Longue vie à la Reine

Rarement un album côté français m'aura autant impressionné, intrigué, transporté. La liste de superlatif pour qualifier ce que représente cet album pour moi pourrait ne jamais s'arrêter tant la claque immense prise résonne encore dans mes oreilles.

Découvert un soir par hasard sur le plateau des Victoires de la Musique (allez savoir ce qui m'était passé par la tête à ce moment là d'ouvrir ma télé pour regarder ce programme), j'ai été tout d'abord subjugué par la présence scénique que dégage Héloïse Letissier, de son vrai prénom. Ce soir là, elle chantait "Nuit 17 à 52". Totalement emballé par cette interprétation, je me rue sur mon ordinateur, bien décidé d'en apprendre davantage à son sujet.
Après trois EP largement relayés dans les médias, un prix Découvertes au Printemps de Bourges 2012, la voici qui s'apprête à sortir un album prévu pour juin 2014, lisais-je sur le site de Télérama. Bon ok et ben va falloir prendre son mal en patience alors jusque là !

L'attente se faisait de plus en plus pesante à mesure que les mois défilaient et lorsque enfin son premier opus intitulé "Chaleur Humaine" sort, l'excitation prend le pas sur tout le reste. Moi qui avait peur d'être déçu par le contenu du disque après une longue attente, je suis totalement rassuré après avoir écouté les trois premiers morceaux de l'album. Mais quelle claque de ouf !

"Chaleur humaine" se révèle être un album ultra ambitieux, donnant la sensation de se réinventer sans cesse, dans un jeu constant avec les normes et les genres. Mais qui aurait parié un kopeck sur une jeune femme qui s’invente un personnage à la théâtralité assumée, fan de paillettes dorées, de show à la Broadway, de travestissement ? Pas moi en tout cas de premier abord.
Pourtant, on laisse facilement transporté dans son univers, nous guidant par la main pour ensuite nous laisser en libre circulation, sans contrainte, en totale apesanteur. On se sent voyager avec elle, dans un format pop contemporain et chanson française très écrite avec des influences r’n’b, mélangeant avec finesse anglais et français.

Ce disque de pop archi léchée s'avère d'une impeccable fluidité. Christine n'y chante pas n'importe quoi : elle multiplie les questionnements identitaires et existentiels, joue avec son genre et les pratiques sexuelles. Mais il faut tendre l'oreille pour le percevoir.

Alors oui avec tout ceci je dis "Longue vie à la Reine".