Une série SF très courte (2x3 épisodes d'une heure environ) qui vaut vraiment le coup d’œil, sur un format 1 épisode = 1 idée, un peu comme feu "Au delà du réel".
Black Mirror est une série passionnante dans le sens où elle parvient à interroger très finement les rapports entre la société et la technique sur des thématiques scientifiques actuelles, assez pointues, liées aux NBIC (Nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives). Chaque épisode met en lumière et à disposition du grand public dans un message assez clair les limites des idées du courant de pensée transhumaniste, idéologie âprement défendue par la moitié de la Silicon Valley. Il y a de quoi donner le vertige.
J'ai particulièrement apprécié l'épisode 3 de la saison 1 qui pose des questions sur le droit à l'oubli -un problème que Google, fer de lance de l'idéologie transhumaniste, combat activement- , cette conservation infinie de données qui repose sur l'infaillibilité de la mémoire informatique et les problèmes que cela pose à l'humanité, dotée d'une mémoire faillible à plus ou moins long terme. Elle interroge sur les dérives liées aux outils qui possèdent ce genre de mémoire infaillible et s'aventure jusqu'aux problématiques liées au tracking/monitoring personnel.
L'exceptionnel épisode 1 de la saison 2 se concentre quant à lui sur une critique des projets comme Calico(Google), ces projets qui vise à "tuer la mort", ici en créant des artefacts fragmentaires de la personne disparue. Le propos est assez puissant, sans doute mon épisode préféré par ailleurs.
La mise en scène plutôt austère offre l'avantage de donner un ton réaliste à l'ensemble. On est vraiment à l'extrême opposé des séries américaines qui comptent sur la surenchère visuelle et les effets de style pour appâter le spectateur, en proposant souvent beaucoup moins de matériaux pour alimenter la réflexion.
Bref, la meilleure série SF que j'ai pu voir, à ne surtout pas rater si vous vous intéressez un tant soit peu à ces problématiques actuelles.