Vous ne connaissez pas Hellraiser ?! Alors, un rappel historique s’impose :


• 1986 : Clive Barker, jeune écrivain prodige de l’horreur, décide de réaliser un long-métrage adapté de son court roman The Hellbound Heart, un récit qu’il avait toujours envisagé comme un film. Il s’agit de l’histoire de Julian Cotton, une jeune femme qui a caché à son époux qu’elle a entretenu, quelques jours avant son mariage, une liaison torride faite de sexe et de sang avec le frère de ce dernier. L’histoire prend une autre tournure lorsque le frère en question, Frank, réapparaît sous la forme d’un cadavre décharné dans son grenier après s’être enfuit de l’enfer et de ses bourreaux, les horribles Cénobites.


• 1987 : le film sort sur les écrans sous le titre Hellraiser. Le public se familiarise alors avec une gigantesque mythologie quasi-lovecraftienne peuplée d’artefacts magiques comme la boîte de Lemarchant, une puzzle box ouvrant la porte des enfers à ceux qui veulent découvrir les plaisirs de la chair… mutilée (le film avait comme titre provisoire Sadomasochists from Hell). Notre héroïne jeune et innocente, Kirsty va devoir affronter son horrible belle-mère infidèle Julia, mais aussi et surtout les Cénobites, démons à la chair tourmentée, et leur chef au visage clouté, le Lead Cenobite que l’équipe des effets spéciaux a affectueusement rebaptisé Pinhead. Gros succès en salle ! Une suite sortira l’année suivante.


• 1988 : Hellraiser 2 les écorchés (Hellbound : Hellraiser 2) met à nouveau en scène Kirsty et sa marâtre Julia, que Clive Barker imagine comme LE personnage récurrent de la saga. Mais le public a flashé sur les Cénobites et en réclame davantage. Qu’à cela ne tienne : ce deuxième opus sera un opéra de la terreur qui en dévoile davantage sur la mythologie de Hellraiser et dont le plus gros de l’action se déroule littéralement en enfer ! Barker ne réalise pas le film mais en écrit l’histoire avec son pote Peter Atkins.
L’aventure aurait pu s’arrêter là, vu que la compagnie de production du diptyque, New World, a fait faillite après ça. Mais c’était sans compter sur le rachat de la franchise par les frères Weinstein pour le compte de la société Miramax.


• 1992 : Hellraiser 3 – Hell on Earth, sorte de slasher surnaturel à l’ambiance rock 'n' roll, oublie l’intention initiale de Barker (faire de Julia le personnage central de la saga), pour mieux exploiter Pinhead, devenu entre temps une icône horrifique au même titre que Freddy Krueger ou Michael Myers.


• 1996 : un 4ème film de cinéma, Hellraiser Bloodline, envoie Pinhead dans l’espace. Pensé comme un récit ambitieux étalé sur 400 ans, le projet sera retiré des mains du réalisateur Kevin Yagher pour finir entre celles du yes man Joe Chappelle. Ce long métrage catastophique signera l'arrêt de la saga cinématographique avant qu'elle ne se décline en vidéo à travers 6 films DTV entre 2000 et 2017.


• 2010 : Boom ! Studios, éditeur de BD principalement axés autour de licences cinématographiques annonce la sortie d’une série de comics Hellraiser en 2011. Rien de bien excitant jusque là, avant que ne soit lâchée la bombe : l’histoire de cette série sera écrite par Clive Barker lui-même. Et ça change tout ! Déjà, ce nouveau récit se déroule 25 ans après les événements de Hellraiser 2 (dernier épisode sur lequel Barker était impliqué). On retrouve le personnage de Kirsty, âgée désormais d’une quarantaine d’années. Elle est à la tête d’un groupe nommé les Harrowers, chargé de traquer les artefacts ouvrant les portes des enfers et de les détruire. On retrouve également, et c’est une évidence, les Cénobites et leur chef au visage clouté qu’il faudra désormais appelé Hell Priest. Bien éloigné du bouffon qu’il était devenu à partir de Hellraiser 3, le Pinhead du comic book est un démon fatigué de tourmenter les âmes et qui souhaite retrouver l’humanité qu’il a perdu (c'est du moins ce qu'il dit). Sur les huit premiers numéros de cette série de vingt, Barker et son coscénariste Christopher Monfette convoquent des personnages que nous avions perdu de vue depuis bien longtemps pour leur faire nouer un nouveau pacte qui bouleversera la mythologie telle que nous la connaissions. Une prise de risque à tous les niveaux ! Clive Barker’s Hellraiser (le titre complet du comic book) nous permet de mesurer à quel point la franchise était orpheline sans son créateur. Nous avons ici affaire à la véritable suite de Hellraiser 2. Une suite tardive qui enrichit la mythologie mise en place et ose prendre son lectorat à rebrousse-poil.


Pour les lire… alors, c’est un vrai casse-tête… comme la boîte de Lemarchant !
L’éditeur français French Eyes (à qui on doit les parutions des comics Doctor Who) a sorti les chapitres 1 à 12 en trois tomes, mais faute de ventes satisfaisantes, l’éditeur n’a pas sorti les huit dernières parties du récit. Il faudra donc vous tourner vers les parutions en anglais de l’éditeur BOOM ! Studios qui a notamment sorti un omnibus regroupant l’intégralité du comic book. Une suite a également été publiée sous le titre Hellraiser: The Dark Watch qui demeure elle aussi un indispensable pour les amateurs de cet univers torturé.

MajorTom
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le 28 oct. 2020

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