En 1992 sort, sans doute autant pour l'hommage que pour faire marcher le tiroir-caisse, ce curieux album qui, contrairement à ce que promet le titre, n'en est pas un.
Queen n'est pas vraiment ce qu'on appellerait un groupe indépendant et sa démarche commerciale pousse les survivants (à l'exception du bassiste John Deacon qui vit sur ses rentes) à sortir au moins un produit par an. Que ça soit un ultime ultimate platinum golden very best of the best of greatest hits, un live (même avec George Michael), une compilation à thème ou pire, l'espèce d'aberration qu'est Queen+ (soit avec Paul Rodgers soit, et là quand même, avec Adam Lambert -et peut-être que j'en reparlerai une autre fois-), Queen est toujours prêt à r̶é̶c̶o̶l̶t̶e̶r̶ ̶d̶u̶ p̶o̶g̶n̶o̶n̶ faire plaisir à son public en lui procurant de quoi s̶o̶u̶l̶a̶g̶e̶r̶ ̶s̶o̶n̶ ̶p̶o̶r̶t̶e̶-̶m̶o̶n̶n̶a̶i̶e̶ faire vivre la légende encore plus longtemps.


Ce "Freddie Mercury Album" rend hommage au chanteur en proposant différentes chansons issues de ses projets en solo sous un nouveau jour, donc remixées pour la plupart.
Ca commence même plutôt bien avec un "The Great Pretender" que notre moustachu favori (ha ha c'est un piège, pour le clip il avait justement rasé sa moustache) se réapproprie avec une certaine évidence. Le morceau avait été enregistré en 1987, il est réemployé ici tel quel et c'est sans comparaison la chanson qui brille largement au-dessus du reste de l'album. Queen, ira même jusqu'à l'inclure dans son "Greatest Hits III" sans sourciller.
Les morceaux "Time" et "In My Defence" où Freddie Mercury utilise toute l'ampleur de sa voix sont toutes les deux issues d'une comédie musicale de Dave Clark intitulée judicieusement... "Time". Datant de 1986, elles sont tout à fait dans la veine des morceaux du groupe à cette époque, comme "It's a Hardlife" sur "The Works" ou "One Year ot Love" sur "A Kind of Magic" par exemple. Ce n'est pas ce que Freddie Mercury a chanté de mieux mais ça reste tout à fait sympathique et théâtral.
L'album inclut également le "Love Kills" de 1984 issu de la version sonore de "Metropolis" par Giorgio Moroder (encore un moustachu). C'est d'ailleurs le premier morceau solo de Freddie Mercury, à l'époque de "Radio Gaga" (qui utilise les images du film pour la peine, c'est à s'y perdre) et le morceau devait d'ailleurs être inclus à l'album "The Works" puisque le groupe avait déjà enregistré ses parties de batterie (enfin boîte à rythmes programmées par Roger Taylor) et guitare. Le concept de coller de la musique disco avec toutes les figures emblématiques des années 80 sur le film de Fritz Lang est une chose dont nous n'allons pas débattre ici mais pour ce qui est du morceau c'est un délire synthétique discoïde total où le chanteur semble plutôt à l'aise. C'est curieux et il vaut mieux porter une combinaison anti radiations pour s'y plonger. A noter que cette nouvelle BO obtiendra le Razzie Award de la pire BO de l'année, et la chanson celui de la pire chanson de BO, carton plein !
"Exercises in Free Love" est en fait une version solo qui est devenue un duo Mercury/Caballé "Ensueño" sur l'incroyable (plusieurs sens possibles) album "Barcelona". En fait il s'agit d'une démo que le chanteur proposa à la cantatrice afin de lui donner une idée de ce qu'ils pourraient enregistrer ensemble. Bon, techniquement on se rend compte des capacités du chanteur, réellement, c'est assez pénible à écouter.
Egalement issu de "Barcelona" se trouve, "Barcelona" (vous avez suivi ?) qui présente l'improbable duo Mercury/Caballé dans un morceau qui a fait un véritable carton non pas une, ni deux, mais TROIS fois : à sa sortie en 1988, à la mort du chanteur en 1991 et pour les JO de Barcelone en 1992 ! C'est une pièce montée tout à fait à l'image du chanteur qui réalise ici un rêve de gosse.
Viennent enfin (je n'ai pas du tout respecté la tracklist vous l'avez peut-être vu) cinq morceaux issus du premier album solo du chanteur, "Foolin' Around", "Your Kind of Lover", "Mr Bad Guy", "Let's Turn it On" et "Living on My Own". Les cinq sont remixés pour l'occasion et quatre d'entre eux gagnent ainsi un côté dance dans l'air du temps de 1992. Ce sont les versions que j'ai connues en premier puisque j'ai entendu l'album à sa sortie, mais avec le recul je me demande encore où se situe la légitimité de tout ceci. Oh les versions ne sont pas atroces (ni brillantes), mais elles ne sont pas moins datées aujourd'hui que les versions de 1985 issues de l'album "Mr Badguy" (dont sont issus plusieurs morceaux du "Made in Heaven" de Queen en 1995, je vous disais qu'on s'y perdait). "Mr Badguy" tire par contre son épingle du jeu en gagnant quant à elle un côté rock qu'elle n'avait pas du tout à l'origine, le riff et sympathique et on sent le chanteur bien plus motivé que sur les autres morceaux, ceci étant déjà le cas sur l'album d'origine.
Et puis il y a cet eurodiscoïde "Living on My Own", le coming-out (bon je ne sais pas si des gens ont été surpris, mais le clip de la version originale mérite le détour, je vous le mets ici pour tout oeil qui saura l'apprécier http://www.youtube.com/watch?v=KbqMD29qi58&feature=kp) tout en cuir, moustache, paillettes et perruques de Mercury. Le texte tristouille contraste avec le son taillé pour les boîtes de nuit pour un effet...un effet qui...je vous laisse juges pour une fois. A noter qu'il sera dans une version encore remixée, le seul n°1 d'un morceau solo d'un membre du groupe.


voix de fausset -Bon mais alors Révérend, qu'est-ce que vous en pensez de cet album qui n'en est pas un ?
voix de stentor -Ah mais ça je ne sais pas !


Quand je l'ai découvert, c'était à peu près mon premier contact avec Freddie Mercury et Queen, j'avais même fait une cassette mèlant le "Live at Wembley" et cette compilation et je l'ai baladée jusqu'en Angleterre lors d'un voyage scolaire. Donc vous imaginez bien qu'encore une fois, les souvenirs personnels modifient ma perception de cet objet. Les "Fooling Around" sur fond d'autoroute interminable dans la brume matinale resteront indélébiles dans ma mémoire. Jusqu'à quelques jours je vous aurais peut-être laissé sur ce que je dis plus haut sans ajouter cet épilogue autobiographique et j'aurais conclu que c'était une curiosité avec quelques moments plus heureux que d'autres. Oui mais voilà, je l'ai réécouté il y a deux soirs, pour m'endormir en fait (oui c'est bizarre) et plutôt que de faire effet de somnifère, ça m'a replongé dans cette époque et ravivé tant de souvenirs que je me suis fait un devoir d'en écrire une critique.
Etrange situation donc, puisque c'est le formidable pouvoir évocateur de cet album sur moi, le fait qu'il ait été là dés l'origine de ma passion pour la musique et qu'il soit donc une sorte de balise incontournable dans mon petit parcours, qui me pousse à écrire une critique où je dis qu'il n'est franchement pas terrible !


*Avec toutes mes excuses pour ce titre, mais je n'ai pas suffisamment honte pour le changer.

I-Reverend
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le 3 juil. 2014

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I Reverend

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