Lomepal est dans la course depuis un petit moment. Présent lors des premiers pas de l'entourage , on se souvient de ses balbutiements sur le morceau "à la trappe" en feat avec Nekfeu.
Beaucoup de projets ont vu le jour avant qu'il entame véritablement sa carrière solo.
Six Ep , dont les deux très bons "cette foutue perle" et "20 mesures" où il affirme avec classe un style incisif et sa plume aiguisée. S'ensuit un projet collectif , "le singe fume sa cigarette " avec son fidèle ami Caballero et Hologram Lo' le beatmaker de 1995 qui se révèle comme une véritable démonstration technique.
Suivront , Majesté , plus ego trip mais tout aussi intéressant et Seigneurs avec la collaboration du grand Akhenaton sur le titre "passe au dessus" , l'un des meilleurs morceaux du projet.
Enfin ODSL , qui laisse plus de place au chant et qui contient au moins un chef d'oeuvre " Achille ".
On note aussi la superbe intervention de l'artiste electro Superpoze qui montre qu'un pont est possible entre le monde du hip hop et la scène électronique.
En 2014 , il fonde le collectif "Fixpen Singe" avec toujours son acolyte Caballero et deux MC's parisiens Kéroué et Vidji , membre du groupe initial Fixpen Sill.
C'est l'occasion pour lui de faire plus en plus de concerts mais aussi d'exprimer son talent lors des nombreux freestyles sur la géniale émission Grunt de la légendaire Radio Nova.
C'est donc après toute cette riche activité que Lomepal sort enfin son premier album , Flip.
On retrouve deux artistes belges talentueux , Caballero et le nouveau prodige Romeo Elvis , l'une des plus grandes révélations du rap francophone de cette année.
En ce qui concerne Lomepal , on découvre une nouvelle facette de sa personnalité , celle d'un grand admirateur de skateboard et de toute cette foisonnante culture urbaine.
Un milieu underground finalement pas si éloigné de celui du Hip Hop où la compétition et la persévérance sont les mots d'ordres.
Dans Skit Skate , il se permet même d’incorporer des bruits de skate afin de créer un morceau expérimental unique en son genre.
Avec Flip , on glisse sur une multitude de thématiques ; romantique et mélancolique dans le très beau "les yeux disent ". Mais aussi drôle et autosatisfait lorsqu'il évoque le pouvoir de l'argent, Lomepal réussit à merveille cet oxymore avec toujours une bonne dose d'ego trip ; dans 70 où il déclame son amour pour les années 70.
A l'inverse dans PalPal , le morceau qui ouvre l'album dont il faut absolument regarder le clip pour comprendre toutes les subtilités , son amour pour lui même cache en réalité une critique acerbe de notre société occidentale de surconsommation et foncièrement perverse. La télévision ,ce media d'une bêtise cruelle , met en scène des candidats prêts à s’entre tuer pour remporter la plus grande somme d'argent sous le regard excité du public.
Actuellement, les polémiques stupides envahissent nos écrans et la télévision n'a plus qu'un triste but , nous abrutir. Dans son délire d'ego trip rappelant vaguement celui d'un certain Slim Shady , Lomepal vise juste. Ce titre est certainement la grande réussite de cet album. Lomepal ne cesse de nous surprendre et on adore ça.