Von
6.5
Von

Album de Sigur Rós (1997)

J'ai récemment réécouté le premier album de mon groupe préféré: Sigur Ros.
Ça pose les bases (comme cette performance musicale).


Il m'est toujours agréable d'écouter ce qu'ils nous proposent en vue d'un apaisement, que ce soit devant mon ordinateur, dans les transports en commun, dans la voiture, dans mon bain ou encore dans mon lit au bord de l'endormissement et de continuer dans mon sommeil d'ailleurs, encore que leur récent virage avec Kveikur beaucoup plus rock s'y prête un peu moins, sans toutefois en être moins délectable.


Adepte inconditionnel de Valtari, d'Agaetis Byrjun ou encore de Með suð í eyrum við spilum endalaust (à vos souhaits), j'en avais oublié les débuts très contestés du groupe islandais mythique.


Aussi, s'il est souvent d'usage d'écouter le premier album d'un groupe afin de s'en faire une idée, ici, je ne peux que recommander aux novices de faire l'impasse.
Car Von, même s'il est censé incarné l'espoir, traduction littérale de son titre, ne nous communique que son contraire voire l' horreur à l'image de sa première piste éponyme de 9 minutes toute en instrumentale strident.


Il n'est pas coutume de débuter par un album expérimental et seuls les plus aguerris peuvent se permettre ce genre d'extravagance en milieu de carrière au risque de se voir jeter aux oubliettes par la communauté de fans. En cela, Sigur Ros doit avoir eu raison d'expulser cette phase créatrice très tôt... quoique... Von a rencontré un échec cuisant avec des ventes s'élevant à à peine 313 exemplaires dans leur pays d'origine ce qui a failli conduire le groupe à son extinction avant même qu'il ne puisse exprimer son génie. Quel gâchis cela aurait été!!


Pour en revenir à l'album, il débute par Sigur Ros, titre éponyme, ayant pour traduction Les Roses de la Victoire, mais dont l'orthographe a été volontairement écorché. Si le groupe tire son nom du prénom de la petite sœur d'un des membres, il est difficile d'imaginer que cette piste lui soit destinée... ou alors la petite n'aura fait ses nuits que très tardivement!!


Nous voilà bien loin de la légèreté et de l’ode à la nature qui constituera majoritairement la suite des albums. On se sent coincé au milieu... d'un film d'horreur! Les sons sont stridents, bruts, voire limites agressifs. Autant dire que, dans mon bain, ça l'a pas fait! Pourtant l'harmonie est déjà bien présente et l'ensemble s'en retrouve très bon. C'est juste qu'au lieu d'avoir la sensation de courir nu dans la nature islandaise, ou de contempler bien sagement les paysages magnifiques, nous avons l'impression de demeurer recroquevillé en position fœtale au fond d'une grotte de ce même pays... Le début de Dögun nous offre un petit interlude, et la voix de Jonsi, même si elle est partiellement atténuée, nous parvient enfin aux oreilles. Notre cœur se relâche après l'ambiance oppressante pour accélérer à nouveau à mi-chemin...


La suite se poursuit ainsi et l'album oscille tout du long entre des phases calmes où le rythme semble imposé par la voix si mélodieuse et reconnaissable entre toutes du chanteur iconique de Sigur Ros et les phases brutes de pure expérimentation. Sa voix, on l'entendra pourtant très peu et venant de très loin. Il faut dire qu'à l'époque, il s'est imposé en tant que chanteur du groupe car c'était le seul à savoir chanter uniquement. Il est dès lors probable que le groupe n'ait pas encore pris conscience du talent qu'il possède!


Sur cet album, j'imagine les interprètes comme des expérimentateurs fous à l'image de ce qui nous est montré 10 ans après avec Heima, film/reportage sur le groupe où l'on découvre une partie du processus créatif du groupe.


Laissons-les donc s'amuser et expérimenter (ce n'est pas un hasard si ce mot revient souvent) sur cet album qui constituera une forme de brouillon de leur art à son état le plus pur. Nous ne sommes pas face à des bouffons, n'en déplaise à Joffrey Baratheon (petit clin d’œil gauche, le droit n'y voit rien), on peut y trouver son plaisir comme pour moi: ça sort de l'ordinaire et ça n'en est pour autant pas mauvais, l'harmonie étant déjà bien ancrée au sein de la petite tribu musicale. Ne mettons pas de côté que c'est en forgeant qu'on devient forgeron. Il semble important de comprendre que peu d'autres groupes utilisent les techniques de Sigur Ros tant dans les instruments utilisés et parfois créés pour l'occasion, l'utilisation de l'archet sur la guitare que dans les vocalises du chanteur (le fausset): dans ce cadre, l'exploration est incontournable!!


Il faut tout de même avouer que ça reste bien loin de ce que pourra incarner le groupe par la suite. 8/10, ce sera mon dernier mot parce que mine de rien, l'album vaut vraiment le détour, une fois qu'on a exploré leurs autres créations de préférence. Comme quoi, tout ce que ces gars touchent devient mélodieux pour notre plus grand plaisir :')

Alienure
8
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le 15 nov. 2018

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Von
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