Nouvelle voix et... nouvelle voie.

Biophilia de Björk n'a pas été conçu comme un album à la base, c'est un projet musical ambitieux qui a pour base des applications i-pad. Je n'ai pas très bien compris comment ça peut marcher mais ça à l'air amusant. Ceci dit, trop fauché pour me procurer la tablette tactile d'apple, et après une écoute assez éprouvante mais passionnante du disque finalement sortit en vrai CD, je suis tombé sous le charme.

Sous le charme de la nouvelle voix de Björk tout d'abord, plus grave, plus sombre, plus technique. Son extinction de voix après la tournée Volta en 2008 lui a permis de changer totalement sa manière de chanter, elle a en fait tout repris à zéro. En trois ans de cours intensifs seulement, Björk a pu sauver son honneur et nous revenir avec son nouvel organe vocal. Énorme.

Moon, premier morceau, est une sorte de berceuse stellaire, d'une qualité sonore presque effrayante. Sa dimension musicale et sonore me fait réellement flipper. Les harmonies et la recherche artistique m'ont réellement transcendé, souvent géniales, avec des chœurs millimétrés encore jamais entendus auparavant.
Mais ce que j'apprécie par dessus tout avec ce nouvel album de Björk, hormis sa dimension saisissante, c'est son côté sombre et glacial.

Très difficile d'accès, peut être la musique la plus rebutante de toute sa carrière (et pourtant elle en a fait de la musique rebutante...). Seule Crystalline est un peu plus "tubesque" que le reste, mais n'est pas non-plus très simple à écouter les premières fois. Il faut s'habituer, s'imprégner, écouter attentivement et avec patience tout ce qui se passe dans Biophilia. Les sons et les instruments crées de toutes pièces, transformés, fusionnés, les passages electro boostés, les basses synthétiques imposantes, il y a vraiment un travail titanesque dans ce tout nouveau concept musical. Car rappelons-le, il s'agit bien à la base d'une suite d'applications pour i-pad et non d'un véritable album, même si les pistes ont été enregistrées afin d'en créer un.

A découvrir rapidement, d'autant que certaines compositions sont éclatantes et font parfois penser à la douceur de Vespertine (Virus et ses grelots par exemple), et aux beats bruyants, impulsifs et incontrôlables de Medulla (écouter Sacrifice pour vous en convaincre). Du grand Art pour un programme riche, original, bien fichu, prenant et gratifiant, et probablement très en avance sur son temps. Vivement la suite !