Parker sonne maintenant comme tous les groupes qui l'ont plagié
Dans le monde de la musique indie, un album de Tame Impala c'est un peu comme Noël. Le soir venu, le Père Parker s'arrête devant nos chaumières pour y déposer douze cadeaux psyché joliment emballés. Cette année, le papier cadeau était signé Neil Nrug et la date de Noël tombait le 14 février.
À minuit une, le fan moyen se rue donc sur les plateformes de streaming, vibrant d'excitation . Mais pour la première fois, son visage se décompose : il a reçu les mêmes jouets qu'en 2012 et 2015. Envahit d'un profond sentiment d'amertume, il doit se rendre à l'évidence : Noël ne sera plus jamais pareil.
La déception passée, le fan s'assoit religieusement pour réfléchir, quand une explication lui vient. "Parker sonne maintenant comme tous les groupes qui l'ont plagié". C'est donc ça. En 2010, le leader de Tame Impala avait ouvert la brèche à la scène indie mondiale grâce à une production innovante et des mélodies rêveuses. Mais dix ans plus tard, les élèves ont dépassé leur maître. Des musiciens comme Morgan Delt ou Ruban Nielson ont intégré ses codes pour creuser plus avant la formule Tame Impala.
Résultat : à son retour en 2020, Kevin Parker n'est plus leader mais suiveur. Mais la déception n'était-elle pas courue d'avance ? Comment Kévin pouvait-il égaler trois chef d'oeuvres dont l'influence résonne encore aujourd'hui ?
Séchant ses larmes, le fan parcourt le tracklisting et y trouve un tiers de singles efficaces, un tiers d'ennui et un tiers à jeter. Rien de catastrophique, mais rien de marquant. En réecoutant le disque, il se rend compte que les bonnes idées sont souvent gâchées par une voix guimauve ou des manœuvres balourdes. Les chœurs robotiques de "One More Year" finissent par s'embourber, le synthé acid de "Breathe Deeper" arrive trop tard et la géniale instrumentale "Tomorrow's Dust" s'encombre d'un chant. Terrible quand on mesure le potentiel de ces morceaux. Parfois, il retrouve son sourire quand Supertramp, les Chemical Brothers ou Michael Jackson - période Off The Wall - surgissent au détour d'un refrain.
Malheureusement, d'autres titres frisent carrément le mauvais goût, comme "On Track", véritable M83 du pauvre qui patine dans la mièvrerie. Ou sur la tentative de house "Glimmer", qui nous donne à voir Parker découvrant Virtual DJ en pyjama. Sans parler des longueurs du dernier titre "One More Hour", qui aurait mérité une amputation de 4 minutes pour le bien de l'humanité.
Au gré du disque, Parker se perd dans son ambition de faire une pop consensuelle, à deux doigts de la musique de mariage. Certes, un artiste se doit d'évoluer et il est logique qu'un introverti né dans l'underground se sente aujourd'hui le besoin de composer une musique universelle. Pour cette raison, les intentions de Parker sont louables. Mais il manque à The Slow Rush cette petite étincelle qu'on trouvait sur Currents et qui donnait à ses chansons un goût de reviens-y. Alors oui, le fan le sait, cette fois il n'a été ni tendre ni objectif. Après tout c'est normal : on est toujours plus dur avec ceux qu'on aime.
Top morceaux : Breathe Deeper, Lost in Yesterday, It Might Be Time
Flop morceaux : On Track, Glimmer, One More Hour
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