Trés bonne surprise

Il est facile de comprendre pourquoi cet album a été critiqué bien trop sévèrement. Depuis Californication (Certains puristes diront depuis l'incroyable One Hot Minute, les plus ultras depuis Blood Sugar Sex Magik) , tous les gens qui aiment les red hot s'accordent à dire que les opus suivants sont de plus en plus ennuyeux, hormis quel titres de ci de là, le groupe n'étant devenu plus qu'une usine à tubes pour RTL 2 pour le portefeuille. Le départ de Frusciante après l'indigeste stadium arcadium semble signer la fin définitive de l'espoir d'un bon disque des red hots, et l'énorme plantage d'I'm With You, disque plat, artificiel, sans imagination ni alchimie avec un guitariste transparent confirme le jugement. C'est donc peu de dire que personne n'attendait rien de The Getaway...Raison pour laquelle je suis passé à coté de lui lors de sa sortie.

Force est de constater que tout le monde avait tort. Visiblement, si le précédent opus n'avait pas été agréables pour les oreilles des fans, il aura au moins servi à ce que Josh Klinghoffer prenne ses marques et s'ajuste avec flea : la guitare et surtout la basse de Flea qui reprend (enfin !) des couleurs sont le moteur nucléaire de cet album aventureux, qui ne rechigne cependant pas sur les vieilles recettes (ah, le slapping de flea..). On passe de chansons pops mélancoliques franchement réussies comme dark necessities, à des riffs rocks bien crades comme détroit, ou le dingue this ticonderogua, des moments qui sentent bon l'alchimie nouvelle du groupe ( le finish de Goodbye angels).

La production aide à emmener le groupe dans ces nouvelles directions en donnant un coté psychédélique, planant, sec et moderne. On sent que le groupe a bossé dur pour faire une galette consistante du début à la fin.

Quelques bémols ? Des passages encore mous du genou, des facilités pops, un kiédis qui franchement a du mal à suivre quand la rythmique s'emballe. Quand est ce que tu nous referas un refrain à la parallel universe ou pire, à la coffee shop, Anthony ? Je suis pas loin de croire que c'est lui qui donne cette teinte un peu pépé au groupe, d'autant que les lyrics semblent parler de sa difficulté d'assumer le fait de vieillir. C'est pas en enchainant les "hey yo" un poil ridicules que tu vas rajeunir, mais plutôt en donnant un peu de voix de temps en temps....

Oui les red hots ont changé. Mais prétendre que ce changement est sans inventivité, plat, juste parce qu'on s'accroche aux disques mythiques est une pure fainéantise. C'est un album qui regorge de pistes musicales différentes, de moments qu'on sent créés par l'alchimie d'un groupe qui jamme ensemble, l'envie de faire du neuf. Après plus d'une trentaine d'années, je crois qu'on peut dire que ça mérite le qualificatif de "putain de groupe" même si ils ne sont plus aussi red hots que dans leur incroyables décennies des années 90.