Un concept de base original et séduisant : traiter en BD les biographies d'une quinzaine de femmes "culottées" qui par leur tempérament et leurs choix ont décidé de leur existence et ce, dans un contexte et/ou une époque défavorables aux femmes.
De la femme à barbe à l'impératrice version mante religieuse, en passant par l'actrice la plus effrayante d'Hollywood ou encore la gynécologue antique, elles sont quelques unes à être ainsi tirées de l'ombre de l'oubli par Pénélope Bagieu. Sans doute sont-elles représentatives au final d'une proportion plus importante qu'on le pense de femmes aux caractères bien trempés qui ne se sont pas laissé soumettre par le joug masculin au fil de l'Histoire mais on nous a tellement habitués à considérer l'image d'Epinal de la femme inférieure à l'homme qu'on en oublie que les femmes ont toujours eu un cerveau et que, même en marge, des centaines voire des milliers d'entre elles ont réussi à faire entendre leur voix via les arts, le courage, la politique ou l'engagement.
Un mot sur la couverture de l'album, vraiment superbe, et qui réconforte le lecteur qui pourrait craindre que le contenu sera un concentré de féminisme. Or il n'en ait rien, je ne pense pas en effet que l'auteur ait voulu faire acte de militantisme en dessinant ces nombreux portraits mais il m'apparaît qu'elle a surtout voulu rendre hommage au "sexe faible" en prouvant (si tant est qu'il soit encore besoin d'en témoigner) que les femmes représentent plutôt deux fois qu'une les valeurs de courage, de dévouement, de solidarité et d'endurance, enfin d'amour. Aucun être humain, homme ou femme, ne détient le monopole du cœur, de l'esprit et de l'âme et il y a eu, il y a encore et il y aura toujours hélas le meilleur comme le pire au sein de notre humanité, quel qu'en soit le genre.
J'ai deux bémols à l'encontre de cet album - très bel ouvrage au demeurant. Primo, je n'adhère pas complètement au trait de Pénélope Bagieu, je le trouve souvent trop incisif voire brouillon. C'est bien plutôt son humour et la facétie qui transparaît derrière ses textes qui m'ont séduite. Secundo, j'ai trouvé dans l'ensemble les biographies beaucoup trop courtes - "la synthèse tue la synthèse" -, ce qui entraîne un rythme trop rapide, limite zapping, très dommageable car à enchaîner les portraits, je me suis vite rendue compte que je ne retenais pas même les noms des personnages dont ils traitaient. Un album qu'il ne convient donc pas de lire comme une véritable BD mais qu'il faut picorer en savourant une à une ses multiples histoires.