Toutes les œuvres de la nature qui ornent le monde...

Autant la troisième écoute récente de Greatest Show On Earth fût laborieuse, ce morceau ponctuant un album étrangement mixé aux sonorités un peu vaines, autant Music - paradoxalement son prolongement directe à sa trop grande soeur - aura su éveillé mon oreille d'emblée.


Un sentiment positif globale qui se traduira sur l'entièreté d'un Human II Nature, faisant la part belle aux douceurs lyriques et aux guitares puissantes pour un mariage certes pas follement original mais au moins plus subtil que sur Endless Forms Most Beautiful, son successeur digne remettant enfin la voix au coeur des compositions par une pagaille de choeurs masculins, de rythmes, de tons et d'interprétations évoluant au fil des intentions d'un Tuomas inspirant sachant mettre en valeur chaque membre du groupe. À commencer par la chanteuse, dont on ne se posera plus la question, après Anette Olzon, quant à la pertinence du choix depuis l'éviction de Tarja à l'écoute de certains passages proprement radieux...


S'ensuivra donc Noise [la dualité est explicite], premier single et point d'accroche idéal par sa réflexion optimiste sur l'évocation d'un monde extérieur existant hors de nos appareils technologiques qui s'ils demeurent de pratiques outils capables de belles choses, savent corrompre par notre dépendance à leur égard pouvant amener les pires dérives au détriment d'une nature toujours bien vivante, qu'il faut préserver...


Le discours est simpliste sans être manichéen, soutenu par une ambition musicale elle aussi plus directe, se focalisant sur l'essentiel.
On enchaîne avec Shoemaker ou le convenu côtoie la stupeur, Floor balançant tout puissance ténor avant de laisser sa place à l'anglais Troy sur Harvest, dans une audacieuse transition que je n'aurai personnellement pas ainsi placé dans la tracklist. D'autant qu'il y avait moyen de prolonger le frisson provoqué antérieurement par la dame, qui s'achève assez abruptement. Mais pourquoi pas. La longue partie instrumentale de cette quatrième pièce n'en demeure pas moins ravissante.


Interviennent alors Pan et How's The Heart, le premier appartenant entièrement au guitariste Emppu, le second sachant distraire avec bienveillance. Sans plus.


En point d'orgue du disque j'ai apprécié l'écrasant Tribal, sauvage prélude au plus progressif morceau de clôture Endlesness. Un peu longuet malgré la prestation de Emppu, il promet toutefois son instant de gloire à l'égaré Hietala [bassiste-chanteur] grâce à de formidables couplets...


Si chaque pièce se révèle ce faisant plus ou moins indispensable à la construction de l'ensemble (conceptuel textuellement), chacune se différencie individuellement et propose sa petite particularité. Que ce soit une ligne de chant, une mélodie, un riff, l'album a su varier les plaisirs et soutenir mon attention constante.
Seule ombre au tableau ; Procession, qui dénote par sa composition générique ne m'ayant rien fait ressentir.


Envoûtant, le second disque recèle quant à lui de beaux instants alliant poésie et forte expressivité orchestrale au cours du seul morceau présenté, compartimenté en plusieurs sections pour autant de manifestations issues de la Nature et ce qu'elles évoquent à son auteur ; Océans, Flore, Marais, Landes enneigés etc.
Certains mouvements interviennent à plusieurs reprises, visant l'homogénéité, pour mieux se répondre par des transitions généralement très naturelles. N'escomptez toutefois pas la moindre électricité ici..


Le parti-pris est encore plus radical que sur la bande-originale de Imaginaerum ~ le film, dont l'influence se ressent malgré tout ; l'on distingue les limites du compositeur qui peine depuis dix ans à renouveller son style, toujours élégant, parfois sobre, jamais complexe...


Et si je suis enthousiaste vis-à-vis de ce nouvel opus, plus réjouissant que son prédécesseur (je réitère), il ne change pas aussi fondamentalement la formule que Century Child ou Once en leur temps, voire Imaginaerum qui constitue finalement l'apogée des ambitions du leader.


Human II Nature est un album vibrant, entier, sans idées foncièrement nouvelles mais toujours juste et parfaitement interprété, musicalement comme vocalement.


Chaud et enveloppant par sa rythmique très vivante et ses nombreuses ruptures de tons, il saura vous embarquer ou constituer un excellent point de départ à ceux qui souhaitent découvrir Nightwish.
C'est un melting pot maîtrisé des différentes influences d'une longue discographie, moins grandiose que d'autres offrandes certes, mais quelque part aussi moins prétentieux. Même si l'on excusera aimablement l'ultime fantaisie de Tuomas, All the Works of Nature Which Adorn the World, accompagnement somme toute très digeste, dernière friandise d'un beau voyage.


Si son aspect ''entièrement orchestral'' vous rebute, arrêtez-vous néanmoins sur Ad Astra qui conclut divinement la partition, comprenant l'ultime apparition de Floor associée à la plus jolie mélodie de Tuomas depuis fort longtemps.

Vince_Axl
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le 9 avr. 2020

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Vince_Axl

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