Rien à Branler
5.2
Rien à Branler

Album de Lorenzo (2018)

Les blagues les plus courtes sont les meilleures.

Lorsque j'ai découvert Lorenzo l'année dernière, j'ai direct accroché. Son Freestyle du Sale où les punchlines graveleuses, misogynes voire même racistes s'enchaînaient à 200 à l'heure sans aucune logique avec une totale gratuité, je l'avoue, ça m'a bien fait rire. Un flow faussement burné sur des punchlines loufoques, ça m'a rappelé Orelsan sans le sérieux qui a tendance à vite me souler chez le caennais (et aussi le vide gigantesque laissé par ses lieux communs de jeunes campagnards fatigués et désabusés 2.0).


Seulement, à la base, Lorenzo et son personnage, c'est une blague, une blague pour faire rire (les jeunes) et pour faire chier (les puritains). Ça a été un sacré bordel quand le mec a débarqué à l'époque. On attendait avec impatience chaque nouveau titre de ce bon vieux Lolo pour voir quelle connerie il allait encore pouvoir sortir. Puis est venu le temps du premier et du deuxième album. La hype est redescendu. Et c'est là que ça se casse la gueule, la blague a assez duré malheureusement. Je ne veux pas avoir l'air du vieux con déjà lassé qui a besoin de nouveauté sans arrêt sinon il se plaint mais je n'arrive pas, et ce n'est que mon point de vue personnel (je peux tout à fait concevoir qu'on puisse prendre un panard sur Lolo), à rentrer dans les morceaux où ce dernier se veut "un peu plus" sérieux et où on aperçoit une tentative de storytelling crédible.


Une écoute suffit à dénicher les quelques bonnes punchlines ici-et-là, pour le reste, rien n'y fait, le personnage de Lorenzo surplombera toujours sa musique et ce n'est certainement pas lui que j'ai envie d'entendre lorsqu'il s'agit d'entendre des histoires plus sérieuses. Lorenzo a trop poussé son personnage dans l'auto-caricature. Il n'est qu'un personnage qui dépasse l'intérêt porté par sa tentative de création musicale. Dès lors, comment accepter la crédibilité tentée de ses textes ?


ça tourne en rond, l'humour reste le même, la profondeur est très peu existante et cette voix nasillarde de Lorenzo ne peut pas, à mon sens, solidifier et crédibiliser les propos de Lorenzo, si intègres qu'ils puissent être (et ce n'est pas le cas sur ce nouvel album).


C'est fun, c'est drôle, ça s'écoute une fois (p'têt deux, en soirée, trop bourré avec ses potes car c'est quand même drôle de fumer un pétard sur fume à fond) mais ça s'arrête là. Lorenzo ne survivra pas à un troisième album. La blague s'arrêtera tôt ou tard et je suis sûr que Lorenzo et son pote Rico en ont eux-mêmes conscience.


Bel effort tout de même.

LesterBangs
5
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le 7 mars 2018

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LesterBangs

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