Dans la catégorie, restreinte, des immenses guitaristes encore en activité, difficile de ne pas inclure très haut dans le classement David Gilmour tant ce dernier aura marqué de ses compositions, et plus encore de son style, le rock au sens large, des seventies à aujourd’hui. Influence majeure d’un paquet de guitaristes en herbe (ou pas), l’ex Pink Floyd ne s’est pas uniquement reposé sur ses lauriers depuis la fin quasi officielle du groupe (si l’on excepte la coda The Endless River en 2014) mais aura su piocher dans un réservoir doré de morceaux de choix. Avec deux albums solo (On an Island en 2006 puis Rattle that Lock en 2015) et quelques live, c’est évidemment avec l’intention de revisiter une carrière phénoménale que sa dernière tournée aura parcouru le monde. Son escale à Pompéi n’est d’ailleurs pas anodine. Le concert mythique donné par Pink Floyd en 1972 avait accouché d’un film non moins phénoménal (signé Adrian Maben), témoignage fascinant d’un quintet qui allait exploser le box office quelques semaines plus tard avec Dark Side of the Moon (1973) et entrer définitivement dans la légende.


Enregistré en 2016, soit 35 ans après la prestation du Floyd sans public, à la même place, cet enregistrement public met les grands plats dans les grands (ça tombe à pic) avec une version CD, DVD, Blu-Ray et coffret Deluxe qui va bien. Si les deux précédentes tournées du maître s’étaient éloignés des stades, pour un format plus intimiste, cette dernière allait mettre la gomme en passant du Hollywood Bowl au Radio City Music Hall avant d’atterrir, donc, dans l’amphithéâtre de Pompéi. David Gilmour avait rendez-vous avec l’histoire, celle avec un grand H (les gladiateurs et tutti quanti) et celle de sa prodigieuse carrière.


Pour l’affaire, ce dernier ne jouera d’ailleurs qu’un seul titre commun avec la prestation du Floyd, « One of These Days ». Le titre « Echoes » n’étant plus joué depuis le décès de Rick Wright, le concert saura malgré tout lui rendre hommage à travers « The Great Gig in the Sky » et « A Boat Lies Waiting ». Autre hommage incontournable, celui pour Syd Barrett avec « Wish You Were Here ». Check. Le reste de la setlist propose ce que Gilmour aura fait de mieux en solo (« In Any Tongue », « On an Island ») tout en picorant dans les standards du Floyd, au plus haut niveau : « Comfortably Numb », « Shine on Your Crazy Diamond », « Money », « Fat Old Sun » et, sommet absolu, une version dantesque de « Division Bell ». Le son est évidemment aux petits oignons et le show en vidéo éblouissant. Filmage, montage, rendu et piqué sont d’un très haut niveau de qualité et permettront aux fans comme aux nouveaux venus de constater l’inévitable virtuosité d’un David Gilmour (très bien entouré) au sommet de son art, sachant entremêler intensité et sentiments au milieu des fantômes du passé, à l’ombre d’un Vésuve aussi impressionnant que le spectacle offert.


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