Depuis sa magnifique interprétation dans l’incroyable Grave de Julia Ducournau – un film qui m’avait impressionné et retourné les tripes – je tiens Garance Marillier pour l’une des jeunes prodiges du cinéma français. Le foot n’est pas particulièrement mon dada, et j’aurais sans doute passé mon chemin si la jeune actrice n’y tenait pas le rôle principal. D’autant que je me rends compte que jusqu’ici, j’ai vu l’intégralité de sa filmographie, de longs métrages tout du moins (Grave, Pompei, Madame Claude, Titane, et désormais Marinette).

Il s’agit du deuxième film de fiction de la réalisatrice Virginie Verrier, 5 ans après A 2 heures de Paris, une comédie sortie par un tout petit distributeur (VIGO Films) et qui n’avait pas révolutionné le cinéma français, ni par ses avis spectateurs, ni par son box-office, réunissant 587 entrées sur ses trois semaines d’exploitation.

Avec Marinette, Virginie Verrier ne pouvait que faire mieux ! Evidemment, cela ne s’invente pas, la cinéaste est également une grande sportive : elle a pratiqué pendant 10 ans l’athlétisme et le handball. C’est donc tout naturellement qu’elle souhaitait réaliser un long métrage lié au sport. Lors de ses recherches sur des sportives pour déterminer le thème de son film, une de ses amies lui a suggéré l’idée d’un biopic sur Marinette Pichon, dont la biographie venait de sortie. La réalisatrice raconte : « j’ai tout de suite senti une familiarité en découvrant son parcours. J’ai compris d’où elle venait. Les stades et les vestiaires sont des lieux qui me sont familiers. Cet air du temps qu’elle décrit et certains éléments de son enfance résonnaient en moi ».

Le parcours de Marinette Pichon est à la fois extraordinaire, mais également semé d’embuches. On y retrouve des thématiques universelles, les violences conjugales, l’homosexualité, la vision d’un sport encore très masculin, le harcèlement, le rêve américain, l’échec et la réussite. De bons ingrédients pour écrire un scénario aux péripéties multiples. Sportivement, Marinette a détenu le record du nombre de but (hommes et femmes confondus) en équipe de France. Elle a participé à trois championnats d’Europe, de 1997 à 2005 et a disputé la première Coupe du Monde des Bleues, en 2003. Elle est également devenue la première joueuse française à intégrer une équipe aux Etats-Unis, celle de Philadelphie. Elle y découvre l’immense avance qu’ont les US sur la France en matière de cadre sportif. Là-bas, outre les installations dernier cri et un public fervent dans les stades, les joueuses sont professionnelles et ont un salaire plus que décent, qui leur permet de se consacrer à 100% au football. Son parcours étatsunien lui permet d’être nommée à deux reprises meilleure joueuse et meilleure buteuse mondiale. Un parcours incroyable, quand on sait que les joueuses de l’équipe de France ne sont toujours pas professionnelles de nos jours.

Sur la forme, le long métrage de Virginie Verrier est très didactique, et ne sort pas des sentiers battus du biopic sportif. La réalisation est correcte sans être formidable, et suit de manière chronologique l’enfance puis l’âge adulte de Marinette. Trois actrices se relayent d’ailleurs pour jouer la prodige aux différents stades de sa vie. On aurait aimé un peu d’emphase et sentir un souffle de suspens lors des rencontres à fort enjeu. Sans doute par manque de moyens, le ton reste toujours un peu plat, et enchaîne les matchs de la même manière, que l’on soit sur une rencontre de 2e division dans un patelin paumé, ou en match de qualification de Coupe du monde. C’est clairement le plus gros point noir du film : Marinette peine à impressionner, à faire vibrer son spectateur au rythme des matchs.

Garance Marillier ne trouve pas ici l’un de ses meilleurs rôles, mais fait le job. Elle qui est dans presque tous les plans du film est crédible en jeune étoile montante du foot féminin. On a un peu plus de mal sur la deuxième moitié, lorsqu’elle est présentée comme star accomplie, motivant ses coéquipières dans les vestiaires du stade et répondant aux questions de journalistes en conférence de presse.

Au final, on se trouve devant un long métrage instructif, sur une personnalité française importante du monde du sport que je ne connaissais pas. Marinette brasse de très nombreux thèmes (peut-être un peu trop nombreux ?), mais pêche lorsqu’il s’agit de faire frémir son spectateur et de lui faire vivre de l’intérieur la passion du foot.

Activité sur Marinette