House of Cards
7.6
House of Cards

Série Netflix (2013)

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La série de Beau Willimon a pour première qualité d'avoir un nom qui la reflète parfaitement. Dans une telle structure, chaque étage dépend d'un autre pour être maintenu. Et ces niveaux comportent de moins en moins de cartes jusqu'à s'élever à un dôme d'une seule. Il faut retirer délicatement une carte sinon tout s'écroule. Une métaphore classique qui décrit bien les interdépendances d'un gouvernement.

Mais House of Cards aurait pu tout aussi bien s'appeler "Politics Poker". Car c'est une vraie partie de poker politique qui est présentée. Frank Underwood, royalement interprété par Kevin Spacey, en est l'initiateur. Trahi par l'homme dont il a porté la campagne électorale, il va orchestrer une vengeance déjà passionnante sur ces 13 premiers épisodes.

Impossible en effet de résister à ce pilier du congrès Américain, fin stratège et manipulateur de talent. Il maîtrise les échanges de bons procédés, commandite les coups bas et imagine les bluffs. Il sait autant diviser que coopérer pour mieux régner. Cynique et terriblement intelligent, il est le genre de personnalité dont les moindres faits et gestes fascinent.

En faisant s'adresser Frank Underwood directement au spectateur, le réalisateur manœuvre judicieusement. Une complicité immédiate s'instaure. Autre avantage de cet aparté, le public décrypte plus facilement l'hypocrisie ambiante de la Maison Blanche et n'est jamais largué. Les intrigues ont leurs zones d'ombres mais sont parfaitement visibles. Une prouesse pas toujours évidente à réaliser puisqu'il s'agit d'un thème qui nécessite un degré de réalisme parfois proche du documentaire.

L'audience relayée au rang d'élève, ne dépassera sans doute jamais le maître mais va comme lui tenter d'anticiper les événements à venir. Le suspense, prenant, amènera fréquemment des qui va trahir qui, des pourquoi et des comment. Sur ce sujet, il n'a ainsi rien à envier à Game of Thrones.

Par le regard d'un héros qui n'a aucune morale sinon celle de ses ambitions, la critique de la sphère diplomatique est palpable. Elle manque peut-être d'un peu de complexité. Est fustigé ici un corps de représentants schizophrénique, se réclamant de la fraternité et de l’honnêteté au grand jour, mais corrompu et cupide entre deux portes. Une image négative qui sera néanmoins nuancée : ceux qui veulent conserver leur dignité et servir le peuple, ne survivent pas. Les musiques, très cinématographiques, viennent donner un cachet supplémentaire à ce paysage noir.

L'opinion publique s'y immisce aussi. La journaliste Zoé Barnes, mimée avec brio par Kate Mara, est là pour le représenter. Lorsqu'il s'agit de conquérir les masses, la presse fait véritablement ici la pluie et le beau temps. Une déclaration peu réfléchie peut enterrer la carrière d'un politicien. Si le papier se fera l'écho des scandales et l'expression d'une certaine éthique, il peut s'avérer pervers. Toujours à l’affût d'un scoop, la rédactrice cherche d'abord le sensationnel afin d'obtenir le succès. Un trait qui offre un rapprochement intéressant avec le protagoniste principal.

Bien mené et remarquablement arrangé, House of Cards donne nettement l'impression d'avoir toutes les cartes en main pour séduire. Même pour ceux qui n'y sont pas habitués, c'est une table autour de laquelle il faut jouer.
JulianDesjardin
8
Écrit par

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le 1 sept. 2013

Critique lue 578 fois

4 j'aime

JulianDesjardin

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4

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