Du groupe Swell en tant que tel, on ne sait pas grand-chose. On sait que c’est un groupe originaire de San Francisco crée en 1989 par David Freel (guitariste) et Sean Kirkpatrick (batteur). On sait que le groupe compte à son actif pas moins de 13 albums de 1990 à 2007, et deux autres sous le nom Be my weapon.


Les pochettes énigmatiques des albums ne nous aident pas à en savoir plus. Cette recherche de l’anonymat et ce floutage des origines confirment, s’il le fallait encore, que Swell est bel et bien un groupe de rock surfant sous, dans et sur la vague indé. Tout au long de leur carrière : des pochettes d’album floues, des photos monochromes dont la luminosité est souvent saturée, des escaliers qui mènent à un point de lumière, des scènes fantomatiques, il y a eu la période dessins aussi, très inspirés par le toucher d’un Munch.


Et ce n’est pas pour nous tromper : la musique de Swell est tout aussi fantomatique. Cet escalier montant vers une fenêtre dont la lumière est presque aveuglante sur la pochette de l’album 41, j’ai souvent eu l’habitude de la voir à l’envers, les escaliers menant donc vers un sous-sol illuminé. c’est un peu comme ça que je vois Swell.


Leur son étouffé, la voix lancinante et pénétrante, la guitare électro-acoustique, et la batterie quasi toujours seules, créent un univers qui nous englobe, surtout quand on l’écoute au milieu de la nuit, accompagné par les vagues lumineuses des phares de voitures. Mais aussi sur une route d’été, longeant la mer, les cheveux au vent, car ce qui peut paraître d’abord carrément neurasthénique chez Swell finit par vous bercer peu à peu. Qu’on ne s’y trompe pas, encore une fois : l’ambiance un peu tristoune et la couleur lancinante des morceaux swelliens sont de ceux qui nous entraînent pour nous faire quitter terre.


Deux albums de Swell sont particulièrement incontournables : 41 et Too many days without thinking. 41, c’est celui dont je vous ai déjà parlé plus haut avec sa pochette en escaliers. L’album s’ouvre sur des sifflements, des bruits de clés qui cliquettent dans la poche, une porte qui s’ouvre, une guitare grattée et entêtante (comme souvent chez Swell), et voilà que nous avons pénétré dans la pièce lumineuse au bout de l’escalier. Vous remarquerez vite que les paroles sont bien souvent des kaléidoscopes d’émotions et de sensations, des tâches de Rorschach qui racontent des histoires qui semblent être vue de l’intérieur par quelque personnage fantomatique dont on ne connaît pas le nom. C’est encore plus vrai dans Too many days without thinking où il est question de crashs de voiture et de lumière apparaissant dans la rue, de promenades nocturnes, etc. « and i want to take you down and find out what is on your mind » (et je veux te secouer de haut en bas pour extraire ce qu’il y a dans ton esprit, « Bridgette you love me », Too many days without thinking, 1994) très flux de conscience tout ça, vous trouvez pas ?


Perso, c’est un groupe qui ne m’a pas lâché depuis mon adolescence et que j’écoute toujours, instantanément animée d’une impression d’inquiétante étrangeté et de décalage temporel bienveillant.


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Justine-Coffin
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le 17 janv. 2018

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