Voilà un personnage avec lequel j’ai du mal à me lancer. Tellement de mal que je n’ai rien lu sur lui et uniquement lui, hormis sa série New52 qui est juste géniale. Non pas que le personnage ne soit pas intéressant, mais à l’instar de Hawkeye chez Marvel, je dois avoir du mal avec les archers. Deux personnages forts en gueule, pas toujours tête d’affiche, et puis le coup de l’arc cela fait un peu trop Robin des Bois pour moi.
Avec l’arrivée, enfin, d’Arrow sur TF1 (arrivée qui ne m’a pas convaincu avec les trois premiers épisodes) je me suis dit qu’il serait temps de me lancer, et quoi de mieux que des origines ? Surtout quand on retrouve le duo Andy Diggle et Jock aux commandes !

Avant d’être trahi et laissé pour mort sur une île, Oliver Queen n’était rien de plus qu’un riche playboy, volage et superficiel. Livré à lui-même, il n’a pourtant d’autres choix que de se dépasser pour affronter les dangers du milieu hostile dans lequel il vient d’être jeté. Celui qui ne se souciait alors que de lui-même se découvre subitement un nouveau centre d’intérêt : la justice. (Contient les épisodes #1 à 6.)

Green Arrow, Année Un, voilà un titre qui donne envie, surtout quand on fait écho au grand et cultissime Batman, Année Un de Frank Miller et David Mazzucchelli. On espère donc le meilleur, et au moins quelque chose de la même trempe pour Green Arrow !

Nous faisons alors la rencontre du jeune Oliver Queen, un jeune homme riche et con. Riche car il est l’héritier de la famille Queen, une famille très influente et pleine aux as. Con car c’est une personne imbue d’elle-même, persuadé qu’on peut faire tout ce que l’on veut quand on a un gros chéquier. Et même s’il y contribue, l’argent ne fait pas le bonheur, et inconsciemment le jeune Oliver le sait, d’où son goût prononcé pour les sensations fortes, très fortes ! Il aime s’entourer des plus belles femmes, rouler dans les plus belles voitures, ses boxers coûtent sans doute plus cher que toute ma garde robe. Il a de l’argent, il le montre, il le flambe. Un être superficiel dans toute sa splendeur. On dirait Bruce Wayne quand il essaie de paraitre hautain pour donner le change, sauf que là c’est le plus naturel qui soit.

Accompagné de son fidèle Hackett, enfin fidèle, tout est relatif, il se rend à une vente aux enchères pour y acquérir un arc que Ollie veut absolument avoir. Mais une nouvelle fois, un verre de trop dans le nez va le forcer à quitter la ville, afin d’éviter la honte la plus cinglante de l’histoire. Cela tombe bien, Hackett finalise une transaction douteuse au Fidji... Malheureusement, cette croisière en bateau de luxe va vite virer en cauchemar aquatique !

En effet, le Hackett n’est pas si gentil et dévoué que cela. Et notre pauvre Oliver Queen va être passé par-dessus bord et déclaré mort ! Mais s’il ne se rend pas vraiment en enfer, il va le vivre en échouant sur une île apparement déserte. Se retrouvant seul, loin de toute civilisation, de tout matérialisme. Il doit dès lors se battre pour survivre, se démener pour se nourrir et se désaltérer. Jusqu’à ce qu’il découvre…, retrouve… et rencontre…

Dès lors, la vie d’Oliver va prendre une nouvelle direction, il va lui-même se voir différemment et surtout agir d’une façon dont il ne se sentait pas capable. Mais ce n’est pas pour autant un héros, et il le dit lui-même, il est loin, très loin de l’effet super-slip et superpouvoir. Il s’agit simplement dans son esprit d’agir de façon juste. Et cette vision des choses, tout comme la façon dont ce récit est écrit par Andy Diggle, empreinte un chemin très adulte, très mature, tout en étant proche de la réalité de par les réactions des personnages, des attitudes de chacun. C’est un Oliver Queen arrogant qui se transforme en un Green Arrow emblématique. J’aime beaucoup toute la poésie de l’origine du nom Green Arrow dans cette version.

Et c’est aussi un gros point noir de cette œuvre. La rapidité à laquelle la transformation s’opère chez Ollie. Si on comprend bien les étapes du processus, il n’en est pas moins beaucoup trop rapide et soudain. La faute, sans doute, à une gestion du temps sur l’île très mal retranscrit par le duo Diggle/Jock. Ce qui rend cette maturité que peu crédible. Et pourtant, on a envie d’y croire tant Oliver nous impose dès lors son charisme et le respect. On a envie de suivre un tel héros. Et alors que l’intensité ne cesse d’aller crescendo, que l’on a toujours plus envie de suivre les aventures de ce Green Arrow naissant, et bien c’est déjà fini ! Rageant ! Mais preuve en est que Diggle a su nous happer dans son histoire et que l’on en demande encore ! Six numéros c’est beaucoup trop court !

Graphiquement, c’est du Jock, il faut donc savoir apprécier cet artiste si original et tout autant talentueux. L’artiste retranscrit à merveille l’intensité de l’action, le coté vif des flèches, tout cela grâce à une mise en page habillement découpée, originale et créative. On sent parfaitement bien la tension des face-à-face, la détresse de certaines scènes, la rapidité à décocher d’Oliver. Une partie graphique en parfaite symbiose avec le récit. En même temps, les deux artistes ont tellement l’habitude de travailler ensemble qu’ils se connaissent par cœur.

Bref, un récit passionnant et qui nous captive dès la première page. S’il souffre d’un trop petit nombre de chapitre, et si le passage d’un Oliver Queen exécrable à un Green Arrow respectable est bien trop rapide pour être crédible, Green Arrow impose le respect et nous emmène dans son sillage, dans sa quête de vengeance et dans sa nouvelle soif de justice ! Un personnage qu’on a envie de suivre ! Une excellente lecture, un passage obligé, un excellent travail.
Romain_Bouvet
8
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Urban Comics est un ennemi de mon banquier!

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le 24 oct. 2014

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Romain Bouvet

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