"Cela ne peut que s'achever dans le feu et la mort"

JMS a vraiment un regard atypique sur les super-héros. Ces histoires sont adaptés à des mondes plus réalistes ou l'élément super-héros a remodelé de manière crédible la société. Même dans ses œuvres plus mainstream comme son Spider-Man ou son Superman Earth-One, on sent une volonté de faire évoluer logiquement le héros en se débarrassant de certaines aberrations du comicbook.

Avec Sidekick ce n'est pas forcément le message d'espoir auquel il a pu m'habituer. Ce n'est pas Rising Stars où les héros sont présents pour changer le monde. On retrouve plutôt une tonalité à la Wanted de Millar, une volonté de sonder la face sombre des super-héros.

Et si un grand héros tombait du jour au lendemain, qu'adviendrait-il de son Sidekick? Chez DC ou Marvel, il reprendrait le costume jusqu'à la résurrection de son mentor. Ici, on a assiste à une chute, une descente en enfer poisseuse, un basculement progressif délirant et inexorable.

Ce n'est pas écrit pour être sympathique à lire, ce n'est pas défouloir comme chez Millar (que je n'aime guère d'ailleurs), non, il s'agit d'une analyse méticuleuse, d'une autopsie de l'état psychologique catastrophique de cet héros. Et bon sang c'est bien fait et donc à ce titre prenant.

Le rythme du tome est rapide, avec beaucoup de mini-séquences pour mieux coller à l'état de puzzle brisée de la vie de Flyboy. Les éléments s'emboîtent dans le dernier tiers pour amener le changement drastique prévue d'emblée. L'aura de mystère installée d'entrée s'éclaire correctement et on ne sort pas du tome en étant obligé de lire le suivant, bien que pour une série en deux tomes ce serait dommage de se priver.

Une face sombre des héros dans un univers très concret. De la puissance de l'opinion publique à la ténébreuse réalité d'une idole, du nerf de la guerre à la manipulation, de l'alcool au sexe en passant par le suicide, un récit intéressant par de nombreux aspects.