Chagrins, peine et esprit de revanche, telles sont les ficelles habituellement utilisées par Robert Kirkman pour faire rebondir ses personnages. Cela se confirme avec ce dix-neuvième tome (épisodes 109 à 114 en VO) qui embraye sur un rythme lent et verbeux comme a pu longtemps nous habituer l'auteur. C'est pour nous l'occasion de retrouver des personnages un peu éparpillés entre différentes communautés et entre différents états d'esprit parfois peu compatibles. Une Maggie désemparée, un Rick revanchard, un Carl buté, un Ezechiel jovial, une Michonne incomprise : la galerie de personnages est toujours aussi développée et chacun d'eux voit son passé, même furtivement, être reposé intelligemment, que ce soit dans ses regrets ou dans ses projets. Cette première phase de préparation à l'action future est avant tout magnifiée par les différentes poses clinquantes prises par ces personnages dès qu'ils déblatèrent une réplique cinglante. Ainsi, Charlie Adlard sait magnifier certaines scènes en nous offrant des pleines pages très prenantes, grâce notamment à son art des ombres et lumières et à un jeu subtil sur les yeux des personnages. Attention tout de même, certains seront surpris de voir un changement certain d'apparence concernant Carl, mais il évolue, il grandit, il s'assombrit, il fallait bien appuyer cette progression. Toutefois, ce n'est pas Carl qui fait, ce coup-ci, le sel de l'intrigue principale durant ce tome, mais bien Rick, l'éternel narrateur de cette série au long cours. En effet, devant l'imminente nécessité de répondre à la violence de Negan et de son groupe, le leader-né de nos chers survivants se lance dans une opération « coup de poing » des plus risquées, qui peut toujours mener aux pires atrocités d'un côté comme de l'autre. Mais alors, et les morts-vivants dans tout cela, me direz-vous ? Ce n'est pas une surprise, ils sont toujours autant une simple toile de fond propice à faire ressortir les plus bas instincts du genre humain, celui des véritables zombies que sont les survivants. Dans ce tome-ci, c'en est tellement flagrant que ces créatures n'apparaissent en tout et pour tout qu'une seule et unique fois !