The Beautiful Game
7.5
The Beautiful Game

Album de Vulfpeck (2016)

Vulfpeck nous avait habitué à la surprise : après 4 EP annonciateurs de la qualité qui est la leur, le quintet américain avait mis en ligne, sur la plateforme Spotify, un album totalement muet, malicieusement dénommé Sleepify. L’audace et la créativité une fois démontrées, le gang furibond a fait profiter l’originalité à ses fans, puisque les gains récoltés ont servi au financement d’une tournée en accès libre, le Sleppify Tour, s’étant déroulée en 2014. L’inventivité s’accordant donc avec leur conceptions musicales, Vulfpeck prouve que, décidément, ils ne sont pas prêts à se mettre une quelconque pression et que, fort de leur dérision tout-terrain, ils sont prêts à rouler sur les gaillards sentiers sudatoires de la funk music. Ils entrent dans la cour des grands, autrement dit, « The Beautiful Game », paru en 2016.


Le disque trace sa route dans un paysage réjouissant. Les têtes se balancent automatiquement, et les doigts claquent spontanément. Les morceaux s’enfilent dans une ambiance pourtant hétéroclite, qui tend à rapprocher la course de Vulfpeck d’un 110m haies d’hommages. « Animal Spirits » prend des airs d’un Jackson Five ressuscité pour l’occasion, tandis que « Dean Town » ne se cache pratiquement pas de la référence avec « Teen Town », morceau phare (montrant la voie au talentueux bassiste Joe Dart) du sacro-saint Jaco Pastorius. Le quintet du Michigan ne s’embarrasse pas, et joue comme il le sent. On crie au plafond sur « Conscious Club », hymne disco multi rythmiques d’une fraîcheur incandescente, on chavire dans le pop « Margery, My First Car », avant de repartir une dernière fois sur « Cory Wong ». Celui-ci est témoin de l’état d’esprit du groupe : est incorporé une partie d’un concert où le public donne de la voix, reflet de la simplicité des musiciens, et de leur proximité avec leurs fans, à tel point que le nom du morceau est celui du guitariste. L’originalité simpliste est (fortement) appréciable. Le goût du vintage, retranscrit dans les clips tournés du chaud salon emblématique du Nord américain, renforce l’idée selon laquelle Vulfpeck aime ce qu’il fait, et que cette sincérité génère la qualité de « The Beautiful Game ».


Le quintet est en effet indéniablement composé de talentueux musiciens à l’aise et affable avec le vocabulaire funky. En témoigne notamment la souplesse et la technicité du jeu de Joe Dart, souverain sur ces fills de 4-cordes et au groove absolu de droit divin. Les guitares virevoltent et cocottent inlassablement, savamment entrecoupés de ghost notes diaboliques. Les claviers enrichissent et regroupent finalement tout l’auditoire sur le suave dancefloor. La tonalité générale, débridée et jubilatoire, rend compte de la marge de manœuvre de ces musiciens passionnés et passionnants. Les virages pop ou jazzy audibles le long du chemin affirment qu’effectivement, ce jeu musical est magnifique, puisque rassemblant les individus et les genres, le tout pour fêter ça dignement. Le jeu est beau, mais, fort heureusement, il n’est jamais fini.

Débruit
8
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le 8 juin 2018

Critique lue 504 fois

8 j'aime

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