Bon Iver
7.3
Bon Iver

Album de Bon Iver (2011)

Un titre assez classique me direz-vous. Oui mais qui reflète parfaitement à mon sens l’ambiance de cet album.


J’ai découvert Justin Vernon et son groupe américain de Folk Bon Iver avec cette œuvre lors de sa sortie en 2011. Alors oui c’est assez tard puisque leur premier album date de 2007, mais il n’empêche que je suis directement tombé raide dingue du groupe. Du coup j’ai écouté leurs trois albums (For Emma Forever Ago et le dernier en date 22, a Million en 2016) pour continuer à analyser leur travail dans son entièreté, et j’avoue avoir un gros faible pour celui-ci. Une préférence qui n’est pas neutre car comme l’explique très justement mon titre, il me fait voyager. Et je pense que c’est en partie voulu puisque certains morceaux sont des noms de villes ("Minnesota", "Calgary", "Perth" ou encore "Lisbon"). Puis sans parler des titres, vous n'avez qu'à simplement regarder la pochette de l'album, elle parle d'elle même. Justin Vernon parle notamment d’une volonté d’illustrer l’évolution des différentes périodes de notre vie, le passage des "cycles de vie", mais comment parler de cycles sans parler de voyages et d’expériences ? En outre, il explique avoir pensé l’album comme un carnet avec ses propres histoires successives. "Perth" (piste 1) évoquant la naissance et "Best/Rest" (piste 10) le "bout du chemin". Bon rassurez-vous, je n’en resterai pas là et je vais tout de suite rentrer dans le vif du sujet en vous expliquant les raisons de ce choix.


Ici je ne ferai pas une analyse morceau par morceau car ce serait long et pas nécessairement intéressant autant pour vous que pour moi. Je tendrai davantage mon analyse vers le ressenti musical plutôt qu’au sens profond des chansons écrites par Justin Vernon, et notamment dans ses paroles. C’est quelque chose que je tenais à préciser pour que vous compreniez mon angle d’approche. C’est souvent ce que moi je recherche lorsque j’écoute des morceaux ou les albums qui leurs sont associés. A savoir la musicalité globale, leurs couleurs, leurs logiques (ou pas), ce qu’ils me disent, ce qu’ils me font ressentir bref, les émotions que l’artiste souhaite transmettre finalement. Chose qui sera d’ailleurs différente d’une personne à une autre et ce qui en soit, reflète bien la beauté d’un travail artistique.


Bon Iver font le choix d’utiliser un nombre important d’instruments sur cet album, en plus de leur côté Folk avec lequel ils s’étaient démarqués pour "For Emma Forever Ago" en 2007. Et ce n’est pas anodin mais voulu par Justin Vernon lui-même qui, après avoir enrichi son expérience musicale avec des projets annexes (Gayngs, Kayne West…), souhaite élargir son champ musical et ne plus rester simplement sur sa guitare. On découvre ainsi un album plus riche musicalement, plus sophistiqué et aussi à mon sens, bien plus travaillé. Les Inrocks parlent par exemple d’une « sorte de country polymorphe et atmosphérique ». En conséquence, l’ensemble de l’album reflète une chaleur bien particulière, une atmosphère à la fois chaleureuse et nostalgique des moments passés de notre vie et des expériences autour du globe.


Les cuivres, les claviers et les guitares du morceau "Holocene" reflètent très bien ce ressenti. C’est une chanson magistrale, je vous recommande d’ailleurs vivement de la voir en live. "Michicant" donne également ce goût de voyage à sa façon de nous emmener tout en douceur avec l’arpège de ses guitares au début du morceau, puis progressivement avec tous ses instruments formant au final un véritable nuage mélodique. Cela encore une fois grâce aux cuivres, à la reverb des instruments, aux petits passages au bottleneck à la guitare, etc…
Justin Vernon fait preuve d’une ingéniosité très fine en posant chaque instrument à une place particulière mais parfaitement calculée. La guitare électrique, relativement discrète sur l’album (quelques ponctuations ici et là) se fait un peu plus présente sur la chanson "Calgary" et lui offre toute l’énergie voulue par le compositeur en venant rafraîchir notre écoute.
Ainsi vous entendrez pléthore de sons et il est même possible qu’à chaque écoute vous découvriez une mélodie ou un fond que vous n’aviez pas aperçu à la première écoute.


Bon et comment parler de Bon Iver sans évoquer la voix si particulière du chanteur, à savoir Justin en personne ? Une voix unique me direz-vous, et qui colle parfaitement à cet album. Pour reprendre une métaphore archi connue, c’est la cerise sur le gâteau ! Un timbre particulier qui s’adapte autant à la mélancolie (album "For Emma Forever Ago") qu’à la joie. Ici il l’ajuste à la perfection en fonction de l’ambiance de ses morceaux, on découvre même plus de profondeur dans sa voix. Je tendrai même à dire qu’il diversifie les notes chantées (sa tessiture finalement), ce qui accompagne le ressenti de diversité musicale expliqué précédemment.


Pour finir je dirai que cet album est un excellent point d’entrée pour découvrir Bon Iver même si ce n’est que le second du groupe. La richesse musicale lancée par Justin Vernon vaut largement le coup de s’y pencher ne serait-ce que pour une seule écoute. Mais je vous laisse le soin d'en juger par vous même en allant sur Youtube, Spotify, Deezer, que sais-je. Allez plus vite que ça ! Vous repenserez ensuite à ce que vous avez lu quand vous aurez votre casque sur les oreilles, et vous verrez, je pense que vous trouverez des similitudes avec ce que j’ai exposé.

JeromeRocknjeje
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le 17 avr. 2019

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