Revolution
4.7
Revolution

Série NBC (2012)

C’est étonnant, incompréhensible même, de voir des séries comme Revolution renouvelées pour une seconde saison. Un contexte de science-fiction, post-apocalyptique – une Terre où l’électricité a "disparu" depuis quinze ans – avec J.J. Abrams et John Favreau en producteurs exécutifs, c’est tout de même assez aguicheur. Revolution aborde ainsi la dépendance de l’humanité vis-à-vis de cette source d’énergie, et ce qu’il adviendrait si on venait à en être privé indéfiniment. Ça rappellerait presque le film Clones, avec Bruce Willis. Mais là n’est pas le sujet puisque la série, en plus de ne pas être des plus concluantes, a subi un planning de diffusion bordélique avec quatre mois de hiatus entre les dix premiers épisodes et les dix suivants, de quoi complètement l’oublier entre temps car si Revolution a pu marquer sur sa première moitié, c’était principalement pour sa niaiserie.

Cependant, m’est avis que cette coupure anormalement prolongée n’a pas été anodine suite à la réception critique très mitigée du début de la série. Enchaînant les clichés en pagaille, Revolution prend rapidement un style kitsch d’heroïc fantasy avec la protagoniste qui entame sa quête et récupère de fidèles compagnons en chemin. La musique est pompeuse et ennuyeuse et la réalisation banale et formatée ; les effets spéciaux (mate paintings principalement) ont au moins le mérite d’être réussis, à l’inverse d’un Terra Nova, par exemple. Les incohérences sont également nombreuses, parmi des situations burlesques sans intérêt qui "gâchent" des épisodes entiers, et plusieurs révélations et rebondissements très prévisibles tellement la série tourne au tire-larmes et bons sentiments américains.

Si on rentre très vite dans le vif du sujet (le blackout) – qui pose ainsi les questions majeures de l’intrigue : "qui sont les responsables ?" et "comment est-ce arrivé ?" – le premier épisode a aussitôt fait de se prendre les pieds dans le tapis avec une ellipse de quinze ans bien foireuse. Ainsi ce laps de temps est gardé en réserve pour être parcouru tout au long de la série par le biais de flashbacks. À l’image d’un Memento, en fait, pratiquement chaque épisode est garni de ces moments passés, généralement liés aux évènements présents qui se déroulent et permettent d’apporter une autre perspective sur les actions des personnages, tout comme de mettre petit à petit le doigt sur le déroulement global des évènements autour de ce fameux blackout. Si choisir ce type de construction est intéressant – The Event avaient essayé avant de jeter l’éponge – les scénaristes en jouent quand même en comblant cette ellipse à leur temps, de la façon qu’ils veulent. Par ailleurs, si cette avancée de quinze ans en quelques secondes, dans le premier épisode, met en lumière l’évolution de la Terre où la nature redevient dominante, le vieillissement des acteurs n’est clairement pas cohérent – on finit par s’y faire.

Tout comme au jeu très relatif des acteurs. Comme pour Falling Skies, au bout d’une quinzaine d’épisodes, on s’y habitue. Ils ont beau jouer leur rôle, certains avec plus de conviction que d’autres, la crédibilité n’est pas souvent au rendez-vous, au contraire des constantes exagérations d’expressions qui donnent vraiment un côté amateur à l’ensemble. Notamment avec les premiers combats à l’épée nanardesques de Miles Matheson, qui devient tout de même un personnage bad-ass, interprété par Billy Burke. Par contre, la protagoniste Charlie, jouée par Tracy Spiridakos est pas mal tête à claque, et on s’y attache difficilement. Pareillement, Elizabeth Mitchell, qui était excellente dans V, est juste très moyenne et poussive en tant que Rachel Matheson. Zak Orth, qui joue un cadre de Google, est bien inutile. Le sournois Randall Flynn se trouve un bel archétype en l’acteur Colm Feroe même si on s’attendait à un rôle plus féroce à son apparition. Giancarlo Esposito donne son visage au Major Tom Neville, impartial et craint. Et l’antagoniste principal, le Général Sebastian Monroe, David Lyons l’interprète très bien, arrivant à lui donner un côté humain sympathique derrière son imprévisibilité.

Un des défauts majeurs de Revolution est qu’elle installe beaucoup trop de cliffhangers dès le départ par rapport à la qualité de ce qui est proposé autour. Ce qui fait qu’on se retrouve avec pas mal de questions qui ne trouveront leur réponse que très tardivement, et très peu de bagage pour intéresser en contrepartie. D’où l’aspect lourd et gauche de la série. Les créateurs donnent en effet l’impression de ne pas avoir de scénario d’ensemble, gardant une liberté pour pouvoir gouverner en cas de soucis et broder au fur et à mesure. Entre (r)évolutions d’intrigue mystérieuses, flashbacks inutiles, et surnombre d’épisodes de remplissage, pauvres en contenu, la série est constamment nivelée par le bas, surtout à l’approche du dixième épisode (la ville d’enfants risible, les hallucinations pour le mélo,…). De ce fait, avec les interrogations qui restent en suspens, Revolution frustre, et son finale de mi-saison réenclenche le même scénario que dans le premier, à l’exception d’un ou deux éléments supplémentaires. Autant dire que cette première moitié était loin d’être fascinante, ni tentante pour poursuivre le show.

C’est pourquoi on a clairement l’impression que les scénaristes ont suivi une formation intensive pendant quatre mois, puisque la reprise s’est faite sur du très bon, avec un nouvel arc qui aurait pu être exploité bien plus tôt en fin de compte. Ah, ces Américains et leurs audiences… Ce retour en bonne et due forme se confirme au fil des semaines avec des épisodes 13 et 14 d’excellente facture – les meilleurs de la série – qui approfondissent sur les mystères entourant cette perte d’électricité, tout en alignant des rebondissements efficaces, et en parvenant à garder l’intérêt, bien plus que les dix premiers épisodes réunis. Même si cette rupture d’évolution scénaristique semble parfois étrange et en total décalage avec le monde présenté jusqu’alors. Il demeure évidemment des écueils (on ne se relève pas si facilement), surtout à l’approche du finale où la tension est nourrie et repoussée avec de grandes lignes de réponses histoire de conserver le spectateur jusqu’à l’épisode 20, qui a clairement la teneur d’une clôture de série, bien qu’il amasse incohérences et facilités ; il reste fidèle au début comme ça.

En somme Revolution, en dépit d’une seconde moitié qui a su remonter la pente, demeure un show moyen bourré d’amateurisme qui a eu un démarrage assez catastrophique en termes de qualité. La série a tout de même le mérite d’apporter toutes les réponses avant de s’achever, contrairement à d’autres qui cherchent juste les prolongations bancales. Par ailleurs, le cliffhanger final présente de nouvelles perspectives, très bien amenées, pour pouvoir développer une seconde saison. Toutefois, avoir prévu plus de vingt épisodes semble excessif, à moins que les scénaristes en aient sous le pied.
AntoineRA
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le 19 sept. 2013

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AntoineRA

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