Asterios Polyp
8.1
Asterios Polyp

Roman graphique de David Mazzucchelli (2009)

Il m'est quasiment impossible de décrire correctement un tel OVNI. Je vais en lister quelques thèmes, décrire un peu le dessin, mais bon ... tout ça ne donnera qu'une pâle idée de ce qui peut se passer dans la vie et dans la tête de notre ami Asterios Polyp.

Car oui, on va faire des allers retours incessant entre la vie de notre architecte post-moderniste un peu raté, et son for intérieur, entre sa rationalité et ses peurs, sa vie de tous les jours et ses théorie les plus folles, lui et son jumeaux. Tout est dualité, tout doit être dual, Asterios n'entend que ça jusque dans la couverture de ce superbe album qui est coupée en deux, mais en même temps rien ne saurait s'y résoudre, il y a toujours un hic, un lien, une option en plus. Trip intello ? Certainement pas, cette BD est drôle, les personnages sont absolument géniaux et croustillants, on s'attache beaucoup à des traits de caractère triviaux, à des manies, à des expressions. Mais on s'en détache aussi dans la seconde pour partir dans des raisonnements sans fin, pour faire des sauts en avant en arrière dans le temps, on accélére on stop, on revient. Ça parle d'art et d'architecture comme ça parle de coton-tiges, de trip astro-indiens comme de Mies.

Tout ça pourrait être bordélique et brouillon, mais non cela s'enchaine avec une légèreté géniale, on ne se demande jamais ou Mazzucchelli nous emmène, pas le temps, on le suit avec ardeur. Et le dessin est à la hauteur des ambitions de l'auteur, il y a un style, un peu vectoriel, trait géométrique et couleurs pleines, avec un palette pour chaque époque et chaque occasion ; simple et précis ? Encore une fois non, cette trame de fond est explosée à la moindre occasion, les pages son remplies, les cases parfois sages, parfois délirantes, et puis surtout il y a ce "filtre", quand la situation devient trop forte, chacun reprend son trait, comme si le caractère était un coup de crayon. Le monde extérieur est précis et calé, dès que l'on sombre dans les méandres de l'esprit la plume s'enflamme, avec une virtuosité certaine.

Mazzuccheli réussit donc ici un tour de force auquel bien de se gens se sont frotté, nous montrer comment une histoire quasi-ordinaire prend toute son ampleur si on la couple à la vie cérébrale des personnages. Mais pas dans des descriptions psychologique sans fin, non la vrai vie cérébrale, celle qui part dans tous les sens et qui nous fait voir tout et n'importe quoi partout. Et cela fait que les choses les plus improbables, qui ne manquent pas d'arriver, nous paraissent naturelles et proches. Il démontre en fait ici à quel point le support de la BD permet ce genre de pirouettes mieux que n'importe quel autre.

Et voilà, je relis cette critique et comme prévu elle est incapable l'incroyable énergie du volume. Alors j'en resterai aux superlatifs, qui à défaut d'éclairer qui que se soit, vous permettrons de savoir que j'ai aimé (super non ?). Et puis regardez les notes des autres, les 9 et les 10 se bagarrent, les aigris qui n'aiment rien ont mis 7. Cet album est au top, il faut l'avoir lu "et puis c'est tout".
Étienne_B
10
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Créée

le 22 août 2011

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Étienne_B

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