SensCritique
Cover Les meilleures BD de 2021

Liste de

31 BD

créee il y a plus de 2 ans · modifiée il y a 4 mois

Le Chœur des femmes
8.1
1.

Le Chœur des femmes (2021)

Sortie : 23 avril 2021.

Roman graphique de Martin Winckler et Aude Mermilliod

fan_2_mart1 a mis 8/10.

Annotation :

Œuvre sensible évoquant le parcours d'une jeune interne en gynécologie, bonne élève amenée à remettre en question certains dogmes médicaux - notamment ceux ayant tendance à reposer sur l'asymétrie abusive de la relation médecin-patient(e) et celles ayant trait à la simple empathie vitale. En fait, ce bouquin m'a rappelé souvent de longues soirées de discussion avec un couple d'amis, médecin et gynécologue, et rappelle en sous main que la médecine, au delà de l'expertise évidente, est l'affaire de tous. Ouvrage salutaire, donc, qui se permet également d'amener, sans dogmatisme ou moralisme forcené, des questions telles que l'intersexualité. Si le récit peut sembler assez classique (une relation conflictuelle virant à l'amitié entre l'interne et son tuteur), celui-ci ne ménage pas pour autant quelques beaux élans émotionnels : le cœur n'est pas qu'un simple organe à pomper le sang. Visiblement documenté (adapté d'un roman de Martin Winckler), implicitement bouleversant.

Le Jeune Acteur, tome 1
7.7
2.

Le Jeune Acteur, tome 1 (2021)

Sortie : 4 novembre 2021.

Roman graphique de Riad Sattouf

fan_2_mart1 a mis 8/10.

Annotation :

Rien à faire, Sattouf, bédéiste le plus bankable du game, reste impérialement drôle. Justement, parce qu'il sait décrire le réel avec minutie, décortiquant les moindres détails risibles des relations humaines, moins comme un stand-upper qui forcerait les vannes à la manivelle, mais comme un naturaliste du XIXème. Aimant pas mal le cinéma et beaucoup Vincent Lacoste, je me suis plongé avec délectation dans cette bédé drôlatique qui dévoile l'envers du tournage tout en s'attachant à un personnage d'ado à la fois caractéristique et tout à fait unique, comète du cinéma français faisait d'ailleurs, ce mois-ci, la couv' des Cahiers du Cinéma.

Oleg
7.5
3.

Oleg (2021)

Sortie : 14 janvier 2021.

Roman graphique de Frederik Peeters

fan_2_mart1 a mis 8/10.

Annotation :

De Peeters, je n'avais lu que Pilules Bleues, il y a un bail désormais, et que j'avais, je crois, pas mal apprécié. Je le retrouve avec Oleg sans grand à priori, et finalement en grande forme, c'est-à-dire dans celle des mauvais jours en ce qui concerne le dessinateur suisse. Oleg, c'est un pseudo, un anagramme, et les pistes sont bien sûr brouillées, mais on sent se télescoper avec cette classique histoire de panne d'inspiration artistique, pas mal de problématiques personnelles. Servi par un trait absolument somptueux, creusant le noir dans un magma à la fois délirant et ancré dans un réalisme des plus anxieux, Oleg bouscule un peu le lecteur. Ouvrant les vannes des doutes, plaçant sa propre légitimité culturelle, morale en balance, dévoilant son émoi intérieur pour mieux critiquer son nombrilisme (myopie qui l'empêche de sentir la souffrance de sa compagne, ou, pire, de voir qu'il l'exploite à ses propres fins créatrices). Une très belle bédé, parce que foutraque, imparfaite, vibrionnante. Comme un légo, avec des dents, comme un légo avec des tripes.

Le Monde sans fin
7.7
4.

Le Monde sans fin (2021)

Sortie : 29 octobre 2021.

BD (divers) de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain

fan_2_mart1 a mis 8/10.

Annotation :

Fort instruit, intéressant et pédagogique sur les concepts d'énergie et quelques solutions possibles ou non pour tenter de juguler. La mise en image espiègle et socratique de Blain sied bien à la pédanterie éclairée de Janco, parfois un peu péremptoire (Tchernobyl et Fukushima quand même assez minimisées même si), parfois un poil de mauvaise foi sous couvert d'approche techno-scientifique. Mais néanmoins une lecture indispensable pour piger qu'il nous FAUT aller vers la décroissance et, pis aller, arrêter de se leurrer sur tant d'énergies dites "renouvelables" sans remise en cause de notre modèle de société (et, pour colmater, du nucléaire, ok).

Le Grand Vide
7.3
5.

Le Grand Vide (2021)

Sortie : 20 août 2021.

Roman graphique de Léa Murawiec

fan_2_mart1 a mis 7/10.

Annotation :

Idée foisonnante, qui ne sera pas sans déplaire au Pacôme Thiellement d'Infernet, celui qui dit que les réseaux sociaux, reposent sur l'influence, et que l'influence, c'est la magie. Le Grand Vide, on le comprend au fil de cases pop inventive, aux perspectives élancées, décrit un monde au sein duquel la durée de vie est directement corrélé à la popularité liée à notre nom. Critique amusante des diktat des réseaux sociaux, portées par une fougue graphique détonnante et des gags nerveux.

Mégafauna, tome 1
7.1
6.

Mégafauna, tome 1 (2021)

Sortie : 3 mars 2021.

BD franco-belge de Nicolas Puzenat

fan_2_mart1 a mis 7/10.

Annotation :

Une uchronie dont l'idée centrale me semble plutôt originale : Puzenat imagine un Moyen-Âge au sein duquel cohabiteraient deux races humaines, Sapiens et Néandertal. Séparé par une vaste muraille, interconnectés par des forces aussi antagonistes que la guerre et le commerce, les deux espaces coexistent. A travers le périple d'un jeune médecin, Mégafauna se révèle une très belle exploration de l'altérité, foncièrement anthropologique : il y est question de mythologie et de croyances différentes, et aussi d'intersexualité divergente. Dur bien sûr de ne pas inscrire l'ouvrage dans son époque, tant y suintent des problématiques contemporaines bien plus que médiévales (l'épuisement des ressources écologiques, mais aussi la théorie du genre, donc). Le trait pourra évoquer Blain, et, dans un registre plutôt à l'ancienne se révèle très plaisant, mais la fin un peu abrupte demeure frustrante, tant on aurait aimé voir développer sur un second tome ce monde tout juste effleuré.

Tunnels
6.9
7.

Tunnels (2021)

Sortie : 27 janvier 2021 (France).

BD (divers) de Rutu Modan

fan_2_mart1 a mis 7/10.

Annotation :

Une bédé israëlienne, tiens ! Et qui traite, au moins un peu, en filigrane, de la question palestinienne, ça c'est nettement moins surprenant. L'axe choisi, néanmoins pardonne : on y suit, dans une ligne claire assez Hergé, une archéologue s'investir dans le creusement d'un tunnel permettant de mettre hypothétiquement la main sur l'Arche, artefact sacré du peuple juif. Sur ce tunnel, se greffent donc plusieurs enjeux : déjà celui de qui récupérera l'Arche, entre l'amateur d'Art financeur de l'expédition, les colons intégristes s'inscrustant dans la fouille, puis des palestiniens croisés par hasard... creusant eux-même un tunnel de contre-bande. Avec humour et légèreté (l'art des running gag : la batterie du smartphone sur lequel joue le jeune doc, les citations bibliques du rabbin-colon...), Tunnels crée des liens entre les sujets, reconfigure les figures du présent avec une légèreté parfois jubilatoire (le mesquin directeur du service archéologie, embrigadé par... Daesh).

Chroniques de jeunesse
6.8
8.

Chroniques de jeunesse (2021)

Sortie : 27 janvier 2021 (France).

BD (divers) de Guy Delisle

fan_2_mart1 a mis 7/10.

Annotation :

Comme le titre l'indique, le dessinateur québecois Guy Delisle revient dans cet ouvrage sur un souvenir de jeunesse l'ayant visiblement marqué : celui d'étés passer à bosser à l'Usine de son père, découvrant pour quelques temps un monde du travail auquel il rend ici un hommage ethnographique. Avec un trait simpliste (pour ne pas dire grossier), Delisle semble vouloir aller droit au but, décrivant avec une minutie limpide le fonctionnement des machines, leur effets sur les corps et les esprits de ceux qui y bossent. Sans grande théorisation abstraite, mais avec l'affect et le souvenir d'un jeune étudiant découvrant ce monde parallèle, hors de nos vues. A l'instar de cette relation avec un paternel absent et fuyant, avec qui il est compliqué de parler vraiment - Chroniques de Jeunesse narre aussi en sourdine cette frustration filiale. Sans grande prétention artistique, une bédé qui a le mérite de dévoiler l'invisible, essayant de poser des mots et des traits sur ce qui reste habituellement tapis.

La Désolation
6.8
9.

La Désolation (2021)

Sortie : 3 septembre 2021.

BD (divers) de Appollo et Christophe Gaultier

fan_2_mart1 a mis 7/10.

Annotation :

Récit étonnant, brisé en deux parties par une nette césure. J'ai plutôt aimé ce voyage dépressif, blasé et amer, d'un homme qui part au bout du monde pour se râcler le nombril au scalpel. La seconde partie, à la fois anthropologique et horrifique, comme du Humain(s) sans le côté gros nanar bien moisi, est là encore assez intéressante, mais donne bien trop l'impression de finir de manière abrupte, tant j'aurais aimé voir les conséquences philosophiques et politiques de ce segment bien plus exploitées (le tout finissant par un twist Orwellien certes bien senti, mais qui donne le sentiment d'avoir lu une grosse nouvelle là où il y avait de quoi faire un roman).

La Vache brûlée - Saint-Elme, tome 1
7.2
10.

La Vache brûlée - Saint-Elme, tome 1 (2021)

Sortie : 13 octobre 2021.

BD franco-belge de Serge Lehman et Frederik Peeters

fan_2_mart1 a mis 7/10.

Annotation :

Une ville sourcière perdue dans les montagnes, une prolifération de grenouilles... Ce premier tome, pas loin d'une relecture alpine du hard-boiled, avec son détective bad-ass qui nous balade dans la faune locale, faite de fils à papa apprenti truand, de patron véreux mafieux et d'ermites revêche et résistant pose son décorum tranquillement. Servi par le trait robuste de Peeters, qui se lâche ici sur les coloris néon/giallo stylisés. Beaucoup de mystères, de zone d'ombre et malgré une ossature archétypale de type détective/policier, avec quelques reliquats de virilisme pour le quota (fusillade du prologue, baston dans les chiottes du nightclub), on se ballade agréablement dans ce microcosme interlope, où les éternelles rengaines viennent nous questionner sur notre humanité (le faux-procès de la vache qui se termine en vrai bûcher comme définition de justice médiévale, la solidarité des éclopés qui comme dans Split se rebâti...).

Alors, tout tombe : Première partie - Blacksad, tome 6
7.5
11.

Alors, tout tombe : Première partie - Blacksad, tome 6 (2021)

Sortie : 1 octobre 2021.

BD franco-belge de Juan Díaz Canales et Juanjo Guarnido

fan_2_mart1 a mis 7/10.

Annotation :

Comme toujours pour BlackSad, un dessin magnifique, une bonne partie des cases étant à considérer comme des tableaux, duplicables en posters format XL. L'anthropomorphisme made in Disney, mais passant par la case néo-noir, accouche d'une merveille graphique. On est ici à mi-chemin entre les teintes nocturnes des premiers tomes et le lumineux tome précédent. L'histoire, en revanche, tournoie autour des poncifs habituels du polar noir (politiciens corrompus et semi-mafieux, questions raciales évoquées), avec une petite patine méta (la pièce de Shakespeare, MacBeth, comme critique du pouvoir corrupteur).

Yellow Cab
6.5
12.

Yellow Cab (2021)

Sortie : 13 janvier 2021.

BD (divers) de Christophe Chabouté

fan_2_mart1 a mis 6/10.

Annotation :

Le trait, en noir et blanc bien opaque, est des plus réussi; assez magistral même, dans un genre réaliste mais pas figé pour autant. Du coup, suivre ces pérégrinations de chauffeur de taxi devient plutôt plaisant, d'autant plus que le fil conducteur, nécessairement méta (un réalisateur en panne d'inspiration décide d'opter pour l'actor's studio, versant Taxi Driver, et décrit son parcours) rajoute une petite couche réflexive à tout ça. Seulement, il faut admettre aussi, qu'à n'avoir pas tout à fait su trier l'anecdotique et, ayant tout de même l'air d'un brouillon - pour son récit en vrac, plus que son trait au charme du croquis soigné.

Alicia, prima ballerina assoluta
6.6
13.

Alicia, prima ballerina assoluta (2021)

Sortie : 14 avril 2021 (France).

BD (divers) de Eileen Hofer et Mayalen Goust

fan_2_mart1 a mis 6/10.

Annotation :

Même en s'intéressant assez peu à la danse classique, on peut trouver ici un intérêt historique, puisqu'il s'agit, à travers Alicia, danseuse célèbre à Cuba, de suivre en filigrane l'évolution de l'île, de la prise de pouvoir des années 50 à une période contemporaine. A la lecture, dur de déterminer la part de cliché de celle de véracité historique entre les joutes verbales des deux amies, l'une se plaignant d'un pays où rien ne fonctionne ( ni le commerce alimentaire, souvent épuisé, ni les appareils électroniques, souvent en panne, ni même les murs qui semblent s'effondrer sur la tronche de ceux qu'ils sont censé abriter), l'autre essayant, idéologiquement, de voir le bien partout (système médical et éducatif gratuit, déjà). A travers ce balancement de bon élève, j'ai tout de même l'impression que Hofer reproduit certains clichés, sans trop les questionner, tout en restant schématiques. Malgré tout, la figure de la ballerine centrale permet d'interroger avec malice pas mal de paradoxe de l'île : le retour en grâce de la religion après l'athéisme forcené marxiste, mais aussi le sens symbolique de la danse, l’œuvre Giselle, faisant corps avec son interprète, étant tantôt vue comme une critique des rapports de classes (puisqu'elle raconte un amour impossible entre un noble et une paysanne), tantôt comme la reconnaissance canonique d'un au-delà (l'essentiel se situe dans un monde fantômatique où Giselle renonce à se venger). Pour le reste, le trait et la lecture sont assez légères, faisant de cette petite balade une excursion sympathique, du bout des pieds, dans l'étrange monde replié sous l'égide des frères Castro.

Célestin et le Cœur de Vendrezanne - Un récit des contes de la Pieuvre, tome 3
8.1
14.

Célestin et le Cœur de Vendrezanne - Un récit des contes de la Pieuvre, tome 3 (2021)

Sortie : 14 avril 2021.

BD franco-belge de Gess

fan_2_mart1 a mis 6/10.

Annotation :

Je n'ai pas lu les deux premiers tomes mais il s'agit d'une anthologie... donc bon. Cette bédé me faisait de l'oeil aux utopiales, mais je suis content d'avoir plutôt opté pour Megafauna. Finalement, je m'en souviens déjà plus trop, sinon d'une ambiance de bistrot un peu vieillotte, d'un marasme de conte de fées macabre (une femme fantôme qui vient errer, les vraies/fausses apparences des 4 monstrueux à table).

The Department of Truth Volume 1: The End Of The World
7.6
15.

The Department of Truth Volume 1: The End Of The World (2021)

Sortie : 2 mars 2021 (États-Unis).

Comics de James Tynion IV et Martin Simmonds

fan_2_mart1 a mis 6/10.

Annotation :

Etude complotiste des théories du complot, Department of Truth s'empare d'un sujet d'actualité, d'autant plus brûlant aux Etats-Unis qu'il a enfanté de Qanon et 16% de platistes (9% en France, ce qui n'est pas glorieux non plus). Malgré sa bonne volonté, ce premier tome tombe dans plusieurs écueils : déjà celui trop tentant et facile de faire une liste à la Prévert des théories du complot (allant même jusqu'à faire de Lee Harvey Oswald le chef du Department of Truth, fausse bonne idée puérile qui se contente de son effet de manche, pour l'instant). Aussi, les explications avancées semblent d'avantage tenir de la réflexion de bon sens que d'une véritable étude sociologique. Surtout, au risque de paraître sévère, comme tant de récits ayant scénaristiquement mis en avant des théories complotistes à des fins dramaturgiques, on n'échappe pas ici à la mise en place d'une société secrète orchestrant la désinformation.... Je renvoie donc à mon accroche.

My Broken Mariko
7.3
16.

My Broken Mariko (2019)

Sortie : 28 janvier 2021 (France).

Manga de Waka Hirako

fan_2_mart1 a mis 6/10.

Annotation :

Oeuvre sensible, un peu foutraque, assez évanescente, qui, comme les mangas de Kiriko Naanan semble chercher à capter l'évanescence du moment. A contrario, le tout semble épouser le caractère impulsif de son héroïne, maniant habilement humour et désespoir.

Ne m'oublie pas
7.6
17.

Ne m'oublie pas (2021)

Sortie : 15 janvier 2021 (France).

BD de Alix Garin

fan_2_mart1 a mis 6/10.

Annotation :

Il fallait bien, pour compenser des décennies de bédés mâlocentrées, que des femmes prennent la plume, avec leur teintes pastel, leur traits grâciles et leurs sujets tout à fait dans l'optique du care. Ne m'oublie pas, dont le titre est chipé à tous les Myosotis de ce monde, raconte une histoire simple et touchante : une grand-mère Alzheimer est kidnappée de la maison de retraite où elle végète par sa petite-fille, afin de partir en road-trip vers la bâtisse de son enfance... Avec son découpage cinématographique délicat, la bédé d'Alix Garin sait se montrer poignante, même si on reste globalement sur le chemin balisé du récit familial mêlant tendresse, nostalgie et touches d'humour légères. Point annexe mais non négligeable, la protagoniste qu'on suit, au look androgyne, est sexuellement indéterminée, ce qui charrie une part, peu développée, de réflexion intérieure ( en contraste, le Chœur des femmes me semblait traiter avec plus de force un sujet pas si éloigné). Sans doute affleurent encore un peu trop les bons sentiments et les phrases ou séquences convenues, toujours est-il que Garin a au moins le mérite de remettre le sensible et l'humain, en simplicité, au cœur du jeu.

Pulp
7.7
18.

Pulp (2020)

Sortie : 12 mai 2021 (France).

Comics de Ed Brubaker et Sean Phillips

fan_2_mart1 a mis 6/10.

Annotation :

Malgré la couverture, trompeuse, Pulp n'est pas vraiment un western, mais serait plutôt à classer entre film noir et récit-méta, puisqu'il s'agit ici de suivre le braquage de la dernière chance d'un dessinateur de comics sans le sou. Comme le nom l'indique, et malgré ces approches obliques, Pulp demeure un récit de seconde zone, plus focalisé à débusquer des traîtres ou à déboucher sur du tragique désabusé qu'à opérer une réflexion sur les récits américains et ce qu'ils charrient de faux-rêve.

Wanted Lucky Luke - Lucky Luke vu par..., tome 3
6.7
19.

Wanted Lucky Luke - Lucky Luke vu par..., tome 3 (2021)

Sortie : 9 avril 2021.

BD franco-belge de Matthieu Bonhomme

fan_2_mart1 a mis 6/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Qui cherchera la pétulance d'un Goscinny en sera pour ses frais : le Lucky Luke nouveau aligne bien quelques vannes, de rares et discrets jeux de mot, mais arbore désormais un esprit de sérieux à tout épreuve. C'est l'époque qui, veut ça, sans doute. Avec ce lifting graphique, et ces planches il est vrai très soignées, Wanted Lucky Luke brasse les clichés éternels du western (indies, shérif, désert, saloon) et les références cousines à l'univers originel (le cousin Dalton) pour proposer une petite histoire sympathique, qui se penche sur une caractéristique oublié du lonesome cowboy : son rapport aux femmes. On ne sera pas surpris de voir que la saga canon finit tout de même largement par l'emporter sur une quelconque bluette, et on s'amusera gentiment d'une intrigue-défilé qui finit par un petit retournement goguenard, le tout naviguant à vue entre esprit bon enfant, jamais bien méchant (les indiens voyous car victime de la famine), conscient tout de même de pas mal s'adresser à des adultes ayant connu la bédé enfant. Alors bien sûr, un tome qui ne restera pas dans les annales de la vision franco-belge de l'Ouest Sauvage ; en même temps, rude comparaison après Bouncer, Big Foot et autres Gus...

Jours de sable
7.7
20.

Jours de sable (2021)

Sortie : 21 mai 2021 (France).

Roman graphique de Aimée de Jongh

fan_2_mart1 a mis 6/10.

Annotation :

Plongée dans l'Amérique de Steinbeck, plus particulièrement dans le Sud profond des Dust Bowl, monstrueuses tempêtes de sable. Gentillet récit iniatique, que celui d'un jeune photographe qui se prend d'une affection telle pour son sujet qu'il en vient à devenir un nouvel homme. On appréciera donc ce portrait social et tendre d'un monde fait d'orphelins, de veuves et de misère pourtant chaleureuse et accueillante, au-delà de la rudesse apparente. On notera aussi un petit arrière-fond écologique (le désherbage, terreau originel du marasme de poussière) et une possibilité réflexive sur l'art de mettre en scène, malgré tout trop peu détaillée au delà de la simple anecdote, néanmoins éclairante (ce crâne de bœuf, dont la symbolique est renforcé quand placé sur un sol craquelant), peut-être trop occupé à tirer des fils narratifs plus convenus (la petite romance tragique, la sympathie pour l'enfant candide ou le brave afro-américain ségrégé).

Mademoiselle Baudelaire
6.9
22.

Mademoiselle Baudelaire (2021)

Sortie : 23 avril 2021.

BD (divers) de Bernard Hislaire (Yslaire)

fan_2_mart1 a mis 6/10.

Annotation :

N'ayant jamais adhéré à la poésie, et moins encore à Baudelaire dont les Fleurs du Mal et leur parfum sulfureux me restèrent hermétique au lycée, je fus surpris de trouver un angle d'approche plutôt intéressant ici : ce biopic illustré se focalisant sur la maîtresse mulâtre, comme on disait alors, de Baudelaire, la célèbre Vénus Noire. Erotique à se perdre parfois dans un maniérisme un brin pompier, la bédé d'Yslaire parvient quand même, par bribes, à saisir les bribes d'une époque, dans les troquets on se retrouve alors la troupe de dandy décadents post-romantiques du milieu du XIXème gravitant autour de Charles. Renvoyant aux marges acceptables la poésie délétère de l'auteur ici vénéré, comme par tous les apprentis gothiques et satanistes du dimanche sous la Temple (oui, je pars au Hellfest dans quelques heures).

Talli, fille de la Lune, tome 3
7.7
23.

Talli, fille de la Lune, tome 3 (2021)

Sortie : 22 janvier 2021.

Global Manga de Sourya Sihachakr (Sourya)

fan_2_mart1 a mis 6/10.

René.e aux Bois Dormants
7.5
24.

René.e aux Bois Dormants (2021)

Sortie : 1 septembre 2021 (France).

BD de Elene Usdin

fan_2_mart1 a mis 5/10.

Annotation :

Le travail graphique, particulièrement au niveau des couleurs, est assez soigné, c'est sûr. Mais l'histoire, mi-onirique mi-chamanique semble tout de même assez confusionnante (et pas forcément dans le bon sens). Aussi, ce gloubi-boulga de mythologie amérindienne (plus ou moins bien digéré??) et de wokisme post-genre non-binaire sent un peu trop l'air du temps (j'imagine que la fachosphère ne s'enfile pas toutes les oeuvres de gauchistes qui passent sous mes yeux, mais honnêtement, il y a parfois de quoi être blasé par la sur-récurrence de ces thématiques dans le champ culturel d'aujourd'hui).

Blanc autour
7.3
25.

Blanc autour (2021)

Sortie : 15 janvier 2021 (France).

BD franco-belge de Wilfrid Lupano et Stéphane Fert

fan_2_mart1 a mis 5/10.

Annotation :

Très dans l'air du temps, ce récit basé sur une histoire vraie me semble trop souvent se complaire à une description du racisme ordinaire et structurel de l'Amérique encore semi-esclavagiste. La rupture manichéenne entre la brave professeure et ses sagaces et impertinentes élèves et le monde blanc, autour, tout pétri de bêtise et d'aigreur ne laisse finalement que peu filtrer une réflexion féconde. C'est quand le récit prend quelque chemin de traverse (l'enfant sauvage qui rejette la "blanchisation" des élèves, la référence à la révolte originelle de l'esclave instruit et rebelle qui retournait les préceptes de la bible contre les WASP oppresseurs à coup de hache) ou se départit de son ton sentencieux et convenu (l'humour bien trop timide, les brouilles au sein même de l'école, comme celles qui scindent parfois la gauche) que cette bd assez surestimée me convainc plus.

Les Chimères de Vénus, tome 1
7
26.

Les Chimères de Vénus, tome 1 (2021)

Sortie : 24 mars 2021 (France).

BD franco-belge de Alain Ayroles et Étienne Jung

fan_2_mart1 a mis 5/10.

Annotation :

Tiens, c'est donc un préquel du Château des étoiles, bédé exposé cette année aux Utopiales. Ce qui explique la ressemblance des univers... On est ici dans du steampunk quittant la stratosphère au début du XXème siècle. Seulement, passé cette idée originale, ce premier tome ne m'a pas emballé outre-mesure. Verbeux et graphiquement soigné, mais se contenant un peu trop de décliner les anachronismes, et de poser les prémices d'une saga qui gagnera peut-être à être développée... Ou bien eût-il fallu que je lise avant, le cycle-Mère, ce que je ne saurais tarder de faire, tout compte fait, avant d'ouvrir ici ma grande margoulette...

Le Jardin, Paris
7.4
27.

Le Jardin, Paris (2021)

Sortie : 6 janvier 2021 (France).

BD de Gaëlle Geniller

fan_2_mart1 a mis 5/10.

Annotation :

A ce stade, l'amateur de ciné art & essai et d'autres médiums "alternatifs" pourra être écœuré, à force, par la surabondance de récit traitant de le transsexualité, même dans le Paris des années 20 (on pensera au film de Téchiné, Nos Années Folles). Le Jardin, c'est un cabaret où se produit un jeune homme se sentant finalement plutôt femme. Cocon protecteur et bienveillant qui laisse à la porte le monde du dehors, qu'on imagine contextuellement assez mal accepté une telle "perversion", et qui évoque le monde chichiteux des safe places, remparts illusoires et dérisoires, là où le blindage principal est à forger à même les affects des concernés. Bref, bien-pensance sans grand enjeu, porté par un esthétisme girly que je n'affectionne pas particulièrement ; scénario léger comme une plume contant, plus ou moins, une émancipation adolescente et une première amourette, le Jardin a tout de l’œuvre qui confond bien-pensance et bien penser...

Goldorak
7.2
28.

Goldorak (2021)

Sortie : 15 octobre 2021.

BD franco-belge de Denis Bajram, Xavier Dorison, Brice Cossu et Alexis Sentenac

fan_2_mart1 a mis 5/10.

Annotation :

Je ne connais pas trop le canon original de Goldorak, je suis donc passé à côté du délire nostalgique un peu régressif. Et possiblement, de jeux sur les références interne. Si la révolte finale des Végaliens est pas mal (un peu bisounours, mais aux connaisseurs du canon de Go Nagai d'en juger d'avantage), certains thèmes font office de bonnes notes d'intention : le parallèle sur le sort des migrants, le guerre comme issue de la peur (simpliste!)... L'histoire en elle-même est sans grand intérêt, en particulier les scènes de baston robot vs Golgoth que j'ai survolées à vitesse grand V - le dessin manga de dessin animé cumulé à une mise en page typée Comics n'ayant pas aidé.

Peer Gynt, tome 1
6.6
29.

Peer Gynt, tome 1 (2020)

Sortie : 18 novembre 2020.

BD franco-belge de Antoine Carrion

fan_2_mart1 a mis 4/10.

Annotation :

L'occasion de se plonger dans un classique du théâtre... Sauf que l'alliance entre le texte, conservé dans sa grandiloquence shakespearienne (enfin, Ibsen-ienne, mais je connais moins) et le dessin en noir et blanc, la fusion ne prend pas tout à fait. A vouloir signer quelques planches épiques et épurées (le dépliable au cœur du récit), Carrion finit surtout par me perdre, cette tragédie au folklore scandinave demeurant de fait trop imposante pour mes épaulettes.

Les Chefs-d’œuvre de Lovecraft : Celui qui hantait les ténèbres
7.3
30.

Les Chefs-d’œuvre de Lovecraft : Celui qui hantait les ténèbres (2016)

Yami ni Hau Mono

Sortie : 4 mars 2021 (France).

Manga de Gou Tanabe

fan_2_mart1 a mis 4/10.

Annotation :

Série de nouvelles adaptées de Lovecraft qui, comme souvent chez l'auteur originel même, me laissent de marbre, pas vraiment terrifié, plutôt ennuyé. Pire encore, sans que le trait de Tanabe fasse preuve d'un mauvais goût particulier, l'idée même de mettre un visage sur ce qui, justement, est innommable et indescriptible chez H.P, lui ferait peut-être même perdre encore plus en vigueur. M'enfin, précisons quand même que je suis de toutes façons perplexe face aux récits horrifiques, quand j'y perçois pas un vertige existentiel (comme chez Dick ou Cronenberg, par exemple).

fan_2_mart1

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