Some attention over here ! I'm talking about penises !
Derrière ce titre racoleur il y a Floax qui m'a piqué la citation que je voulais mettre, il a donc fallu que j'en trouve une autre.
Mais avouez que vous lisez cette critique pour ça.
Je ne vais pas m'étendre toute la nuit pour vous expliquer en quoi Asterios Polyp est génial, il y a déjà une cinquantaine de critiques à peu près toutes d'accord entre elles et la répartition des notes est assez éloquente. Alors, je serai bref : lisez cette BD.
Asterios Polyp nous raconte deux histoires : celle d'un pauvre type arrogant qui va tout perdre (femme et appartemment) et partir loin, et celle en flashback de l'époque où il avait tout, pendant laquelle on suit la relation avec sa femme et son évolution jusqu'aux événements du début de la BD. Voilà en gros, pour le fil conducteur.
Là où cette BD est géniale c'est dans la multiplication des thèmes abordés. On y parle d'architecture, de perception de la réalité, de Platon, un peu de musique et de physique quantique, de l'inconscient et de la recherche du double, de la différence entre le Dieu unique et les panthéons polythéistes... Ça pourrait être trop et trop bordélique, mais l'auteur sait parfaitement distiller les informations pour qu'elles n'étouffent pas le récit. Mieux : rien n'est de trop, et le texte n'est absolument pas prise de tête.
Et justement, les digressions nous expliquent que la mythologie grecque cherchait à expliquer le monde via des figures humaines (Zeus et ses éternels défauts, par exemple). Le brillant détournement du mythe d'Orphée nous offre les pages les plus fulgurantes de la BD et les plus importantes sur l'évolution de notre personnage.
Le plus fort apparaît à la seconde lecture, quand on comprend, par exemple, les premières bulles des toutes premières pages, ou qu'on voit vaguement, sans forcément mettre la main dessus tout de suite, un second niveau de lecture, un détail, ou un lien entre les chapitres qui nous avait échappé. Le fait même que tout débute par la foudre n'est pas anodin.
Côté graphique, c'est simple mais brillant. Tout le monde en a parlé, alors j'appuierai juste sur le fait qu'Asterios est le seul personnage à être toujours dessiné de profil, comme sur une pièce de monnaie. Janus, le dieu aux deux visages ? Car le double est omniprésent dans la BD, jusqu'au personnage lui-même qui passe du connard arrogant à un type un peu moins tête-à-claques. Comme Janus, un visage tourné vers le passé et l'autre vers l'avenir. Au temps pour la mythologie.
D'ailleurs, tous les personnages suivent le principe architectural d'Asterios : "la forme suit la fonction". Que ce soit dans leurs traits, leurs bulles, ou les délires visuels qui parsèment le bouquin, rien n'est laissé au hasard.
Et puis, cette fin... Certains ne l'ont pas comprise (??), mais elle colle au poil au Monsieur Je-sais-tout qu'il est. Tellement jubilatoire qu'on peut refermer l'album sans regret.
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