En ces temps bénis (ou pas, c’est selon les fans) où la voix ayant donné ses lettres de noblesse à Killswitch Engage est retournée au bercail, un petit coup d’œil dans le rétroviseur s’impose. Le second éponyme de leur carrière, également l’ultime contribution d’Howard Jones (même si à l’époque on le savait pas) et le symbole de cette ère « HowJo » au final, on ne pourra pas dire que l’album porte mal son nom …


Quand l’heure du renouveau est venue et que finalement il ne vient pas … Avec les 2 albums auxquels le colosse black a participé, on sentait bien que Killswitch Engage avait affirmé une personnalité unique. Suivie par des hordes de djeunz ayant compris que leur formule était très vendeuse, ils se retrouvent pour le coup noyés dans la masse. Alors bien sûr, ils ont toujours la patte qui les rend irrésistibles, ces refrains bien foutus qu’on a envie de reprendre en chœur. Mais … on sentait que ça s’essoufflait déjà sur As Daylight Dies et ça ne s’améliore pas ici. Cet album c’était l’heure du tournant, mais non, nos chers Américains ont préféré continuer leur longue ligne droite.
C’est du pur Killswitch Engage. Couplets hurlés, refrains mélodiques, avalanche de lead guitar … on ne va pas vous refaire un dessin, tout est décrit dans les chroniques des précédents albums. La formule est usée, ça se sent par le gros lot de remplissage plutôt oubliables que compte cet éponyme (“A Light in a Darkned World”, “Save Me”, “The Forgotten”, “I Would do Anything”). Pas que ce soient des daubes, mais elles paraissent tellement quelconques venant de ceux qui ont sorti des “The End of Heartache”, “The Element of One” ou dans une certaine mesure “This is Absolution”.
On peut encore compter sur quelques belles tueries (“Reckoning”, “Never Again”, “Starting Over”) mais ce n’est plus assez, le metalcoreux est plus exigeant parce qu’il a pris l’habitude d’entendre ça chez 9 groupes sur 10. C’est donc du côté des titres déviant un peu de leurs coutumes qu’il faut chercher. “The Return” pour commencer, à mi-chemin entre la ballade et le doom/metalcore d’un “Desperate Times”. “Lost” est un peu dans la même veine, moins réussie mais digne d’intérêt. Ils s’en sortent assez bien, le timbre de Jones colle parfaitement à ce genre d’exercice. “Take Me Away” est excellente avec ses couplets posés laissant encore une fois la part belle à la voix parfaite de Jones. Détail non négligeable ce titre est entièrement chanté, dommage qu’il soit si court.
Et les autres ? Ah bah oui, étrangement Adam Dutkiewicz se fait oublier sur cet opus. Il ne chante presque plus, n’est guère plus enthousiaste à la guitare (l’esprit ailleurs ? trop occupé par Times Of Grace peut-être ?). C’est Justin Foley qui se lâche énormément, martyrisant ses fûts comme jamais auparavant (“I Would do Anything”, dommage que la chanson soit pas géniale). Basse et guitare rythmique sont un peu en retrait, on a connu Joel Stroetzel en meilleure forme niveau riffs. Une occasion ratée, c’était le meilleur moment pour surprendre leurs fans, au lieu de ça, ils en sont restés au même point. Après avoir foulé des scènes prestigieuses comme le Wacken Open Air, on aurait pu espérer un peu plus d’ambition de leur part. Le potentiel était là, pourtant …


Du gâchis. Ils ont les capacités pour faire mieux que ça mais n’ont pas mis à profit les années ayant suivies As Daylight Dies pour se réinventer. Ne reste donc qu’un groupe avec 2 chefs d’œuvres à son actif, jusqu’à preuve du contraire. “This is Goodbye” comme ils l’annoncent en fin d’album, en tout cas goodbye au Killswitch Engage tel qu’on l’a connu … J’espère bientôt les retrouver plus créatifs maintenant que Jesse Leach est de nouveau en selle.

JoroAndrianasol
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le 30 août 2019

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