Un manga intéressant mais prétentieux

J'arrive un peu dix ans après la guerre, mais tant pis. Il fallait bien que, tôt ou tard, je m'intéresse à ce manga culte qui aura éveillé les passion et suscité de nombreuses réactions. Death Note, c'est un concept simple mais efficace dont la popularité est tout à fait explicable. Après, on pourrait s'interroger sur sa légitimité.


Pour ma part, Death Note a tout d'un bon manga. Le fond comme la forme ont été minutieusement travaillés et ça se ressent lors de la lecture. Mais s'il était parfait, ce serait trop beau aussi. J'ai peut-être loupé le phénomène, mais je n'estime pas que cette histoire a été un coup de cœur, au mieux un manga agréable à lire. Un bref renseignement permet de conclure que même si beaucoup de personnes considèrent ce manga comme un chef d'oeuvre, la première partie reçoit des critiques beaucoup plus favorables que la seconde. Pour moi, les défauts ne viennent pas d'une volonté d'allonger l'histoire.


Ma note étant relativement haute, je dois reconnaître que les qualités sont nombreuses. Tout d'abord, le dessin est d'excellente qualité. Je suis peu habitué aux mangas se déroulant dans le monde réel, mais pour Death Note, je n'ai pas été déçu. Tous les décors, tracés finement mais sûrement, sont vraiment agréables à l’œil. Il en est de même pour chaque personnages dont les expressions sont mis en exergue par le dessin. Il est un peu dommage que les pâtés de texte noient parfois ces jolis décors, mais j'y reviendrai après.


Evidemment, le succès de Death Note n'est pas due à sa forme irréprochable, mais plutôt à son fond. Il accroche dès le début en nous introduisant à un protagoniste épris de justice, pour qui le cahier deviendra un instrument pour exercer son pouvoir. Si le récit essaie de traiter intelligemment de la définition très versatile de la justice, la mort ou la légitimité du meurtre/de la peine de mort, elle n'y parvient pas toujours, notamment vers la fin. Cela dit, on peut au moins reconnaître l'effort d'avoir bâti un univers et une galerie de personnages en cohérence avec les thèmes traités. Typiquement, c'est le genre de manga où les personnages secondaires, du correct à l'oubliable, gravitent autour des personnages principaux qui se révèlent plus intéressants.


Il est impossible de parler de Death Note sans évoquer la rivalité qui oppose Light et L. Eh bien, pour rejoindre le troupeau, je dirais que leurs confrontations sont clairement les parties les mieux maîtrisées de l'histoire : intenses, bien écrites et rythmées, elles forment l'identité du manga. J'ose même dire que sans elles, Death Note perdrait clairement en intérêt. Ce sont les parties auxquelles j'ai le plus accrochées. Mais pour autant,


La mort de L, qui conclut la première partie, m'a paru très logique et bien amenée. Il valait mieux ne pas trop prolonger encore la rivalité avec Light. Quant à savoir si le manga perd de son intérêt sans leur affrontement, c'est tout autre chose.


¨Puis vient la seconde partie où deux antagonistes surviennent : Near et Morello. Contrairement à beaucoup, je ne les ai pas détestés, sans toutefois les préférer à L. Il y avait une bonne dynamique entre les trois personnages, ce qui permettait de rajouter du piquant et de multiplier savamment les rebondissements.


En fait, le défaut principal que je reproche à Death Note est sa prétention. Oui, le manga est intelligent, les dialogues sont bien écrits et la plupart des rebondissements sont savamment amenés. Mais i semblerait que l'auteur en ait eu tellement conscience qu'il voulait en faire des tonnes à chaque fois. Des pavés explicatifs dictés sur un ton condescendant parsèment abondamment le récit, comme s'il était fier de chacun d'eux. À certains passages, l'abus était clairement grand. De surcroît, ce même mangaka essaie à chaque fois d'élaborer un "plan" plus compliqué que le précédent, cherchant à impressionner tout le monde, sans doute...


Et toute cette prétention se transfère immédiatement au personnage principal. J'a,i vraiment détesté Light Yagami. L'idée de faire un anti-héros était audacieuse et très intéressante pour le genre, mais un anti-héros mal écrit ne vaut pas mieux qu'un héros mal écrit. Sans tomber dans le cliché, Light devient agaçant très vite. En fait, son postulat de départ me parait douteux. En voulant éliminer tous les criminels, comme dirait Batman, il en devient lui-même un et sa mentalité en devient risible, puisqu'il va se croire supérieur à tout le monde. Très vite, il devient hautain à l'excès et abusera de son pouvoir pour profiter de son entourage. Son attitude a fini par tellement m'agacer que je l'ai détesté.


Sa mort, que je qualifie de pitoyable, apparaît comme un soulagement pour moi. À défaut de bien conclure le récit, c'est une conclusion.


Pour résumer, j'ai aimé la plupart des éléments de Death Note et comprends en son succès. Mais personnellement, je n'ai pas été le plus conquis, la faute à une vanité sans limites et à un protagoniste qui aurait mérité une meilleure écriture.

Saidor
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le 28 oct. 2016

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