Dead Man (OST)
7.9
Dead Man (OST)

Bande-originale de Neil Young (1996)

Avec la B.O. de Dead Man il n'est pas exagéré d'affirmer que Neil a réaffirmé son statut d'artiste culte. Entre les expérimentations sonores de "Arc" et la voie plus commerciale de "Le Noise" la B.O. de Dead Man s'inscrit dans un ailleurs peu conventionnel, suggérant un univers onirique, poignant et déchirant qui vous transporte (en train, à cheval ou en canoë ) de la réalité au rêve, d'une rive à l'autre, de la vie à la mort...


Le réalisateur Jim Jarmush est fou de Neil Young et du Crazy qu'il écoute souvent en même temps qu'il tourne. La collaboration entre les deux hommes paraît presque naturelle et c'est à une rare fusion entre un film et une bande originale à laquelle nous assistons. Le film est tourné en Noir et Blanc et, avec l'acuité du regard enfantin nous voilà plongé à l'intérieur d'une infinité de gris sublimes où les tableaux se succèdent avec une beauté infinie. Chaque plan est travaillé, sculpté, et le film nous emmène au cœur d'un voyage à l'esthétique extraordinaire. La civilisation fait place peu à peu au monde des esprits, des rêves et de l'imaginaire. L'histoire est véhiculée par William Blake, personnage principal dont le nom évoque celui du poète anglais à l'univers mystique et halluciné. Petit à petit la réalité perd pied et glisse lentement dans un monde où la nature et l'esprit, la violence et la mort dessinent un univers dont la dimension métaphysique sublime le Western et lui donne une nouvelle dimension.


Neil Young a composé la B.O. en peu de temps, s'accompagnant presque exclusivement de sa guitare électrique, on entend juste à un moment un orgue, quelques sons de piano et de guitare sèche... Par contre le son est saturé et traversé d'effets et de réverbération. C'est la multiplicité de ces procédés répétés et empilés tout au long de l'album qui crée cette atmosphère unique, fantomatique et hypnotique.
Neil a choisi l'improvisation, se laissant guider par le film qui défilait sous ses yeux en même temps qu'il triturait les cordes de sa guitare. Il compose ainsi six solos de guitare de durée variable ainsi qu'un solo d'orgue, ces passages musicaux s'interpénètrent avec des sons, des bruitages et des dialogues issus du film. La fusion de ces éléments génère une intimité quasi charnelle entre l'image et la B.O., il est difficile pour l'auditeur, pour peu qu'il se soit plongé quelques minutes dans la musique, d'échapper à l'attraction magnétique qu'exerce avec force cet ensemble sonore.


Il me semble que pour apprécier pleinement l'album, il est préférable d'avoir vu le film.

xeres
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le 4 mars 2016

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