Premier ouvrage que j’ai acheté des frères Fabio Moon et Gabriel Ba, j’aurais attendu d’avoir lu l’Aliéniste et dévoré Deux Frères, pour me laisser tenter par l’aventure Daytripper, Au Jour le Jour. Je ne saurais expliquer pourquoi je n’ai jamais réussi à sauter le pas et à me lancer dans cette lecture plus tôt. Et je le regrette.


Les mille et une vies d’un aspirant écrivain… et ses mille et une morts. Brás de Oliva Domingos, fils du célèbre écrivain brésilien, passe ses journées à chroniquer les morts de ses contemporains pour le grand quotidien de Sao Paulo… et ses nuits à rêver que sa vie commence enfin. Mais remarque-t-on seulement le jour où notre vie commence vraiment ? Cela commence-t-il à 21 ans, lorsque l’on rencontre la fille de ses rêves ? Ou au crépuscule de sa vie…
(Contien Daytripper #1 à 10)


Voilà le genre d’ouvrage dont il est difficile de parler. Ce n’est pas un comics, ce n’est pas une bande dessinée, ce n’est pas un livre, ce n’est rien de tout cela. Daytripper ce sont moments de vie, c’est vous, c’est moi, c’est nous, c’est notre vie, c’est ce que nous voulons, ce que chacun d’entre nous décidons d’en faire. Daytripper nous présente, nous parle de la mort, c’est donc une œuvre sur la vie, la mort étant le bout de chemin obligatoire de notre vie. Surtout, Daytripper donne l’impression de nous être, personnellement adressé à chacun. Personnellement, plus j’avançais dans les histoires, plus les pages défilaient et plus les souvenirs revenaient, emmenant avec eux des visages oubliés, des odeurs de mon enfance, des sons connus, des saveurs délicieuses et la sensation de toucher une peau réconfortante maintenant disparue. Plus les vies de Brás défilaient, et plus certaines faisaient écho avec la mienne. L’on passe par tout plein de sentiments en lisant les histoires de Brás, de vraies montagnes russes émotionnelles.


Nos doutes face à la vie, la découverte de l’amour, la joie et l’angoisse d’être père, la perte d’un père, la perte d’un fils, l’absence de l’être aimé, l’amitié, les difficultés de couple, le manque de plaisir dans son travail, Fabio Moon et Gabriel Ba nous présente avec une vérité, une justesse incroyable des pans de vie que nous traversons tous. Et si la narration est plus que parfaite, nous offrant la possibilité à tous, de nous mettre à la place de Brás, les dessins permettent une immersion encore plus incroyable, rendant le sentiment de ne plus dissocier notre vie de celle de Brás particulièrement confus.


Il règne, sur chacune des histoires de Brás une douce mélancolie. Chaque histoire est un pan de vie, un pan de vie de Brás, un peu de notre vie. Si la finalité est toujours la même, car la finalité de la vie est toujours la même pour tous, ce qu’il se passe avant n’en est pas moins magnifique, triste voir parfois très dur. Mais la vie est magnifique, triste voir parfois très dure. Daytripper m’a pris aux trippes, j’ai souri, parfois j’ai ri, j’ai tremblé et frémis allant parfois à me dire « Non, pas ça. » avant d’avoir les larmes aux yeux. Toujours en me disant c’est moi, ça pourrait être moi, ce sera peut-être moi. Et les joies, les peurs et les tristesses de ces histoires renvoient aux joies, aux peurs et tristesses de notre propre vie, démultipliant à l’extrême ce voyage magnifique et vivant.


Et dire qu’au départ, tout cela commence avec Brás, responsable de la rubrique nécrologique d’un journal le jour, et qui rêve de sa vie la nuit, se demandant à quel moment elle commence vraiment, à quel moment elle va finir. Eternelle question, dont la réponse diffère d’une personne à l’autre. Certains vont penser savoir répondre à cette question, mais peut-on vraiment réaliser à quel moment nous commençons à vivre ? S’arrêter sur cette question n’est-il pas un frein à ce démarrage ? La vie est tellement rapide, tellement capricieuse, qu’il faut savoir profiter de chaque instant et profiter du moment présent, savourer chaque petite minute de bonheur, ce sont nos bien les plus précieux durant le cours laps de temps où nous foulons cette terre.


Bref, Daytripper est une ode à la vie à travers l’expérience de la mort. Nous connaissons tous la fin du livre, le bout du chemin, à nous de rendre la lecture, le trajet, le plus remplit de bonheur possible.

Romain_Bouvet
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le 30 mars 2015

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Romain Bouvet

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