleures au combat, sous l’admiration de ses officiers devant tant de talent et d’intelligence. La stupidité constante dans laquelle baigne cet anime n’échappe pas aux personnages, qui se mettent à déclarer n’importe quoi, comme la milf du groupe : « Leurs flèches ne peuvent pas m’atteindre », seule dans une salle remplie d’archers. Et quand on regarde la trajectoire des flèches, en effet, ces connards tirent absolument n’importe où, jusqu’à viser un escalier où il n’y a strictement personne.


Même le fond idéologique parvient à être puant, avec une justification de la guerre plus que louche, et une indifférence totale des pertes tant qu’elles ne font pas partie du casting (ce qui n’arrive jamais). En conclusion, Arslan, c’est la rigueur historique d’un Dynasty Warriors, couplé avec le réalisme des combats d’un Fire Emblem, le tout sur un role-play de Mount&Blade qui aurait continué après le suicide du MJ.


D’ailleurs c’était moi le MJ. Adieu.

Antigoomba
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le 18 nov. 2015

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