Etant un musicien très sobre, il fait l’unanimité quand à son oreille innée et sa capacité à transmettre ses sentiments chez ceux qui l’écoutent. Ce sont ces qualités qui l’ont permis d’exercer dans beaucoup de styles comme le rock, le reggae, le jazz, mais c’est bel et bien dans son style d’origine qu’il excelle le plus : Le blues. Et ce n’est finalement pas tant par ces « tubes » qu’il est devenu si célèbre, mais beaucoup plus pour ses nombreuses interprétations et improvisations, et donc principalement dans le blues, à tel point qu’il a fini par dépasser les versions originales de beaucoup de ses maîtres.

Cet album en est un des meilleurs exemples, où Eric refaçonne subtilement plusieurs de ses morceaux favoris ainsi que plusieurs compositions personnelles. Il interprète ici beaucoup de styles de blues différents. Je citerais pour commencer Malted Milk, qui reprend le style de blues le plus connu dit « delta blues », issu du répertoire d’une des légendes du genre : Robert Johnson. De ce même compositeur, il est aussi repris Walkin’ Blues mais joué à l’aide d’un dobro (guitare acoustique avec un système de résonateur spécial, donnant un son assez métallique) et d’un bottleneck (« goulot de bouteille »), redonnant une toute autre force à la chanson grâce à la maîtrise totale de l’instrument.

Dans ses autres reprises, on a aussi Hey Hey et le très connu dans le milieu, Before You Accuse Me. Tous deux dans un genre plus dynamique, le « Chicago Blues », se rapprochant plus du R’n'B des années 50. Il y a aussi une reprise que j’apprécie beaucoup : Nobody Knows You When You’re Down And Out. Cette version est pour moi un modèle du genre, car Eric a réussi à catalyser plusieurs sentiments que seul le blues peut apporter de cette façon : Un chant exprimant une certaine tristesse, avec un rythme puissant, mais avec finalement beaucoup de dynamisme des instruments et beaucoup de couleurs dans la mélodie et les solos (c’est bien de là que vient l’expression « The Blue Note » !).

Passons maintenant à ses morceaux personnels… Et là aussi il y a du niveau ! Commençons par la version de Tears In Heaven, qui est très probablement la version la plus triste et la plus belle qu’il ait pu nous présenter. Cette dernière a été écrite de par la douleur qu’Eric a ressentie lors du décès de son fils Conor, plusieurs mois auparavant. Je ne peux pas non plus passer à côté de Lonely Stranger, une ballade très mélancolique, où les chœurs et le piano apportent beaucoup de profondeur dans le jeu de Clapton.

Dans ses compositions purement blues, on retrouve Running On faith et le fameux duo gagnant dobro/bottleneck, là aussi très bien épaulé par le piano et les chœurs. Maintenant, comment pourrais-je omettre la version acoustique de Layla ? Qui est sans aucun doute, avec les arrangements et la qualité de la prestation, le chef d’oeuvre de ce concert. Le titre est tiré d’une histoire relatant un amour impossible, référence bien choisie puisque Clapton l’avait écrite pour déclarer sa flamme à la femme de son meilleur ami, George Harrison… Elle est belle la fraternité ! Je voulais aussi vous faire part d’un morceau que j’apprécie beaucoup : Old Love. Un morceau co-écrit avec le bluesman Robert Cray, qui évoque à la fois une certaine morosité, tout en étant très légère et très mélodique, avec deux très beaux solos signé Slow Hand et Chuck Leavell (claviers).

Dans la version remastérisée du concert, nous avons aussi droit à quelques inédits. Notamment la très jolie ballade My Father’s Eyes et la chanson Circus, aux paroles très personnelles, toutes deux issues de son propre répertoire, et que je conseille fortement! On y trouve aussi la très bonne reprise d’un des standards du blues Worried Life Blues.

Pour terminer cette critique, je souligne la prestation de la reprise Rollin’ And Tumblin‘ en hommage à Muddy Waters qui, avec Robert Johnson et B.B. King, ont été les plus grandes influences des groupes rock des années 60/70.
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le 3 déc. 2013

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