La Condition masculine
7.4
La Condition masculine

Compilation de Francis Bebey (1991)

La condition masculine, un chef d'oeuvre novateur ?
Francis Bebey, le gainsbourg camerounais ?

Ce sont en tout cas les propos que tiennent les critiques de nombreux journaux dont le sérieux est établi depuis longtemps. Par delà les critiques dithyrambiques, parfois facilement exaltées, les a-priori contradictoires et les impressions diverses j'ai essayé de me creuser un peu : En quoi cet album est-il bon ?

On adore ou on déteste ? Mon premier contact, "Hannibal Oyé" m'a au départ franchement déplu. Dans un contexte inadapté, j'ai trouvé ce morceau franchement dégueulasse, au niveau des chansons comiques du plus bas étage.
La brèche dans mon attention, souvent gardée par une armure d'a-priori bien étanche est due à la chanson Agatha. Il n'a pas fallu longtemps pour que tout l'album s'y engouffre, voire n'y prenne une place quelque peu démesurée. En effet, ces petites ritournelles entraînantes aux paroles délurées savent se rendre obsédantes.
La condition masculine c'est la simplicité qui assume le simplisme, un Je vous aime zaime zaime qui rappelle en effet ces petits airs merveilleux dont Gainsbourg avait le secret. C'est une mise perspectives de nos modes de vie, une satire des "chocs culturels" avec des morceaux comme la condition masculine et divorce pygmée, un hymne à la vie, au bonheur, au malheur, au tragique.
Musicalement, c'est le pont entre les sonorités africaines traditionnelles et celles, occidentalisées qui retournent aux pays : Divorce pygmée et sa ligne de basse à la Motown, les syntés, les boites à rythmes. De ce point de vue, Bebey s'inscrit dans la lignée des artistes comme Fela Kuti, du mouvement afrobeat, de la vague de rock psychédélique africain des années 70 où l'Afrique découvre un aspect de sa propre culture dans la musique occidentale des 60s et s'en inspire.
Par delà toutes ces belles considérations, force est de constater que malgré toutes ses qualités cet album n'est pas un Quincy Jones, ni un Gil Scott Heron, certains peut-être me contredirons. Les musiques de cet album confèrent plus à la chansonnette que l'on écoute avec un certain intérêt qu'à ces musiques qui nous transportent.
Il nous fournit néanmoins une preuve de plus que qu'importe l'époque, le lieu, les influences, il y a une infinité de façons d'approcher la musique, avec succès.
educharm
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le 7 juin 2012

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educharm

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