Si touchant et si imparfait à la fois

Rarement j'ai trouvé une BD aussi imparfaite et aussi émouvante.
Ce dualisme se retrouve également dans les deux thèmes mis en dessins par AJ Dungo :
- la mort d'une amie proche,
- l'encyclopédie pour les nuls du surf hawaïen.

Le rapprochement entre les 2 ne m'a pas semblé évident de justesse.
Les biographies de Duke Kahanamoku, le père du surf et Tom Blake, sportif accompli qui a popularisé le surf, semblent parfois tomber de manière impromptue et font retomber l'émotion portée par l'autre récit.
Ce n'est donc pas cet aspect que j'ai trouvé le plus convaincant.
Par contre, les 2 narrations parallèles baignent l'ensemble de l'oeuvre dans une atmosphère onirique.
Elles étaient peut-être aussi le moyen pour l'auteur de laisser transpirer ses sentiments intimes.

L'histoire de l'amie décédée m'a semblé plus subtile.
Elle est racontée de manière directe et simple par une succession d'instantanés.
Elle fourmille également de bonnes idées telles que la narration par les gens qui l'ont connue ou encore le non respect chronologique de l'évolution de sa maladie.

Au demeurant c'est précisément ce qui rend la lecture compliquée : l'enchevêtrement entre l'histoire de son amie et les biographies des 2 grands surfeurs est parfois un peu confus.

Alors finalement le fil poétique de ce roman graphique tient :
- d'une part aux couleurs dégradées du bleu océan ;
- d'autre part à la délicatesse de l'ensemble.
Les mises en scène évitent toute vulgarité,
Les dessins de style faussement naïf ne sont jamais grossiers,
Les dialogues sont légers et concis.

La conclusion ?
Une bande dessinée peut être magnifique dans son imperfection,
Pourvu que la démarche intime de l'artiste transcende la réalisation technique des dessins et des textes.