Ce n'est pas chose aisée d'entreprendre la rédaction d'une critique de jazz quand on n'est pas très légitime pour en parler. Le jazz, ça a sa petite aura, voyez. Mais voir si peu de notes et aucune critique pour un album comme Let My Children Hear Music m'a poussée pourtant à franchir le pas en risquant peut-être d'être inexacte et de ne pas rendre suffisamment hommage à ce monument musical.

L'origine de l'affection que je nourris pour Let My Children est facile à trouver, mais aussi facile à reprocher pour les puristes : il y a de l'orchestration, et j'aime bien les orchestres. Tous les morceaux ne la mettent pas en avant de la même façon, mais entendre pour la première fois Adagio Ma Non Troppo ou The Chill of Death, sans forcément les apprécier à leur juste valeur au début, m'a immédiatement envie de remettre une pièce dans le jukebox et d'être, les écoutes suivantes, plus attentives à chaque variation, chaque note produite par chaque instrument. Au final, chacune de mes écoutes devinrent une plongée dans un océan de génie à l'état pur. Cela fait maintenant un mois, et je suis très loin d'en avoir fait le tour.

Mingus était conscient qu'il avait composé là son meilleur album, s'enorgueillissant de ce qu'est devenu son improvisation au piano qui devient ici Adagio Ma Non Troppo, morceau devant très clairement être érigé en grand classique, non pas seulement du jazz, mais de la musique tout court. Mais il n'y a pas à bouder ses autres compositions, tout autant marquées par le brio de leur papa et par leur vivacité (okay, The Chill of Death ne rentrera pas dans cette dernière catégorie) : The Shoes of the Fisherman's Wife Are Some Jive Ass Slippers, Taurus in the Arena of Life, Hobo Ho et une contrebasse au top du top, Don't Be Afraid, the Clown's Afraid Too et ses cuivres burlesques marquent de leur empreinte les esprits des auditeurs au fur et à mesure des écoutes de cet album dont on ne se lasse absolument jamais.

J'ai lu de-ci, de-là que Let My Children Hear Music n'était pas le meilleur album pour rentrer dans l'oeuvre de Mingus : peu représentatif de ce qu'a fait le monsieur par ailleurs, plutôt complexe, l'écoute pourrait déconcerter celui qui aimerait s'y aventurer directement. Pourtant, je pense sincèrement que n'importe qui, et en particulier les amateurs de musique symphonique, pourrait facilement se laisser porter par ces riches compositions où se mêlent orchestrations et musique jazz pensées et exécutées à la perfection.

(En passant, merci à JoeyT pour la découverte !)
Nolwenn-Allison
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le 2 févr. 2015

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Nolwenn-Allison

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