Sun
6.6
Sun

Album de Cat Power (2012)

Quitte à pomper sans scrupules le slogan de campagne de notre nouveau président, pour Cat Power aussi, le changement c’est maintenant ! Changement de coupe de cheveux, changement de vie suite à une rupture et surtout changement de style. Son dernier vrai album, en dehors des reprises de Jukebox, datant déjà de l’année 2006 (The Greatest), c’est avec un grand plaisir que l’on retrouve la belle Chan Marshall (Cat Power étant son nom de scène). Et c’est effectivement comme si nous faisions la connaissance d’une nouvelle artiste. Mixé par le français Philippe ZDAR, (moitié de Cassius et producteur de Phoenix), l’album nous change complètement des chansons soul-folk dépressives qui ont jusque là émaillé son parcours artistique. Avec Sun, C’est en direction du soleil que l’artiste regarde maintenant (ndlr : elle était facile celle-là) et c’est la voie qu’elle nous encourage à suivre à travers ses chansons.

Premier titre de l’album, Cherokee nous met dans le bain immédiatement, une guitare m’évoquant Johnny Marr (des Smiths), un petit côté électro qui prend rapidement le dessus et en fond sonore le léger accompagnement d’un piano. Le texte est d’une sincérité crue : “Bury me, marry me to the sky” nous répète inlassablement Chan Marshall au milieu d’un arrangement sophistiqué. La chanteuse se permet même de mettre le cri d’un aigle au milieu de la chanson et ce qui aurait pu passer pour ridicule passe ici comme un charme. Un de mes coups de coeur. S’ensuit le titre ayant donné son nom à l’album, Sun, au tournant électro encore plus assumé, c’est simple, on se croirait devant du Massive Attack. Surprenant mais malheureusement pas franchement réussi.

Autre genre abordé, c’est vers une ambiance salsa-latino que s’ouvre Ruin, le 1er single de l’album. Le morceau se complète avec des riffs de guitare bien sentis et Chan nous conte ces voyages à travers le monde et le décalage qu’elle a pu constater entre des gens qui ont tout et se plaignent et ceux qui n’ont rien et qu’on n’entend jamais. Une grosse réussite. Arrive 3,6,9 qui nous rapproche du hip-hop. La voix de Chan Marshall, pourtant parfaite au naturel, est transformé par un vocodeur et on le regrette beaucoup. L’éloignement des genres est trop grand entre les sonorités classiques de Cat Power et ce hip-hop pour que le titre soit convaincant. Un essai non transformé.

Avec son rythme lancinant, Always On My Own nous sert de passerelle vers le reste de l’album et donne la troublante sensation d’être plongé dans une rêverie. C’est vers un rappel au premier morceau (Cherokee) que nous ramène Real Life, aux synthés funky et robotique. Débute alors 2 autres grosses réussites, Human Being et Manhattan, l’une donnant l’impression d’être au milieu d’une tribu amérindienne du siècle dernier, à tourner autour d’un feu de camp, le tomahawk à la main. L’autre développe un gimmick mélange de piano et d’électro sur toute sa durée, la voix de Chan faisant le reste du travail pour nous envoûter et nous laisser glisser vers ce soleil, promis depuis le début.

Silent Machine est une piste anecdotique, à rapprocher des Black Keys et autres Kills mais sans la force de frappe de ces derniers. Une contribution limité mais amusante de l’Iguane Iggy Pop sur la ritournelle Nothin But Time apporte une variation aux 11 minutes que dure ce morceau. L’impression finale est que le morceau est trop long et qu’une coupe des 3 dernières minutes l’aurait sûrement dynamiser sans donner cette sensation d’ennui que l’on sent poindre au bout d’un moment. Vraiment dommage car le fondu en fermeture est là au bon moment mais n’est pas exploité. En guise de conclusion à cet album, les guitares terminent dans la dureté (Peace And Love), comme si Chan voulait bien marquer la différence et nous matraquer cette nouvelle artiste qu’elle est devenue.

Changement de direction pour Cat Power qui privilégie un album orienté vers l’électro et vers des chansons enjouées. Grâce à des textes réussis et à sa voix enveloppante, Chan Marshall, pour son 8ème album, réussit plutôt bien cette (r)évolution musicale. Tout n’est pas parfait et certains fans de la sublime soul de The Greatest ne s’y feront certainement pas. Il reste que plusieurs morceaux sont de franche réussite et qu’il est plus qu’enthousiasmant de voir un artiste en mouvement.
alfextra
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le 3 nov. 2012

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