FAUVE et son EP "Blizzard" sont à ce jour l'un des groupes qui m'a donné le plus de fil à retordre dans la critique, qu'elle soit positive ou négative. Si difficile qu'il m'a fallu ré-écrire plusieurs fois ma critique afin de ne pas tomber dans le cliché : OU je détruis Fauve de bout en bout OU je vante le style novateur de ce groupe qui a déboulé en 2013 avec ses grands sabots pleins d'idées d'apparence novatrices.
En effet, reprenons à partir de la base la plus simple, critiquons le collectif qui s'affiche en tant que défenseur du Spoken Word. Un accompagnement musical souvent léger avec un chanteur, ou plutôt poète, extrêmement mis en avant grâce à son texte et sa force d'élocution de celui-ci.Si nous nous basons uniquement sur cette pure description du collectif et que nous le critiquons sur ce simple emballage, Fauve peut décevoir. Il m'est arrivé, plus d'une fois, en écoutant cet EP, de serrer les dents et retenir on envie insoutenable de rigoler face à la nièvrerie et les bons sentiments faciles de certains textes comme Rub A Dub ou encore Haut Les Coeurs. Les textes de Fauve semblent avoir été écrits par une lycéenne de 15 ans qui vient de connaitre un soucis dans sa vie, décide de le retranscrire sur un bout de papier en sur-interprétant l'ensemble, pensant que ça pourra, dans le fond, purger son esprit et faire une bonne promotion de son "soi-disant" talent d'écriture auprès de ses autres copines tout aussi accro' à la surenchère des problèmes courants de la vie. Difficile alors de se considérer comme poète quand les métaphores sont inexistantes, les clichés par centaines et les plaintes pathétiques voire stupides.
Heureusement, le collectif Fauve réussit à cacher sa misère textuelle d'adolescent grâce à un instrumental simple mais efficace qui permet de cacher la faiblesse des mots, mieux encore, les rendre plus touchants aux oreilles des auditeurs qui sont, on ne va pas se le cacher, des adolescents ou jeunes adultes en grande majorité. Neil Young ou encore les Rolling Stone avaient réussis à faire passer des messages simples sur des sujets apparemment "mielleux" sans pour autant se faire pourrir par la critique anglaise et américaine du fait d'une recherche stylistique, de sous-entendus rêveurs et obscurs sur une instrumentalisation qui ne tombe pas dans le cliché de la soupe mélancholienne qui forcerait même le plus heureux des hommes à tout remettre en question de manière injustifiée.
Je ne vais pas faire l'hypocrite, le but n'est pas de mentir au public, ici, pour me donner ne serait-ce qu'une once de crédibilité dans mon discours, loin de là. J'ai apprécié Blizzard et Nuits Fauves pour, en grande majorité, la force de leurs instrumentaux respectifs. Les textes dépeignent, encore, la détresse amoureuse et sexuelle d'une manière séductrice pour nos oreilles si bien que ces deux titres s'écoutent avec plaisir et, parfois, une certaine reconnaissance de soi-même dans certains lyrics du poète de Fauve.
Fauve s'écoute bien, même trop bien et c'est peut-être ça qui me dérange au final. C'est comme si on avait l'impression qu'on voulait nous ré-apprendre, à nous débiles incapables de ré-interpréter de manière correcte notre existence, à concevoir la vie et ses frasques de manière simpliste. Il n'y a rien de pire que de se sentir faussement insulter par un collectif qui tente de nous amadouer en faisant semblant de s'intéresser et croire en nos soucis.
Au final, Fauve serait-il une mascarade ou un bon collectif chantant (ou parlant, c'est comme vous voulez) sur des sujets faciles et précis avec des mots relativement simples afin de toucher un maximum la jeunesse et dont la pauvreté (autant qualité que quantité) textuelle trouverait refuge au sein de ce collectif peut-être un peu trop sur-coté pour un simple premier EP ne contenant que quelques titres. Telle est la question qui pourrait diviser.