Contre toutes attentes : "Sleeps With Angels"

Sleeps with Angels fait suite à Ragged Glory album électrique et dans l’air du temps, et à Harvest Moon lui totalement acoustique, qui voit Neil Young revenir à un style plus soft, celui qui l’a propulsé aux sommets au début des années 1970. Acclamés par la critique, ces deux albums ont de fait marqué le retour du Loner sur le devant de la scène, et définitivement enterré ses errements discographiques des années 1980. En 1994, alors en plaine vague grunge et quelques mois après la mort de Cobain, le chanteur canadien sort un album pour le moins singulier, sombre, emplit de spleen.

Ce n’est pas la première fois et ça ne sera pas la dernière, cet album est plus ou moins centré sur un titre phare, fleuve : Change your Mind. La différence ici, c'est « l’enrobage », qui reste de très bonne facture ce qui ne fut et ne sera pas toujours le cas par la suite. On voit donc une succession de titres alternant ou mélangeant légèreté et dureté ; noirceur et tristesse suintant à tous moments. Blue Eden peut par exemple sur certains points, rappeler les sonorités de la BO de Dead Man. Le titre Sleeps with Angels, hommage à Kurt Cobain parti dormir avec les anges, témoigne quant à lui de l’émotion provoquée par la mort du chanteur de Nirvana, qui empruntera des paroles de My My Hey Hey pour conclure sa lettre de suicide. « It’s better to burn out than to fade away. »

Déroutant, Sleep with Angels prend la contre-allée et nous propose un ensemble de titres léchés, témoignant du grand pouvoir de composition du Loner qui nous montre une nouvelle fois sa capacité à signer de grands albums, intimes, loin des tubes et des cannons attendus.

Un album trop souvent laissé de côté. Original et intime.