D'abord Alice in Borderland et maintenant Eden it 's a Endless World, il y a quelque chose en moi qui me pousse à écrire sur les œuvres n'ayant connu que peu voire pas de succès. Est ce par esprit de contradiction? Et bien pas seulement en vérité! Car les grands films et grandes bande dessinées ont déjà été noté depuis belle lurette sur SC et que je dois bien avouer ne pas avoir grand chose à ajouter à ce qui a déjà été dit sans plagier mes confrères. Ecrire simplement pour dire que je n'ai aucune pierre à ajouter à l'édifice très peu pour moi, je n'en suis pas encore à ce niveau de désespoir critique. Et comme il se trouve que cette série fait partie de mon top10 BD personnel essayer de développer mon avis autour pourrait être intéressant.


L'intrigue d'Eden gravite autour d'un virus évolutif appelé Closer Virus qui entraîne peu peu à peu la mort de l'humanité. Le virus se présente comme une calcification de l'individu, sa peau, ses organes deviennent solides puis suffisamment fragiles pour se briser comme du verre. L'histoire commence avec Enoa Ballad et Hana Peyol isolés sur une île, apparemment seuls survivants de l'humanité. Le jour où les deux enfants perdent leur mentor et père adoptif lors d'une attaque du Propater, ils décident de quitter l'île et de retourner vers la civilisation en compagnie de Cherubin, un robot de combat ultra puissant qui était chargé de défendre l'île. Vingt ans plus tard (à partir du chapitre 2), nous reprenons la suite de l'histoire avec Elia Ballad, le fils d'Enoa et personnage principal de cette histoire et les vrais enjeux se dévoilent au fur et à mesure. La vraie nature de Propater se dévoile, c'est une classe privilégiée et élitiste qui essaie de s'approprier toutes les ressources du monde entier, une classe qui par le biais du Closer Virus et des Aions, des créatures monstrueuses mi hommes- mi machines accroît sa domination mondiale autant par l'argent que par la violence. Enoa devient leur principal opposant mais comme dans le monde d'Eden rien n'est tout noir ou tout blanc, il fera fortune dans la pègre et le trafic de drogue dessinant ainsi des cibles sur chacun des membres de sa famille.


Mon résumé est très sommaire mais l'histoire d'Eden est tellement dense que si je me laissais aller je pourrais écrire toute cette critique autour du scénario. Je vais donc affiner certains points. La mère et la sœur d'Elia sont enlevées par la Propater qui n'a pas réussi à s'en prendre directement à Enoa, en revanche Elia échappe de justesse à ses poursuivants Dès lors son objectif sera de devenir suffisamment fort pour libérer sa famille. Voilà pour l'intrigue autour du personnage principal. D'innombrables autres personnages graviteront autour de la menace du Propater et du Closer Virus, comme les troupes du Colonnel Nazar, un groupe de soldats sans drapeau qui se battent pour le plus offrant, Marie Ann leader d'un groupe d'idéologie musulmane ou encore bien d'autres qui ne cherchent qu'à survivre et dont les objectifs ne sont ni guerriers ni politiques comme Helena Montoya et les autres prostituées. L'histoire met énormément de personnages en jeu, tous ne sont pas aussi réussis mais chacun des personnages centraux vivent avec leurs souffrances et leurs traumatismes. L'humanité est particulièrement bien décrite dans Eden, entre confiance en eux et désespoir infini, chacun des visages de cette série se bat pour les enjeux qu'il croit être justes et c'est là tout le génie de la série. Si les grands antagonistes de la série sont assez manichéens dans leur construction hormis Silinger le leader du Propater qui a droit a un peu plus de traitement, les personnages principaux n'ont rien de héros. Pour la plupart ce sont tous des criminels ou des soldats, tous sont façonnés de multiples nuances de gris bien que ce gris soit très sombre par moments.


N'y allons pas par quatre chemins: Eden est loin d'être un manga facile d'accès. Son intrigue est d'une rare complexité qui en amplifiant les tares de notre société actuelle exagère du même fait les enjeux des conflits géopolitiques et économiques en cause. On ne perd pas de temps en bavardages et en scènes d'exposition des personnages qui sont très souvent introduits à toute vitesse. Pas de fan service, pas d'humour ou de moments pour relâcher la pression, Eden s'éloigne beaucoup du manga traditionnel dans son contenu. D'une grande violence physique et psychologique, son titre de "seinen" (manga pour adulte) n'est pas été usurpé et Endo n'hésite pas à multiplier scènes de sexe, torture ou morts plus ou moins explicitement. Eden n'a rien d'un manga tout public, c'est une histoire cruelle voire impitoyable qui fait souvent vivre l'enfer aux nombreux personnages qui la traversent


Eden s'interroge en permanence: pourquoi l'homme se bat-il en permanence? Dieu existe-t-il? Pourquoi tant de morts inutiles? En réponse à ces questions, la deuxième moitié de la série voit émerger de nouveaux enjeux et honnêtement c'est à partir de là que tout le génie de la série se fait vraiment sentir. Le Closer Virus évolué en Dicloser Virus, certaines des plus grandes villes du monde se transforment en cristal tuant ainsi tout leurs habitants. Du moins en apparence car en parallèle de l'avancée du virus à travers le monde, les familles des victimes rêvent de leurs proches disparus qui les incitent à les rejoindre. Le Dicloser, ensuite appelé Cloid, puis les Cloids est une entité quasi mystique qui garde en elle la mémoire de la Terre et qui cherche à assimiler de plus en plus d'âmes pour créer par la suite à son propre univers. Qu'en est-il en réalité? De nombreuses pistes sont données mais ce qu'on en retiendra c'est surtout l'écho que fait le Cloid avec toutes les autres interrogations centrales de la série. Pourquoi ces morts? Pourquoi le monde est-il aussi cruel? Ma vie a-t-elle eu un sens? Le Cloid apparaît comme une évolution possible pour l'humanité, une alternative à toute la vacuité de l'existence mais c'est bien parce que chaque individu est différent que certains se rallieront pour tenter de le neutraliser.


Eden pose beaucoup de questions mais n'a pas la prétention de pouvoir y répondre. Pourquoi l'humanité est-elle ainsi? A quoi bon vivre si ça n'a pas de sens? Hiroki Endo, l'auteur n'a pas l'orgueil de prétendre savoir ce qui est bon ou non pour nous tous. D'ailleurs il ne prend absolument pas parti car comme je l'ai dit si pour certains personnages la venue du Cloid sera une porte de sortie, pour d'autres ce sera l'ennemi à abattre. Il n'y a pas de vérité absolue dans Eden d'ailleurs sans spoiler la fin du manga n'apporte aucune vraie solution à l'humanité car d'innombrables problèmes subsisteront encore. Nous ne pouvons plus évoluer et aucune perfection n'est possible en ce monde. C'est d'ailleurs pourquoi le manga s'appelle Endless World "un monde sans fin" car il est une source infinie de questionnements, d'enjeux et de problèmes, chacun vit et survit à sa façon mais jamais nous ne vivrons dans un monde tout rose.


On peut reprocher quelques petites choses à la série comme de partir parfois dans des explications scientifiques trop complexes pour un non profane. On peut surtout lui reprocher sa rareté quasi légendaire qui est certainement la principale raison de son manque de succès. Ça doit bien faire trois ans qu'il me manque le tome 17 introuvable partout en vide greniers et autres bouquinistes mais qui apparaît parfois dans des enchères sur internet à des prix exorbitants. Eden est ce genre de série que l'on commence sans pouvoir finir, le genre de série qui m'a poussé à acheter certains tomes en anglais pour pouvoir les avoir à moindre prix.

Algernon89
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le 30 nov. 2015

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Algernon89

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