Mère Blanche-Neige, raconte-nous une histoire.
Envoyé en tant qu’ambassadrice de la communauté des Fables en terres orientales, Blanche-Neige est retenue prisonnière par un Sultan en quête d’épouse. Face aux refus répétés, ce dernier décide d’exécuter la jeune femme. Mais la belle, en racontant chaque soir une nouvelle histoire au souverain, parvient à repousser la sentence jusqu’au lendemain.
Bien avant la série et ce qui s’est passé dans le tome 8 de Fables « Les Milles et Une Nuits (et Jours) », les Fables, et en particulier Blanche-Neige ont déjà eut des soucis avec les Fables d’Arabie. Bien des années avant la grande saga de Bill Willingham, Blanche-Neige est venue en Arabie afin de former une alliance entre la jeune Fableville les Fables des terres orientales. Malheureusement pour elle, elle va être habillement manipulée par le Grand Vizir du Sultan et voir sa vie ne tenir qu’à quelques mots !
En effet, la belle jeune femme se fait emprisonner dès son arrivée. Une femme émissaire, vêtue comme elle l’est et non voilée n’est pas une chose acceptable dans cette communauté. Après une longue période de détention, Blanche-Neige accepte de se vêtir et de se voiler afin de rencontrer le Sultan et ainsi lui proposer cette fameuse alliance, à la demande du Grand Vizir. Ce qu’elle ne sait pas, c’est qu’elle prend la place de Shéhérazade, fille du Grand Vizir. Cette dernière devait épouser le Sultan dans la soirée, partager sa couche durant la nuit et être exécutée au petit matin. Funeste destin que le Sultan réserve à une femme chaque jour !
Après avoir écouté les explications du Sultan, Blanche décide de lui raconter une histoire à son tour. Le Sultan est alors transporté par le récit de la belle princesse, et envouté par la voix de Blanche-Neige. Elle sauve sa vie pour un jour, et pour la première fois depuis des années, il n’y a pas de morte au petit matin. Et Blanche-Neige raconte une histoire différente au Sultan chaque nuit durant mille et une nuits.
Si ces histoires sont ce qui permet à Blanche-Neige de rester en vie, elles sont aussi pour nous l’occasion de d’en apprendre plus sur le passé des personnages de Fables, avant qu’ils ne quittent leur monde. Et nous avons le droit à quelques révélations, quelques surprises, et certains personnages sont au final assez loin de ce que l’on connaît maintenant.
En vrac, une princesse apprend le combat à l’épée pour assouvir une terrible vengeance, on découvre la grande intelligence de Renard, il ne suffit pas d’un seul baiser pour que la grenouille reste un prince, on assiste aux premiers jours de Bigby, un lapin ça peut être terriblement puissant, comment deux sœurs ont sauvé une sorcière, comment cette même sorcière est devenu ce qu’elle est, le malheur d’une sirène, comment un roi fait tout pour son peuple.
Ce n’est pas indispensable comme récit mais c’est tellement intéressant, tellement bien écrit, et cela met en lumière le passé de certains personnages. Trois histoires m’ont particulièrement passionnée. « Modèle Réduit » où l’on découvre la naissance de Bigby, le pourquoi du Grand Méchant Loup et les relations conflictuelles avec son père et les humains.
« Histoire d’une Sorcière » qui nous montre que la sorcière d’Hansel et Gretel est au départ une victime avant d’être aussi méchante. Mais en plus, Bill Willingham la lie de manière forte astucieuse aux contes de la Belle et la Bête, de la Princesse et la Grenouille ou encore du Joueur de Flûte de Hamelin. Un personnage passionnant.
Enfin « Partage Equitable » nous dépeint un Roi Cole qui illustre à la perfection l’expression avoir le « cœur sur la main ». Pourquoi n’est-il plus ainsi dans la série Fables ??
L’autre gros point positif du volume c’est la galerie de dessinateurs qui accompagnent Bill Willingham sur le projet. Un artiste par histoires de Blanche-Neige. Pas moins de onze artistes ! Parmi lesquels on retrouve bien entendu Mark Buckingham, le fidèle, mais aussi l’excellentissime James Jean qui nous en met plein la vue avec les couvertures de Fables habituellement, ou encore Brian Bolland.
Bref, c’est, comme souvent avec Fables, absolument rafraichissant et dépaysant. Et le dépaysement est davantage accru avec cette ribambelle d’artistes au dessin. Willingham utilise cette très bon « hors-série » pour nous présenter en profondeur certains de ses personnages de contes. On voyage au gré des histoires de Blanche-Neige et l’on découvre avec ravissement les aventures de nos personnages. Pas indispensable pour comprendre Fables, mais obligatoire pour approfondir nos connaissances sur le formidable univers créé par Bill Willingham.