Les meilleurs albums de Serge Gainsbourg selon Aloysius

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Elle a les cheveux rouges, mais c'est sa couleur naturelle.

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Tu connais tes poètes, Serge. N°2, [N°3] et N°4 les ont saisis et tu les glisses sur le papier musique avec Villa et les Cigarillos. Le patchwork est virtuose, ton génie s'affirme, tu séduis Paris, la France, les femmes, tes cheveux poussent et tu quittes peu à peu les pianos-bars. T'es beau, déjà, vieille canaille. C'est sûrement ton meilleur album "à morceaux".

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Difficile de faire l'impasse à ce récit foldingue autour d'une sculpture au cuivre sud-américain, psyché, dansant (avec de vrais mélodies qui m'embêtent, Marilou sous la neige, vraiment ?). Ovni de plus entre deux diptyques, et transformation morbide et sublime de l'érotique Melody à la Marilou classée X.

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Reggae de haute volée, terrible et décadent, d'un calme saccadé et de rythmes indolents, Bad News From The Stars cache du diamant noir de fin de carrière comme on en fait rarement et donne le génie complet de la rencontre Gainsbarre-Reggae, où Aux Armes n'était qu'un croquis, un effleurement. On s'y plonge et replonge infiniment comme dans un bain aux sels odorants, dont on ressort ravi et frustré, les doigts plissés et le corps avachi.

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Vu de l'extérieur est la grande perle d'ambiance et de cohérence artistique de Gainsbourg, transition étrange, presque inclassable, de Melody Nelson à Rock Around The Bunker. Tout y est délicieux, goût et couleur café crème, avec toute l'amertume et le sucre qu'il faut. Il détourne la dureté presque machiste qu'il a pour la femme après ses déceptions et son amour sauvage et charnel pour elles en une fable musicale tendre, dansante et planante en contraste génial avec ce qu'il y dit (quoi de mieux que Je suis venu te dire que je m'en vais comme ouverture à ce genre d'album). J'aime d'amour cet album pommade et exutoire, amoureux et injurieux, réécouté jusqu'à n'en plus pouvoir (la version longue de L’Hippopodame doit bien compter dans un top 5 morceaux Gainsbourg personnel avec Pamela Popo)

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Après son coup d'essai coup de maître, (Du Chant à la une!) trois albums, (N°2, L’Étonnant Serge Gainsbourg et N°4) sont la sève de la période jazzy années 50-60, très rive gauche, dandy-gitanes, piano-bar et séductrice de Gainsbourg - dont les proies sont précises, ciblées par un 6,35 ravageur (sa reprise de Parce que d'Aznavour) : les jeunes bourgeoises intellectuelles noctambules d'un Paris hanté par Vian, Sartre, les Frères Jacques et Juliette Gréco. Les trois albums plutôt courts ne semblent former qu'une seule longue suite de chansons globalement très bonnes ; en tête, sûrement, Black Trombone, Baudelaire, Intoxicated Man, Prévert, Le Claqueur de doigts, La Javanaise, L'Anthracite... Le pessimisme, la (pseudo-)misogynie, la tendresse douce-amère, la poésie "mineure" sont les grandes directions de son travail, suivis de près par un usage minutieux de cuivres, piano (évidemment) et contrebasse. Il est perfectionniste et ça se sent, mais à un certain stade il a dû se dire "Au diable, je n'y arriverai pas ; j'écrirai des histoires à l'eau de rose, mais moi, je saurai pour toujours ce qu'il y a derrière". Ses berceuses anthracites nous plongent dans une somnolence mélancolique et hargneuse où l'homme, encore romantique, semble chercher les armes contre un monde qu'il aime à défier et contre lequel il déteste perdre.

Tout ça pour dire que l'artiste Gainsbourg est en effet peu dissociable de sa vie personnelle, en plus de son contexte artistique. Et il le savait très bien. Toute l'alchimie de son succès y réside ; elle a offert au répertoire un renouveau très juste et humble de cette problématique. Ce que je défends ardemment chez lui.

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(Je n'ai rien à ajouter à ce que j'ai dit sur N°2, sinon :
- Revoyez Gainsbourg Vie Héroïque si vous le pouvez
- Lisez si possible en entier la biographie de Gilles Verlant)

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Gageure passionnante, musicalement solide et riche. C'est tendre, incisif et plein d'idées, on danse et on savoure. La provocation n'a qu'une place mineure ; oui, on parle d'Hitler, mais ça n'a rien à voir avec le national-socialisme, c'est un plus un prétexte à une inspiration presque surréaliste du rocker revenu de Nerval. Album-concept? de justesse. Fucking coup de cœur.

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Qu'elle est belle, ta Jane, qu'elle chante faux, et que c'en est beau. Muse parfaite pour la tête de chou que t'as toujours été, maudit séducteur, BB n'était pas pour toi, la pop non plus, même si tu l'as sublimée, et Bambou a aimé ton visage lessivé d'après-Jane possédé par le démon Gainsbarre ; tu le savais, bougre chansonnier. Finalement, c'est plus avec Melody et les images Vues de l'extérieur que tu l'as offerte à l'éternité que dans l'album à son honneur, que j'aime comme on aime une femme le temps d'un regard, longue comptine de ton idylle éphémère (et optimiste!), sur le ferry-boat ou dans les sifflements de Slogan.

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Quelques chansons de génie à l'honneur de la plus belle blonde française du siècle, mais dans cette pop-rock, il ne faut retenir que le rock (et le classique à sa source) ; c'est dans l'inventivité de tes chœurs et compositions que BB survit le mieux. Quand tu lorgnes l'Eurovision, les p'tites pépées à la mode et les yé-yé, ça fonctionne moins.

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Hé ! hé ! Ronsard 58, tes cigarettes, ton univers... ça y est, tu es parti, et tes chansons grinçantes rejoignent les sublimes Brel-Ferré-Brassens au panthéon.

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Ha ! il y en a eu, de la provocation, et de l'autodérision, avec cette plongée dans l'ailleurs ! Mais ton reggae est bon, Gainsbarre ! il tient le coup, nous embarque bien, et colle bien à ton visage fatigué ! Mention spéciale au dub étonnant de ta propre Javanaise, à Vieille canaille, à la pétomanie et à tes chansons d'amour de roublard libidineux, alcoolo mais classe envers et contre tout.

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J'ai eu un peu de mal avec le diptyque Confidentiel/Percussions, jouant sur la corde molle, bien qu'elle fût souvent la bonne... Il y a du meilleur, parfois, mais aussi de son moins "claqueur" dans ces deux-là, héritiers de sa première vague jazzy, et plongés dans ses peurs et douleurs intimes, où se joignent des couleurs café séduisantes. Mais quelque chose manque !

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Que t'ont-ils ou que t'es-tu fait, Serge ? Je lui ai mis 6, mais je l'aime, ton Love on the Beat, rêche et gras, où ta poétique s'épuise dans un joyeux dépit rock claquant 80's, suite, finalement ô combien logique, à ton diptyque reggae. Je fais comme si le tout dernier, You're Under Arrest, existait à peine, dernier adieu amer d'un Gainsbarre éreinté, qui prétend "en avoir encore dans le coffre", et ça se sent malgré tout. Mais diable, tu étais bien sombre, toi et ton suicide à petit feu, et même si ton 6,35 et ses yeux doux sont restés au fond du tiroir, il semblait bel et bien la seule fin possible, surtout après la Javanaise crépusculaire de l'Olympia...