La performance de Jim Steranko sur la série est vraiment remarquable, d'autant que le duo Lee/Kirby commençait à tourner en rond.


Il arrive et apporte un graphisme énorme. Son trait dégage une puissance, mais ce qui lui permet de surpasser le maître dans les épisodes en question, c'est bien son découpage époustouflant. Il met les pages pleines quand il faut (avec une double page marquante dans l'épisode 111), il fait des zoom intéressants, dynamise ses planches par une multiplication de cases qui se superposent. La première page de l'épisode 110 permet par exemple une entrée immersive pour le lecteur et un recadrage de Steranko sur le thème qui l'intéresse. Le début de l'épisode 111 est passionnant avec cette première page qui oblige le lecteur à saisir le sens de lecture et tous les éléments en jeu, jusqu'à le mener à cet énigmatique message.


Par ailleurs, la fluidité de l'action est irréprochable, et j'admire tout particulièrement sa Madame Hydra, saisissante de beauté.


Au niveau scénario, l'innovation principale consiste au retour d'un sidekick en la personne de Rick Jones. Confronté au remplaçant de Bucky, la nostalgie de Rogers trouve ici un élément concret auquel s'accrocher. Enfin! La mélancolie maladive du héros peut évoluer et non plus grincer en fond comme un vieux disque rayé chez Stan Lee. Cette innovation offre aussi la possibilité de créer un nouveau personnage principal: on suit les pensées et les doutes immenses de Rick, qui n'a pas les atouts d'un super-héros malgré son grand cœur.


Steranko développera par ailleurs la personnalité de Madame Hydra le temps de quelques pages pour épaissir un peu la psychologie de sa méchante, et rendre son oeuvre plus mature. Méchante performante il faut le dire, précipitant la bannière étoilée dans la tombe.


Lee et Kirby reviendront ainsi à l'épisode 112 pour un épisode hommage au vengeur tombé. Et Kirby, avide de prouver qu'il n'a pas perdu la main, livre un épisode magnifique, certes au découpage classique mais aux pages très belles. Lee parvient à assurer la continuité des idées de son collègue scénariste, ce qu'il renouvellera d'ailleurs à l'épisode 114 avant de revenir prudemment sur du classique, chose bien dommage.


A l'épisode 113, Steranko conclut sa prestation sur un bon épisode, qui voit le retour du héros au meilleur moment. Malheureusement je ne pourrai parler d'apothéose. Il lui aurait fallu plus de temps pour inscrire sa prestation dans les runs de légende, mais son talent s'accompagnait de retards inacceptables. Le monde des comics se partage entre art et industrie, c'est parfois regrettable même si ces épisodes demeurent des immanquables du Silver Age.

WeaponX
7
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le 17 juil. 2016

Critique lue 179 fois

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