L.D. 50
6.5
L.D. 50

Album de Mudvayne (2000)

En 2000 débarque Mudvayne, nouvelle formation de néo-métal, remarquée par Shawn Crahan, le fameux clown de Slipknot. Proposant leur première réelle galette avec L.D. 50 (le disque précédent n'étant qu'une démo vendue à 1000 exemplaires), on pourrait s'attendre à ce que le groupe suivent les marques de l'hydre à 9 neufs têtes, étant produit par l'un de ses membres, étant influencé par eux et en prime, venant également de l'Iowa.
Il faut dire que le titre principal de l'album, le démentiel Dig, annonce une couleur très proche. Violant à souhait, la double pédale et les gros blocages bien métal s'imposent, sans oublier une voix qui n'a aucune limite pour le scream. Dig est un hymne percussif qui ne laissent pas de calme et martèle sa force sans compromis. On est bien dans une engeance de Slipknot. Pourtant, une chose se remarquera aussi : la basse. Outre la ligne de basse particulièrement complexe au niveau des couplets avec un dynamisme incroyable, c'est le son qui tout de suite s'impose. Mudvayne semble penser les sonorités de basses différemment de son grand frère Slipknot, et ce n'est pas la Warwick de Ryan Martini qui dira le contraire.


En réalité, Mudvayne apparaît être un mélange étrange entre 45% de Slipknot, 45% de Tool et 10% de néo-métal plus standard (Korn, Limp Bizkit, Static-X). Le mixage vise en effet une unicité guitare/basse plus prononcée que dans d'autres groupes. Le son de basse se remarque, donne son charme au groupe et semble demander à la guitare de la suivre, exactement comme pour Tool.
Greg Tribbett (guitare) ne cherche pas comme Tool à jouer dans des sonorités subtiles mais bien à offrir une rythmique efficace et pourtant d'une précision diabolique.
Ce mixte Tool/Slipknot se ressent particulièrement sur des titres comme Cradle qui nous montre vraiment la douceur, l'atmosphère toolien accompagné de passages métal très violents, très agressif, sans compromis véritablement cauchemardesques.
Autre preuve d'influence de Tool : ses fameuses intros de morceaux qui sont des pistes entières. On notera Monolith qui ouvre l'album, Golden Ratio qui annonce Cradle, Mutatis Mutandis et Recombinant Resurgence. Sans oublier Lethal Dosage.
La voix de Chad Gray, très douce par moment, rappellera Maynard de Tool. Et bien sur, il incarne aussi le propre de Mudvayne : il a aussi sa violence, son phrasé personnel par moment.
L'influence Tool est là ce n'est pas possible de ne pas l'entendre (au hasard sur l'excellent Prod qui semble vraiment sorti de Tool, là on est presque au plagiat tant ça y ressemble, c'est fou), mais Mudvayne est un groupe d'un rare talent qui a totalement digéré ses influences et propose quelque chose de neuf.


L'album a plusieurs temps forts. Le premier au démarrage où, après un magnifique Dig jusqu'à un excellent Death Bloom (qui montre la notion de « douceur » pour Mudvayne et de violence, et un superbe échange guitare/basse). On a le fou Internal Primates Forever, qui, cette fois, rappelle un peu Korn (sur Life is Peachy) qui est d'une puissance brutale sans concession et d'un jeu de basse diaboliquement posé. Et un -1 un peu moins bien certes, mais qui permet également de se rapprocher d'un néo-métal plus conventionnel, très efficace.
La pause Golden Ratio qui permet de lancer un Cradle dont j'ai déjà fait l'éloge (c'est toolien mais c'est simplement parfait grâce à la présence d'une très forte violence) annonce aussi un passage moins agréable. Nothing to Gein est cependant très intéressant de par ses rythmiques surprenantes qui là encore montre un côté post-Korn, mais au-delà de l'intérêt des couplets c'est quand même pas mal creux.
Everything and Nothing est un titre agréable, très sympa par moment et beaucoup moins par d'autres (pont post-refrain) qui offrent un néo-métal conventionnel remixé à la sauce Mudvayne. Les passages très mudvaynien sont donc agréable, mais le reste, trop banal, se montre sans intérêt, bien qu'assez court, le titre offre des passages vraiment intéressants et d'autre sans passion. Le genre de morceau qu'on écoute en fond, dans la voiture par exemple, mais sans faire gaffe.


Puis vient un doublet que j'adore : Severed et Prod (Recombinant Resurgence servant simplement d'intro à Prod).
Les deux plus beaux morceaux de l'album pour moi. Severed montre tout le potentiel du groupe : violence, douceur, mélodie, brutalité, rythme complexe, basse en avant, batterie tonitruante, guitare carrée. On oublie le Slipknot sans saveur que Mudvayne pourrait recracher, on oublie les références moyennes, on a du Mudvayne incroyable ici. Pour moi on est clairement dans l'annonce de leur second album, The End of All Things to Come.
Prod a déjà été mentionné comme étant à la limite du plagiat de Tool, mais pour autant, ne boudons pas notre plaisir : l'écoute est ravissante.


A partir de là, l'album perd en qualité, bien que les titres soient corrects, ils ne sont plus aussi bons, malgré les refrains de Pharmaecopia et Under my Skin dont la rythmique est amusante (mais quand même pas très intéressant dans l'ensemble). (K)now F(orever) a beau rappeler toutes les qualités du groupe au niveau sonorité, la composition est assez pauvre et ne convainc guère.
C'était tellement triste de terminer là-dessus que le groupe a décidé de terminer par Lethal Dosage qui relance le disque sur Monolith, comme si la dose létal était l'album lui-même, en boucle. Cette idée est marrante mais, outro+intro on est à presque 5 minutes identiques pour un relancement.


L'album est très bon et pourtant, je ne me vois pas lui mettre 8. Je n'ai pas été sous le charme globale, peut être ai-je trouvé les transitions de trop ? Ou en tout cas, trop nombreuse ? Peut être, finalement je trouve qu'il y a une vraie coupure entre les 5 premières pistes et ce qui suit, qui est plus réfléchie, plus aérien, plus varié ?
Peut être aussi que les déceptions ont été trop fortes.
Il faut dire qu'avec 17 pistes et 68 minutes au compteur, l'album est un poil long, ce qui ne l'aide pas, au vu de sa complexité. Car je trouve que la longueur se sent d'avantage que pour du Tool justement.


Ca reste cependant un album de grande qualité que je conseille à ceux qui aiment le métal et/ou les math.

mavhoc
7
Écrit par

Créée

le 12 avr. 2015

Critique lue 363 fois

8 j'aime

mavhoc

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8

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michel1664
9

Très bon.

Qu’est ce que j’ai pu écouter ce premier album de Mudvayne à l’époque. Pourtant je suis normalement plus fan de chose plus « old school » (bon j’avoue j’aime bien Slipknot aussi !)...

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