En 2011, le concept de faire du vieux avec du vieux, (une chanson inachevée des années 80 réenregistrée dans l'esprit des années 80...) avec un chanteur imitant Jon Anderson pour un nouveau numéro de The Voice, j'avais alors pas très bien compris l'intérêt ...
Cela m'avait laissé indifférent et le mixage orienté vers les synthés 80 de Geoff Downes avait fini de m'achever.


Or,
depuis 2 semaines, la nouvelle version remixée et réarrangée, avec la voix de Trevor Horn (vieux manitou producteur,et chanteur sur "Drama"), et plus d'arrangements vocaux dans les aigus, avaient fini par me convaincre et surtout, par m'emballer.
Alors que s'est-il passé, bon dieu ?



Tout d'abord, instinctivement, tu rentres directement dans cet album. Il se passe quelque chose dans la marmite Horn qui prend. J'ai la chair de poule, l'émotion me prend. Tout sonne plus "vrai", plus présent.



Il a même réussi à gommer le côté 80 et à réinsuffler un son plus crunchy, proche des années 70. Les synthés sont plus derrière et les guitare et basse ont plus de mordant. Donc l'ensemble sonne plus présent, plus rock, et certaines subtilités apparaissent.
Comme quoi certains choix de mixage peuvent "tuer" un album ...



Mais fondamentalement, l'ancien chanteur Benoit David, chantait trop scolairement, de façon trop appliquée, et cela ne pouvait nous toucher. Ici, Trevor Horn y met du sens et de l'émotion. Voilà ce qui change profondément.



Clairement, il travaille pour la postérité : "lorsque j'ai accepté de réenregistrer les parties vocales, c'était notre dernière occasion d'avoir le line-up de "Drama", je me suis dit "tant qu'à vivre avec cet album désormais, autant faire quelques modifications"" Et il a été bien inspiré Trevor Horn.



On est enfin vraiment face à un vrai album de Yes



Certains morceaux, tel "Life on a film set", "The man you always wanted me to be", "Sand night at the airfield", "Madman at the screen"et même "Fly from here" ont droit à une seconde vie. "Into the storm" fonctionne mieux, même si le thème instrumental principal joué au synthé me fait penser à Maya l'abeille, ou n'importe quelle série passant sur Récré A2...

Quant au nouveau titre chanté par Steve Howe, sans être extraordinaire, il prend une saveur bien particulière, surtout depuis qu'il n'est (quasiment) plus que le seul maître à bord et qu'il le chante ("now i'm left holding the key"). Et il est possible qu'avec un titre pareil, "Don't take No for an answer" fasse aussi le bonheur de quelques amateurs de fist ou de Shibari...


Merci donc à Chris, Steve,Trevor, Geoff. Et merci à Alan White, que je comparerais volontiers à Ringo Starr des Beatles : c'est un jeu précis et intelligent - pas d’esbroufe - mais une science du rythme qui m’apparaît de façon plus évidente dans ce mix 2018. C'est clair, j'ai toujours préféré Bill Bruford, mais cette façon de placer l'afterbeat à partir de 2'36 dans "We can fly", puis plus tard les mini break, est simplement génial.


Finalement, on finit par croire en cet album, et à l’accueillir dans notre panthéon intime des albums de Yes. Oui, maintenant on peut voler...enfin t'affole pas, ça reste quand même le second album des Buggles dans la discographie de Yes : ça sent un peu le crash aérien si tu suis mon regard... (Jon Anderson, reviens !)


titres : "Hour of need", "Madman at the screen", "Into the storm", "Life on a film set" et "We can fly"


(Quand je pense que j'avais noté 5 puis 6, l'album d'origine paru en 2011..)

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le 24 avr. 2018

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