Critiquer un album n'est pas un exercice simple. Quand on écrit pour un magazine, on prend un album sorti récemment, qu'on aime ou non, et on en parle, on le compare parfois avec ce que l'artiste a déjà sorti, on critique à chaud, on juge, on conseille ou non.

Quand on prend la plume pour parler d'un album sorti il y a 10 ans, qu'on admire, qu'on écoute sans relâche, autant le dire tout de suite, les mots manquent. Quand on aime un album à ce point, on se sent impuissant.

J'ai eu la chance, étrangement, de découvrir BRMC avec Baby 81, puis j'ai écouté les 2 premiers opus. Howl était donc la dernière étape de mon parcours initiatique. Et quelle étape. Après 2 albums dans la lignée des Stones ou du BJM, BRMC fait un détour polarisant: acoustique ? americana ? folk ? blues ? toujours dans le garage rock revival ? Rien de tout ça, et tout à la fois.

Cet album est tout d'abord une ode à la guitare mise au premier plan, de la folk à la demi-caisse en passant par une fuzz dont seul Peter Hayes a le secret: l'arpège qui donne des frissons, le riff qui nous secoue, la slide qui nous transporte, chaque chanson (ou presque) repose sur la 6 cordes, sans jamais délaisser le reste. Cet album est un voyage, à la fois intérieur et extérieur, nous touchant au plus profond de notre esprit, et nous donnant envie d'arpenter l'Amérique des grands espaces (clin d'oeil aux Inrocks http://lesinrocks-grands-espaces.tumblr.com/ ).
Un album adaptable à toute situation: à l'envie de vivre à fond, à la mélancolie, à la tristesse, au travail (si si); à toutes les écoutes, à plein volume dans la voiture, en fond sonore pour prendre un verre, allongé dans le noir le casque sur les oreilles. On redécouvre ce chef-d'oeuvre en permanence.

Je pourrais faire une revue chanson par chanson mais je n'en finirais plus, que ça soit les tubesques Shuffle Your Feet ou Ain't No Easy Way qui font exploser la foule, ou les intimes Restless Sinner et The Line à écouter seul au coin du feu au fond de sa cabane.
Je vais peut être m'attarder sur la chanson titre: un orgue, la voix caverneuse de Robert Been récitant un des plus beaux textes de ces dernières années, une ligne de basse qui rejoint le Panthéon aux cotés de Something et We Exist et qui exprime plus de choses que de nombreux artistes dans toute leur carrière, la voix de Peter Hayes qui rejoint cette magie dans un canon final à vous couper le souffle. J'attends toujours la découverte d'une aussi belle chanson. J'attends.

Quand je relis ce que j'ai écrit en fait je me dis que je n'ai rien dit. Donc je vais m'arrêter là avant d'en dire à la fois plus et moins. J'avais prévenu qu'il était compliqué de s'attaquer à une oeuvre qu'on adore, dans le vrai sens du terme. Tant pis, je m'en vais réécouter la galette.

Une chose est sûre, si cet album a divisé lors de sa sortie, car "déroutant" par rapport au style du groupe, je sais de quel côté je me range.
Baptiste_Jezequel
10

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Créée

le 12 févr. 2015

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