BY THE THROAT
7.6
BY THE THROAT

Album de Ben Frost (2009)

Un titre, By The Throat. Une pochette, glaciale, où trois loups s'ébattent dans une nuit éclairée par des lumières artificielles glauques. Un nom, Ben Frost. Si l'on ajoute à ça un pays d'origine tel que l'Islande, on est fixé sur le ton de l'album. Ouste les vahinés, au placard les maillots de bain, sortez la polaire, la couverture de survie, les conserves froides et préparez vous pour un avant-goût de la solitude et de la folie qui guettent nos amis les héros de films d'horreur.

Imaginez vous le scénario ; une équipe de scientifique est envoyée en Antarctique, dans une vieille station déserte, afin de mener une étude sur des phénomènes étranges apparus dans la région ; ondes radios inconnues, activité sismique souterraine, bruits étranges et portes qui claquent, enfin vous connaissez la chanson.
Au long de cet album, alors que disparaissent les uns après les autres les membres de l'expédition, s'installe un climat de plus en plus malsain, où règnent la paranoïa et l'angoisse sourde de se trouver face à une entité, un 'Ça' plus fort que soi, où l'on ne peut rien faire sinon attendre dans les recoins froids de la station exigüe, à se regarder suer de terreur entre deux néons clignotants.

"À intervalles réguliers, le sol tremble, la glace elle-même semble pulser d'un pouls malveillant ("Killshot"). Surtout ne pas aller dehors, Paul et Stanley n'en sont jamais revenus. Depuis peu, on peut entendre les hurlements des loups dans la nuit interminable de l'hiver polaire ("The Carpathians"). Leurs griffes font un bruit épouvantable sur la tôle rouillée et je suis sûr que leurs grognements me sont destinés. Depuis que Tatiana est devenue folle, on ne s'approche plus de la salle des machines où elle est enfermée... certaines nuits, ses plaintes sans âmes nous empêchent de trouver le sommeil ("Peter Venkman Part I & II"). Étrange qu'elle ne soit pas déjà morte de soif, quand je repense à cette lueur rouge qui brillait dans ses yeux...
De toute façon, depuis que Felipe est tombé malade, plus personne ne sait se servir des machines. Malgré tous ses efforts, il n'a pas pu réactiver la radio. Le pauvre Felipe, déjà à l'article de la mort à ce moment là, avec son ridicule masque respiratoire qui ne le sauva pas ("O God Protect Me").
Tout avait commencé avec le suicide de Jerry. Aussi sanglant qu'inexplicable. Quoiqu'il avait développé la sale habitude de déambuler dans les couloirs en grommelant d'une voix bizarre, en se prenant la tête dans les mains ("Hibakusja"). Il n'était pas malade, non... enfin pas physiquement. Quelque chose le hantait, j'aurais dû m'en douter plus tôt.

Depuis le départ de Paul et Stanley avec les antiques motoneiges, il ne reste plus que nous deux. La petite Lola, la médic' du groupe, et moi.
Je suis contente qu'elle soit restée, elle, ma petite Lola. Je l'ai bien aimé dès le début. Je savais qu'elle ne me laisserait pas partir, et je ne la laisserai pas partir non plus. À vrai dire, depuis qu'on est arrivé ici, elle est ma seule source de réconfort. Je crois que je l'aime bien, avec son sourire timide qui semble dire que tout va pour le mieux. Comme si tout allait bien ; un petit coin douillet qui brûle tout contre moi chaque nuit au milieu de cet océan de glace ("Leo Needs A New Pair Of Shoes"). La voilà qui arrive, d'ailleurs. J'entends ses pas qui résonnent dans le couloir. Je lui ferais bien l'amour, quand je la verrai, ça nous réchauffera jusqu'à ce que le thermostat remarche. Je crois que je l'aime bien, ma petite Lola. Elle est de bonne humeur, la voilà qui s'approche en ricanant, sûrement en proie à une plaisanterie qu'elle s'empressera de me faire partager ! Elle tient l'ouvre-boîte à la main, elle vient probablement d'ouvrir une conserve... Alors que son rire étrange devient hystérique et qu'elle m'ouvre la gorge d'une oreille à l'autre avec l'ouvre-boîte, je me dis que je ne saurais jamais quelle était cette blague qui semblait pourtant si drôle..."

Et je crois que je vais arrêter ma chronique ici, en vous rappelant au détour d'une virgule qu'il s'agit là d'un album étiqueté "drone métal" (entendez par là drone à grosses guitares saturées) où le travail de percussion et de cordes est sidérant, à vous foutre des frissons et vous faire écrire tout un tas de conneries. Voilà, stop. Je vais lâcher le clavier, retirer mon casque et filer chercher mon Doudou, je crois que mon ampoule vient de se mettre à clignoter... Brrr.
TWazoo
8
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le 3 oct. 2013

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T. Wazoo

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